Il
était une fois en Chine,
c'est d'abord un générique, l'un des plus connus du cinéma de Hong
Kong, repris et parodié dans un grand nombre de films – et pas
forcément des wu xia pian – depuis la sortie du film en août
1991. Ce générique sur la chanson interprétée par Jackie Chan («
un homme déterminé ») avec des élèves de kung-fu qui
s'entraînent torse nu sur la plage tandis qu'un soleil couchant les
éclaire. Ce générique est une démonstration de force des arts
martiaux et donc de la tradition chinoise. Esthétiquement, c'est un
morceau de cinéma remarquable.
Le
générique est entouré de deux séquences. La première exprime la
résistance de la Chine face aux étrangers venus coloniser l'Empire.
A la fin du 19ème siècle et les Britanniques ont pris Hong Kong
comme les Portugais ont annexé Macao. Les premiers mots du film sont
en français, dits par des soldats sur un bateau où Wong fei-hung
(Jet Li) et son hôte regardent une danse du dragon. Wong Fei-hung
montre son habileté à pratiquer la danse. Les deux hôtes craignent
la disparition de cette tradition. Ils déploient alors deux
banderoles, on peut lire « des idéaux sublimes » et « un esprit
chevaleresque ». Puis, le vieil homme montre son éventail sur
lequel est écrit les contenus des accords signés avec l'Occident.
L'Occident
arrive justement après le générique avec le personnage de la 13ème
tante (Rosamund Kwan) qui se cache pour son premier plan derrière le
voile de son appareil photo. Wong Fei-hung n'a jamais vu un tel
appareil. La tante veut lui serrer la main tandis qu'il fait le salut
chinois. Elle lui présente une de ses amies qui parle anglais. Wong
fei-hung ne comprend pas, on lui dit de répéter « thank you »
mais il sort un mot qui veut dire autre chose en cantonais. Dès
qu'il voit la 13ème Tante, Wong Fei-hung ressent pour elle des
sentiments qu'apparemment il n'a jamais connus jusqu'alors. Une belle
séquence montre l'attirance teintée de crainte de Wong fei-hung
pour elle quand elle veut prendre sa taille pour un costume. Il se
fit à leurs ombres sur le mur et croit qu'elle veut l'embrasser.
La
13ème Tante représente dans Il
était une fois en Chine le
progrès occidental et ce qu'il peut amener de positif en Chine. Face
aux lâches occidentaux qui restent persuadés que les Chinois ne
sont qu'un peuple dangereux et violent, comme l'un des Anglais le dit
en chinois, Tante Yee propose des solutions concrètes. Elle offre à
Wong Fei-hung des lunettes de soleil, un chapeau et un parapluie.
Tout cela lui servira lors d'un combat. Elle montre la voie de la
modernité et que celle-ci peut se faire dans la douleur alors même
que la Chine subit une période on ne peut plus mouvementée. Il
était une fois en Chine montre également les collaborateurs des
Occidentaux et que Tsui Hark dénonce. Dans un même plan, il montre
Wong fei-hung en train de discuter avec le chef de la police (Simon
Yam). Ce dernier a derrière lui un ventilateur électrique tandis
que Wong a ses disciples qui l'éventent manuellement.
Tsui
Hark a choisi de garder les personnages mythiques des aventures de
Wong Fei-hung. Pour ne brusquer les spectateurs en changeant
totalement la vision traditionnelle des aventures du célèbre
médecin. Le personnage a été présent sur les écrans des cinémas
de Hong Kong pendant plusieurs décennies. Le plus célèbre Wong
Fei-hung est incarné par Kwan Tak-hing qui a joué Wong Fei-hong
pour la première fois en 1949. Le médecin n'avait pas existé
cinématographiquement depuis 1981 et Tigre
blanc de
Yuen Woo-ping. Liu Chia-liang avait bien tenté de rénover le
personnage au sein de la Shaw Brothers, sans succès.
Ainsi
Wong Fei-hung est accompagné de Fu le bègue (Jacky Cheung), qui
porte des lunettes de vue et qui a les dents en avant. C'est le plus
connu des disciples de Wong, c'est le lettré. Il y a Shirong (Kent
Cheng), le gros boucher. Dans sa première scène, il arrive avec des
carcasses de porc. Shirong est un impulsif, un homme qui aime se
bagarrer et qui en impose avec son corps massif. A la limite, Sammo
Hung aurait pu reprendre son rôle qu'il avait dans The
Magnificent butcher.
Kai (Yuen Kam-fai) est le troisième disciple de Wong Fei-hung, son
plus fidèle selon ses mots. Ce qui n'empêche pas que, dans le film,
il soit le moins présent. Tsui Hark préfère évidemment les
personnages hauts en couleurs que les personnages ternes qui
ressemblent au sifu.
Enfin,
il y a le personnage de Liang Kuan, qui deviendra le compagnon de
voyage de Wong Fei-hung. Dans Il
était une fois en Chine,
on suit son parcours chaotique de disciple qui se cherche un sifu.
C'est un bon garçon mais qu'il faut canaliser. Son problème est
qu'il tombe immédiatement amoureux de la 13ème Tante. Ce motif
sentimental ne sera pas aussi développé que dans les films
suivants, mais il reste la motivation d'une certaine rancœur de Kuan
face à Wong. Le personnage de Kuan est tenu par Yuen Biao, qui est
très bien mais que l'on peut cependant estimer comme un tout petit
peu trop âgé.
Il
était une fois en Chine est
essentiellement basé sur les rapports entre les personnages et leurs
sentiments avec leurs humeurs propres que sur les événements
historiques. Shirong jure régulièrement contre les Mandchous et les
étrangers. Yuen Woo-ping a réglé les combats dont certains sont
très beaux visuellement, comme celui où Wong Fei-hung se bat, en
ralenti, sous la pluie battante. Après d'autres aventures de
vengeance et de trahison, Tsui Hark filme un grandiose combat sur des
échelles qui est resté dans les annales. Le film est un triomphe
public pour Tsui Hark et Jet Li ce qui permettra aux deux hommes
d'améliorer le concept des aventures de Wong Fei-hung.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire