Je
n'avais pas regardé de film de Harold Lloyd depuis trois mois, mais
je poursuis mon voyage dans le temps. En 1927, Le Petit frère est
le premier de ses films tourné sans le duo Sam Taylor et Fred
Newmeyer et le dernier avec sa partenaire Jobyna Ralston (ils ont été
réunis six fois à l'écran). C'est elle qui lance le récit. Elle
est Mary et vient d'hériter de la roulotte de bonimenteur de son
père, une sorte de caravane de charlatans où la vente de produits
miracle alterne avec une danse de flamenco par Mary et d'autres
numéros de spectacles de forains.
Tout
se passe dans un village du nom de Hickoryville, un lieu inventé où
le temps s'est arrêté, à moins que ce ne soit un film d'époque,
situé avant l'invention de l'électricité et de l'automobile. Une
seule indication temporelle : le 6 mai, date du début du récit.
C'est la première fois que Harold Lloyd ne réalise pas un film
contemporain de son action (Le Talisman de grand-mère
contenait un long flash-back). Tout l'aspect documentaire que
j'aimais beaucoup (voir les immeubles, les voitures, les tenues, les
coiffures, les moustaches des années 1920) n'est plus là.
Harold
Lloyd joue dans Le Petit frère le cadet de la famille Hickory
(le même nom que celui de la ville où ils habitent). Le père est
le shérif, les deux frangins sont des costauds. D'ailleurs, ils
portent sur leurs bras des énormes tronc d'arbres. Harold est traité
par son père et ses frères comme un gamin, un moins que rien, un
faible. Tout l'enjeu du film est de montrer qu'il peut être aussi
fort que les autres. On est donc dans sa veine naïve, dans son rôle
de maladroit au cœur tendre, et c'est ja jeune et jolie Mary qui va
changer sa vie.
Autour
d'Harold, trois trios tournent, Mary arrive en ville avec deux
acolytes dans sa roulotte, un escroc patenté et un autre patibulaire
qui voudrait bien la « croquer ». Deuxième trio, la
famille d'Harold. Troisième trio, les voisins, le père adversaire
politique du shérif Hickory, la mère bigote et conservatrice et le
fils jaloux de Harold. A peut près tout le monde va mettre des
bâtons dans les jambes de ce pauvre Harold, mais tout va changer
quand Mary et Harold s'éprennent l'un de l'autre, là les donnes
changent, d'autant que le voisin accuse le shérif de vol.
Certains
gags reposent sur l'aspect domestique, Harold est forcé de se
comporter comme la mère au foyer des Hickory, c'est lui qui fait la
lessive (qu'il met à sécher sur le fil d'un cerf-volant,
catastrophe promise), puis il porte l'uniforme de shérif de son père
et crée le quiproquo initial qui le mène à rencontrer Mary. Le
film insiste sur la pudibonderie de l'époque, notamment les deux
frères qui n'osent pas se montrer le soir en chemise de nuit devant
Mary. Et le lendemain, il se travestit à nouveau avant de devenir le
seul homme de la maison et sauver Mary du péril.
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