Que
se passe-t-il derrière l'écran, « behind the screen »
comme le dit le titre original de Charlot
machiniste sorti le 13
novembre 1916 ? On fabrique des films, tout simplement répond
Charles Chaplin. Il joue l'assistant du chef décorateur, un type qui
passe son temps à faire la sieste. Charlot lui apportera un coussin
sur un diable pour qu'il repose ses pieds. Le chef donne ses ordres
au machiniste. Il faut déplacer la colonne et la statue pour le film
en costumes qui se tourne d'un côté du studio et ranger les chaises
et le piano pour le film de gangsters qui se tourne en face. C'était
l'époque des films à la chaîne que Chaplin a bien connu. En 1914,
l'année de ses débuts au cinéma, il tournait un film par semaine,
comme tous ses collègues, Mabel Normand, Harold Lloyd ou Fatty
Harbuckle.
Une
jeune femme (Edna Purviance) se verrait bien en actrice. Mais le
patron du studio n'en veut pas. Il n'a pas de rôle pour elle. Peu
importe, elle s'incruste et se déguise en garçon. Charlot la
reconnaîtra malgré son habile déguisement et ils échangeront un
baiser, sous le regard moqueur de son patron qui croit qu'il embrasse
un homme. Il traversera le cadre en faisant des gestes efféminés,
ce qui avec la corpulence massive de Eric Campbell fait un drôle
d'effet. Charlot se vengera en envoyant plein de tartes à la crème
sur le visage de son patron. C'est pour finir sur une note comique et
burlesque simple et facile, comme un dernier sursaut d'un cinéma que
Chaplin commence à abandonner. Il en moque la facilité et en
accentue la cruauté.
Mais
le film ne se contente pas de faire des gags faciles avec des lancers
de tartes à la crème et des coups de pieds au cul. Charlot
machiniste évoque les conditions des petits travailleurs dans
l'industrie du cinéma. En mettant en scène son personnage qui n'a
même pas de quoi se payer un sandwich (il est obligé de ronger l'os
d'un collègue), il montre la précarité des employés. Il évoque
également les grèves des travailleurs tout en dénonçant le
caractère corporatiste des syndicats. Charlot, petit employé, est
menacé d'exclusion s'il ne fait pas grève. Et évidemment, c'est
son patron qui dirige la grève lui qui n'avait aucune considération
pour Charlot et tient un double langage devant le boss du studio.
Mais Charlot s'en fout de ce toin-toin, il veut retrouver la jeune
femme, et c'est tout.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire