Réparer
les vivants (Katell Quillévéré, 2016)
Pour
aimer ce film, il faut croire que Bouli Lanners et Tahar Rahim
puissent être des médecins, que Dominique Blanc soit chirurgienne,
que le couple Emmanuelle Seigner et Kool Shen (après celui de
Mathilde Seigner et JoeyStarr) existe et se confronter à l'apathie
du sous-jeu d'Anne Dorval, l'actrice la plus énergique du cinéma
québécois de ses 15 dernières années. Non pas que ces acteurs ne
puissent pas jouer des médecins, mais la part du documentaire (gros
plans, mise en scène clinique, rapport au réel) phagocyte tout le
romanesque et ils n'ont rien à jouer, un peu comme s'ils jouaient en
motion capture et qu'ils étaient ankylosés par la peur de faire un
geste non conforme à leur métier. Le film aurait gagner à n'être
qu'un documentaire sur le don d'organe mais au lieu de cela tout est
dans l'euphémisme, ne serait-ce que le titre du film Réparer
les vivants plutôt que « la
greffe du cœur » ou simplement « le don d'organes ».
Après un prologue onirique au creux des vagues, la première partie
est consacrée au don d'organes. Larmes d'Emmanuelle Seigner et Kool
Shen, longues explications de ce que c'est que le don d'organes. La
deuxième partie est dédiée à la receveuse, Anne Dorval, ses deux
fistons et l'ancienne petite amie de la future greffée, pauvre Alice
Taglioni qui n'a rien à défendre. C'est tout un cinéma français
actuel qui a tendance à vouloir absolument tout montrer des métiers
et professions dans une vision vériste et ultra documentée (Grand
Central, Hippocrate,
Eden,
Le Beau monde,
Les Combattants,
La Loi du marché),
comme une plongée dans un univers inconnu tandis que la vie
quotidienne et de couple est d'une banalité affligeante. Réparer
les vivants pousse au
paroxysme cette tendance et s'effondre assez vite.
Mr.
Wolff (Gavin O'Connor, 2016)
Ben
Affleck est pataud à souhait pour incarner ce comptable (the
accountant du titre original)
atteint d'autisme. Il n'a pas besoin de jouer et il est parfait
ainsi. Le film ressemble à une série télé comme on en fait
beaucoup, genre un mix entre True
detective et Mr.
Robot, avec ses personnages
obscurs dont on annonce les secrets cachés à grands coups de
flashbacks, sauf qu'ici les experts comptables remplacent les flics
ou les hackers. Avec une mini-série, le récit foisonnant et
compliqué aurait pu prendre le temps de soigner un peu mieux ses
personnages secondaires et ces flashbacks évoqués plus haut, pas
d'une grande finesse narrative, c'est le moins qu'on puisse dire.
Pour rentrer dans le film, il faut accepter toutes les
invraisemblances, les retournements de situations hénaurmes
et Ben Affleck, surtout quand il tire avec des armes lourdes. Je me
suis bien pris au jeu. Je parie qu'il y aura une suite.
Il
Boom (Vittorio de Sica, 1963)
Inédit
jusqu'à présent, Il Boom
n'est pas le meilleur film ni
de Vittorio de Sica ni d'Alberto Sordi qui campe ici un homme qui vit
au dessus de ses moyens. Le « boum » économique que tout
le monde annonçait en 1963 ne l'a pas encore touché. Mais cela
n'empêche pas son personnage de dépenser à tout va en espérant
qu'un riche homme d'affaires accepte d'acheter des terrains là-bas
dans la campagne. Tout bascule dans un excellent sens de l'absurde
quand une grosse bonne femme veut acheter l’œil gauche de notre
faible héros contre 50 millions de lires. La cruauté de la comédie
italienne de l'époque déploie alors sa terrible machine de
destruction : c'est cela le capitalisme, les riches bouffent les
pauvres.
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