Fin
de la trilogie de Il était une
fois en Chine. Trilogie ?
Oui, pour Tsui Hark et Jet Li qui n’ont fait que trois aventures de
Wong Fei-hung ensemble. Alors bien sûr, on sait que Tsui Hark
produira trois autres film et que Jet Li se fâchera avec le cinéaste
et producteur démiurge. On le sait, il engagera Wong Jing pour
tourner un film sur Wong Fei-hung alternatif (Claws
of steel,
1993) et Tsui Hark va
embaucher le jeune Chiu Man-cheuk pour remplacer la star. Voilà pour
la petite histoire de la saga mais pour l'instant, Jet Li est là.
Il
était une fois en Chine III : le tournoi du lion commence
par un complot lancé par l’Impératrice douairière qui, pour
rehausser l’image de marque de la Chine auprès des forces
d’occupation occidentales, décide de lancer un concours de danse
du lion à travers toute l’Empire. Belle scène inaugurale toute en
travelling somptueux, en plans clairs-obscurs qui alternent des
scènes très éclairées dans le palais forcément grandiose. Un
homme filme la scène avec une caméra incunable. Puis, le célèbre
générique est lancé où, cette fois, ce sont des danseurs dans des
lions qui se déploient au rythme de la chanson.
Wong
Fei-hung (Jet Li) part cette fois à Pékin avec la 13ème
Tante (Rosamund Kwan) et le fidèle Kuan (Max Mok). Wong va voir son
vénérable père, Maître Wong (Lau Shun) qui dirige une fabrique de
gueules de lion pour les défilés. Tante rencontre sur le quai de la
gare un de ses amis, un Russe. Il lui a offert la caméra qu’elle
tient, mais Wong fait immédiatement preuve de sa jalousie maladive
et reconduit le Russe sans courtoisie. On en est donc dans la
modernité du cinéma. La caméra de la Tante va prendre une grande
importance dans le récit, jusqu’à devenir un personnage à part
entière, elle sera un élément clé dans ces aventures
rocambolesques.
Le
Tournoi du lion se
déroule, encore une fois, dans une période troublée. Dans ce Pékin
au tournant du siècle, Tsui Hark s’attaque après les fanatismes
religieux aux triades. L’incarnation du mal a deux visages, Maître
Bai fabricant de lion qui cherche à éliminer ses concurrents et
Pied-bot (Hung Yan-yan). Pied-bot est sans doute le plus beau
personnage du film. Dans La
Secte du Lotus Blanc
Hung Yan-yan jouait le chef de la secte, aujourd’hui il est un
combattant au service du mal. Yuen Bun, qui chorégraphie les scènes
d’action, met les bouchées doubles pour assurer la présence de
l’acteur qui vole la vedette à Jet Li (peut-être une des raisons
de la discorde).
Pied-bot
attaque avec des cris incroyables proches de ceux de la hyène, ce
qui perturbe ses adversaires . Mais surtout, il virevolte sur les
murs, s’envole dans les airs avec un rapidité démente. De ce
point de vue, le film frôle l’abstraction pure comme rarement on
l’a vu, y compris dans les Histoires
de fantômes chinois produits
par la Tsui Hark. Pied-bot est la cheville ouvrière de son clan qui
abuse de violence pour gagner le championnat. Mais lors d’un
combat, Pied-bot est blessé et son clan l’abandonne. Là est la
seule vraie d’émotion de toute la trilogie, bien plus grande que
celle avec les enfants dans La
Secte du Lotus Blanc.
Pied-bot
veut se laisser mourir, sa jambe magique ne lui sert plus à rien.
Wong Fei-hung dans sa grande humanité va alors le soigner et
Pied-bot va devenir son nouveau disciple. Le grand moment du Tournoi
du lion va pouvoir
alors commencer avec sa compétition déchaînée de lions qui vont
chercher à atteindre la récompense. Là encore, l’équilibre des
combats menace de rompre à tout moment mais Tsui Hark en fait un
morceau de bravoure. Dans le même temps, le complot contre le
Premier Ministre se met en place. La caméra, qui avait enregistré
les mouvements de kung-fu de Wong Fei-hung, sert de moteur à
l’histoire. Par cet enregistrement incunable, où le père de
Fei-hung découvre les qualités de son fils, Tsui Hark cherche à
mettre le héros chinois au cœur de l’histoire de son pays.
Mais
Wong Fei-hung a beau être un héros, il est aussi un homme. La 13ème
Tante l’oblige à l’appeler par son prénom, Siu-chun. Encore une
fois elle cherche à lui enseigner quelques rudiments de la culture
occidentale, avec un beau et important moment burlesque quand elle
lui demande de répéter I love you, sans lui en donner le sens. Si
j’ai commencé ce texte en disant que c’était la fin de la
trilogie, c’est surtout parce que Wong Fei-hung se résout enfin
par demander en mariage Siu-chun. Une histoire se clôt pour eux.
Pour les spectateurs, elle va continuer.
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