La
différence principale entre les spaghettis et les ramen
est que les spaghettis doivent se manger sans faire un seul son.
C’est ce qu’enseigne une dame bien sous tous rapports à une
assemblée de Japonaises qui veulent connaître la cuisine
occidentale. Mais les habitudes sont difficiles à perdre et elles
mangent leurs pâtes italiennes comme des ramen
japonaises. Tampopo (Nobuko Miyamoto), restauratrice de pâtes
japonaises, sait bien qu’un bol de ramen
se mange en aspirant de manière sonore les pâtes, puis que le
client doit boire le bouillon jusqu’à ce qu’il n’en reste plus
rien.
Le
problème est que Tampopo cuisine mal. Elle en conséquence peu de
clients, si ce n’est son ami d’enfance Piksen (Rikiya Yasuoka),
un gros lourdaud qui tente de la draguer depuis qu’elle est veuve.
Tampopo a aussi un jeune fils qui est le souffre douleur de ses
camarades de classe. Là arrive Goro (Tsutomu Yamazaki) dans son
camion, coiffé de son chapeau. Tel un cow-boy, avec son collègue
Gan (Ken Watanabe), il s’arrête dans ce boui-boui parce qu’ils
ont faim. Les nouilles ne sont pas très goûteuses. Les deux hommes
comprennent vite le problème : Tampopo ne fait pas assez
bouillir son eau, son bouillon n’a pas de saveur. Goro demande à
Piksen de se taire et une bagarre s’en suit.
Goro,
tel un Pygmalion, va prendre en charge Tampopo pour en faire en un
mois la meilleure restauratrice de nouilles du quartier. Première
étape, muscler notre héroïne dans un entraînement à la Rocky. Le
but : qu’elle parvienne à porter les énormes cocottes utiles
à la cuisson des nouilles. Deuxième étape : allez voir les
autres restaurants pour comprendre comment accueillir les clients,
les servir vite et se rappeler ce que chacun a commandé. Troisième
étape : essayer de découvrir les secrets des meilleures
recettes de bouillon et de ramen.
Quatrième étape : rénover le restaurant qui, depuis la mort
de l’époux de Tampopo, n’a pas été rénové. Tampopo
est un film de combat, mais sous la forme d’une comédie.
Pour
atteindre ces objectifs, Goro va s’allier de quelques personnes.
Gan évidemment qui le soutient constamment et constate qu’une
amourette pourrait naître entre Goro et Tampopo. Puis un vieux
clochard grand connaisseur des nouilles qui va apporter son savoir
pour inventer un bon bouillon. Puis le chauffeur d’un amateur de
bons plats qui va confectionner des nouilles de bon goût. Et enfin
Pisken lui-même qui, après s’être battu avec Goro, sympathise
avec la troupe. Il va proposer de refaire la déco du restaurant.
Toute cette belle équipe va attirer toute notre sympathie, mais le
film donne surtout très faim puisque dans Tampopo
on n’arrête pas de parler de bons plats pendant deux heures.
Parce
que Juzo Itami dans sa grande générosité aime parler de repas, il
scande Tampopo
d’interludes culinaires qui n’ont pas de rapport avec le scénario
central. Le film commence d’ailleurs avec un homme bien habillé,
suivi de ses hommes de main et de sa copine, qui rentre dans un
cinéma et s’adresse au cinéma en disant qu’il ne supporte pas
les spectateurs qui mangent des chips en faisant du bruit. Plus tard,
on retrouvera cet homme en train de faire des jeux érotiques avec
des aliments. On verra aussi des hommes d’affaires aller manger
dans un restaurant français et ne rien comprendre au menu. Une
vieille dame tester tous les produits d’un magasin au grand
désespoir du gérant. Et encore d’autres petites histoires
savoureuses. Un ravissement.
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