J'imagine
que peu de monde ne connaît Brent Corrigan, sauf à avoir regardé
pas mal de porno au milieu des années 2000. Avant même la sortie du
film, le jeune hardeur de 30 ans a déclaré que tout ce qui est dit
et raconté dans le film est loin de la vérité. Face à Corrigan,
la promo du film a mis en avant James Franco, toujours prêt à se
foutre à poil dans des rôles dits sulfureux, Christian Slater (très
en vue en ce moment après la série Mr. Robot) dans son
premier rôle gay et le jeune acteur Garrett Clayton, issu des
productions Disney (tout comme Zac Efron il y a 10 ans) et qui
déclarait dans un magazine récemment que s'il le pouvait, il
vivrait sans aucun vêtement (comme dans le film donc).
King
Cobra est l'histoire des débuts dans cette industrie de Brent
(Garrett Clayton), jeune gars débarqué de San Diego jusque dans un
lotissement cossu d'une banlieue Texas. Et effectivement, il ne garde
pas très longtemps ses fringues quand Steven (Christian Slater)
commence à le prendre en photo dans son « studio », en
fait, une cave aménagée avec un canapé où il fait se désaper ses
futurs acteurs. Steven est photographe de métier, d'ailleurs il
prend sa sœur (Molly Ringwald) et sa famille en photo, scène
destinée à montrer combien sa vie doit rester secrète. D'un côté,
les photos de famille bien conformiste, de l'autre, le porno gentil
avec des mecs minets (un twink, quoi).
Le
film déballe la solitude du jeune homme (il avait à peine 18 ans
quand il a connu Steven), son ennui dans cette banlieue du Texas
(scène amusante où il croise une voisine qui se demande ce qui se
passe dans cette maison, il lui répond que Steven fait du porno gay,
avec un sourire délicieux face à l'air contrits de la voisine),
l'amour que lui porte son mentor, l'absence de sa maman (Alicia
Silverstone) à qui il fait croire qu'il fait des études de cinéma.
Brent s'aperçoit un jour que son protecteur / amant / producteur se
fait tout un tas de pognon sur son dos alors même qu'il est devenu
une star du porno sans même qu'il ne le sache et puisse en profiter.
Ce
n'est franchement pas l'aspect économique qui intéresse Justin
Kelly, ni même l'aspect moral sur un patron dominant et un employé
dominé, un couple vieux jeune, ou sur le porno (tant mieux
d'ailleurs). Assez vite, King Cobra se tourne vers
l'opposition entre deux couples. Brent et Steven face à Joe (James
Franco) et Harlow (Keegan Allen), même rapport de domination mais
puissance 10, Joe prostitue Harlow et profite de sa très grande
naïveté. Joe est manipulateur, égoïste, brutal, violent, jaloux,
James Franco en fait certes trop, comme toujours, dans ce rôle de
mec borderline, mais par un simple froncement de sourcils, il sait
être inquiétant.
Cette
inquiétude est le ressort de la deuxième partie du film. Joe pousse
Brent Corrigan à se séparer de Steven qui refuse à cause d'un
contrat et parce que, tout simplement, Brent est une poules aux œufs
d'or. Joe pousse donc Harlow à tuer Steven. Faut dire que le jeune
escort boy est fou amoureux de Brent, qu'il connaît pourtant à
peine. L'histoire est vraie mais le film est un peu banal sans être
déplaisant, sans aucune inventivité narrative et esthétiques, les
scènes de cul sont sans vigueur, évidemment on ne voit pas le bout
d'une bite, le crime est sanglant mais mis en scène avec de trop
grands effets, restent les acteurs plutôt contents de croire qu'ils
font un film insolent.
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