La
mère de Martin Scorsese, Catherine était une star de cinéma, en
tout cas dans les 10 films de son fiston où elle fait des
apparitions, des petites figurations. Elle fait aussi des coucous
dans Wise guys de Brian De Palma et dans Le Parrain III
de Francis Ford Coppola. Mais dans ItalianAmerican, elle est
au centre du film, et son mari Charles Scorsese (né Luciano comme il
nous l'apprendra) est à ses côtés, d'abord à l'autre bout du
canapé, recouvert d'un plastic pour ne pas l’abîmer, mais elle le
force à s'approcher d'elle. Après tout, ils ne cessent de s'aimer
depuis 40 ans de mariage.
« I'm
supposed to be talkin' to you » demande-t-elle à son fils avec
son accent de Little Italy. Martin veut qu'elle donne la recette de
sa sauce. Habillée comme un dimanche avec une belle robe rose, les
cheveux gris qui surmontent son visage rond et expressif, une paire
de lunettes de vue, Catherine file prestement dans sa cuisine (où
Charles n'a pas le droit d'entrer) et commence à cuisiner. Martin
Scorsese donnera la recette dans le générique de fin. Ses deux
parents se chamaillent pour savoir qui a appris à Catherine à
devenir un cordon bleu. « C'est ma mère » rétorque
Charles, mais il en faut plus pour convaincre Catherine qui affirme
que c'est sa propre mère qui lui a tout appris.
Il
faut dire qu'ils étaient nombreux dans la famille. Neuf enfants dans
un deux pièces. Martin Scorsese en profite pour filmer les rues du
quartier tandis que son père explique ce qui a changé depuis leur
enfance (ils sont nés tous les deux dans les années 1910).
L'abondance de magasins de jadis a disparu. Ils évoquent la vie de
leurs parents (les grands-parents de Martin), leur départ de Sicile,
les rencontres des grand-pères avec les grands-mères, les premiers
boulots, les appartements minuscules dans lesquels ils vivaient.
« Ils habitaient dans l'immeuble en face ». Charles
évoque les affaires et les dettes de son père, le sale caractère
de sa mère.
Ils
n'avaient jamais pu faire une lune de miel lors de leur mariage. 30
ans après, ils sont partis en Italie et Catherine montre les photos
qu'elle a fait là-bas. Elle parle de la terrible pauvreté en Sicile
et à Naples. Toujours sur le qui-vive, toujours avec un large
sourire, toujours la parole saccadée (comme Martin), Catherine sort
quelques anecdotes croustillantes sur son père, notamment celle où
il allait demander sa citoyenneté. Il ne parlait pas anglais,
l'agent de l'immigration lui reprochait. La sœur de Catherine, Mary,
traduisait et soudain, en colère, le père réplique « go F***
yourself ». Et Catherine éclate de rire tout en avouant avoir
honte de raconter cela. Quelle star !
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