Il
y a de cela quelques années, sans doute dans le magazine Première à
l'occasion de la sortie de Forrest Gump (mais je ne suis plus
sûr), j'avais lu une interview de Robert Zemeckis où le cinéaste
américain disait qu'il avait vu tous les films de guerre existant
depuis l'invention du cinéma. Certes, il se vantait un peu, et voici
Alliés son premier film de guerre. Forrest Gump ne contenait
que quelques scène au Vietnam quand Gary Sinise perd ses jambes et
que Forrest le ramène sur son dos en courant (vous voyez, pas la
peine d'aller voir le dernier film de Mel Gibson, Robert Zemeckis
l'avait fait il y a 20 ans).
Bref,
Alliés (en français dans le texte) s'aventure en 1942
(deuxième film que je regarde cette semaine qui se passe pendant la
deuxième guerre mondiale en 1942 après Furyo) et qui plus
est à Casablanca, comme ce cher Michael Curtiz l'avait fait avec
Ingrid Bergman et Humphrey Bogart. D'ailleurs, sans révéler quoi
que ce soit, Alliés se termine sur un aérodrome comme dans
Casablanca. Et on évoque
aussi une Marseillaise qu'aurait jadis chanté la si bien nommée
Marianne (Marion Cotillard), devant des allemands. La Française
accueille Max (Brad Pitt) dans un cabaret où elle a ses habitudes.
Max
et Marianne ne sont pas mariés mais elle prétend à tous qu'ils le
sont. Lui est un espion canadien, elle une résistante française. Il
vient de sauter en parachute dans le Sahara marocain, avec un certain
sens du mystère, une voiture vient le chercher (on pense évidemment
à la scène du désert dans La Mort aux trousses,
tout autant qu'au facteur à la fin de Retour vers le futur 2 qui apporte un courrier de
1855 à Marty). Elle a dit à tous ses amis qu'il est parisien mais
elle craint que son accent ne le trahisse. Tu m'étonnes. Elle lui
conseille de ne pas trop parler « ton accent peut passer avec
les Casablancais, mais pas avec les Parisiens ».
Je
ne comprends toujours pas pourquoi Robert Zemeckis s'entête à
vouloir faire passer ses acteurs américains pour des Français.
Déjà, Joseph Gordon-Levitt était ridicule dans The Walk.
Là, Brad Pitt a bien du mal à sortir ses dialogues français, il
est parfois incompréhensible (j'ai vu le film en VO, bien entendu,
tout doit perdre son sens en VF). Elle a beau l'appeler « le
Québécois », ça ne ressemble pas à l'accent de la Belle
Province. Alors, il réplique qu'il vient de l'Ontario. Il semble
incompréhensible que personne dans ce Maroc occupé par les nazis ne
remarque son fort accent et que cela ne crée pas plus de tension,
que le risque de se faire prendre ne soit pas plus important.
Alliés
propose deux récits sur le thème du double, deux films pour le prix
d'un, mais chacun est un peu expédié. D'abord un film d'espionnage
où ils doivent abattre le consul allemand où ils sont censés se
faire passer pour qui ils ne sont pas ; puis la vie à Londres
avec un suspense à la Gone girl,
qui manipule qui ? Marianne est-elle la femme qu'elle prétend ?
Leur couple survivra-t-il aux tempêtes de l'Histoire, aux tempêtes
de sable, au déluge de bombes, au déluge de révélations ?
Alliés échoue, un
peu comme Avé César des
frères Coen, à ne pas plonger dans le glamour de la reconstitution
au détriment d'un suspense cohérent.
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