dimanche 27 novembre 2016

Le Triomphe de Tarzan (William Thiele, 1943)

Cette septième aventure de Tarzan, toujours jouée par Johnny Weissmuller, aurait pu s'appeler « Tarzan fait la guerre aux nazis ». L'acteur et nageur, né en Autriche, se devait d'entrer dans l'effort de guerre. Simplement titré Le Triomphe de Tarzan, le film voit plusieurs changements majeurs par rapport aux six premiers. C'est désormais RKO qui produit la série, après la MGM, conséquence directe, Tarzan a un nouveau cri, copyright oblige) et Maureen O'Hara ne joue plus Jane. William Thiele est aux manœuvres, cinéaste allemand exilé après l'arrivée de Hitler au pouvoir, il s'en donne à cœur joie pour ridiculiser les nazis venus au beau milieu de la jungle troubler la vie de Tarzan.

Jane n'est pas là, elle est rentrée en Angleterre pour soigner les soldats bombardés par les missiles ennemis. Elle est absente mais Tarzan et Boy (Johnny Sheffiled) ne cessent de parler d'elle. Elle leur envoie une lettre (expédiée par avion directement) où elle leur raconte l'horreur de la guerre. Tarzan était resté jusque là neutre mais il est très colère. Les nazis ont envahi la cité de Palandria, une ville secrète qui ne figure sur aucune carte mais qui recèle de nombreuses richesses, et réduit les habitants en esclavage. Mais tant que les Allemands ne viennent pas occuper la jungle, Tarzan préfère ne pas s'en mêler. Tarzan est comme ce bon Président Roosevelt, il attend trop longtemps.

Seul sans sa maman, Boy ne fait que des bêtises. Avec Cheetah et Buli son éléphanteau, il s'aventure à descendre une falaise mais tombe. Le malheureux ! Une femme, venue de la cité secrète de Palandria et nommée Zandra (Frances Gifford) vient le sauver. On remarquera que son prénom est un peu celui de Tarzan à l'envers. On notera également que le film abandonne les tribus africaines et noires pour s'aventurer vers une colonie blanche et aux noms orientaux. Les frères de Zandra s'appellent Achmet ou Amir et son père Oman règne sur cette cité pacifique qui accueille les nazis en bonne foi. L'un d'eux avait été soigné des années auparavant par Zandra.

Tarzan est souvent laissé de côté et c'est Cheetah avec ses nombreux gags qui est au centre du film. Tarzan a recueilli, sans savoir qu'il est nazi, un des Allemands et le chimpanzé a volé l'antenne de la radio qui lui permettrait de communiquer avec Berlin (ah oui, tous les Allemands parlent anglais). A un haut gradé qui se vantait que les forts sont supérieurs aux faibles, William Thiele met sur le même plan les affreux nazis et Cheetah. Jusqu'à ce plan final où les généraux à Berlin écoutent le chimpanzé baragouiner dans le micro de la radio et affirment que c'est le Führer lui-même qui leur parle, j'avoue que Cheetah est souvent très drôle et les gags réussis.

C'est assez étonnant mais le scénario de Tarzan triomphe est l'un des mieux écrits jusqu'à présent. Certes, il faut s'accommoder des facilité narratives, de ces blancs au beau milieu de l'Afrique et de l'anglais que tout le monde parle. Le personnage de Zandra remplace avantageusement celui de Jane et on se demande même, quand Boy lui demande de porter la petite robe de sa maman, si Tarzan ne va pas tomber amoureux d'elle. L'une des scènes est subtilement esthétique, des petits singes capucins secouent les branches des arbres pour recouvrir Tarzan de feuilles afin que les nazis qui le pourchassent ne le trouvent pas. C'est très joli.
















Aucun commentaire: