mardi 28 juin 2016

Une nuit à l'opéra (Sam Wood, 1935)

J'ai découvert les Marx Brothers avec Une nuit à l'opéra, il y a une quinzaine d'années. C'était dans une salle de cinéma et ce que j'ai découvert ce soir-là, c'est que la moustache de Groucho était fausse. Et sur grand écran, ça se voit encore plus. Quelle soit en cirage ou façonnée grâce à un bouchon carbonisé n'a guère d'importance, en revanche depuis ce temps, Une nuit à l'opéra est leur film que je préfère, malgré les atroces interruptions par des airs d'opérette. Zeppo a quitté ses frères et son personnage de jeune premier est joué par Alan Jones, chanteur d'opéra novice que Groucho veut signer.

Honneur aux dames. Margaret Drumont est de la partie, c'est avec elle que le film s'ouvre, grandiose dans son personnage de mondaine qui attend dans un restaurant, seule. Elle demande au garçon d'appeler Driftwood que joue Groucho. Il se trouve juste derrière elle, avec une femme bien plus jeune. Ils avaient certes rendez-vous mais Groucho est le champion de la goujaterie. Pour une fois, Groucho a un concurrent sérieux, son patron de l'opéra de New York, tout simplement, qui marche sur ses plate-bandes, mais avec des méthodes bien plus douces et civilisées. On se demande bien qui Margaret Drumont va préférer.

Groucho veut damer le pion à son patron et doit trouver un chanteur jeune et fringant. Ça tombe bien, Chico se présente comme l'impresario d'Alan Jones. Le duo absurde entre Chico et Groucho donne cette scène du contrat, bien trop long à lire à leur goût, et dont ils déchirent chaque article pour ne garder qu'un petit bout de papier. Tout comme dans Monnaie de singe, la première partie d'Une nuit à l'opéra se déroule dans un bateau qui mène les personnages d'Italie à New York. Groucho ne le sait pas encore, mais il ramène dans ses bagages Chico, Alan Jones et Harpo qui dort dans un tiroir de la grande malle.

La séquence de la cabine est la plus célèbre des Marx Brothers. Elle se compose en deux temps. Groucho commande à déjeuner. Chico renchérit en demandant « deux œufs durs » à chaque plat et Harpo, avec son klaxon, demande la même chose. Le menu prend des proportions énormes. Puis, c'est la scène où la cabine est envahie par toute une ribambelle de personnes. Les trois frères Marx et Alan Jones, deux femmes de ménage, le plombier, la manucure, l'assistant du plombier, une dame qui veut utiliser le téléphone, la femme de ménage et quatre garçons qui apportent les victuailles. 15 personnes qui dégringolent dans le couloir quand Margaret Dumont ouvre la porte de la cabine.

Chico, Harpo et Alan Jones sont clandestins. Pour passer la douane, pas de Maurice Chevalier cette fois. Harpo découvre en sa baladant trois savants barbus dont il va couper la protubérance capillaire. Ils vont usurper leur identité. Harpo est tout à la fois effrayant dans son projet et poétique, d'une des barbes s'échappe un papillon. Le Maire de New York demande aux trois savants, désormais les Marx, de donner un beau discours. Evidemment, Harpo qui reste muet ne peut parler, il fait patienter la foule et buvant toute un carafe d'eau ce qui fait glisser sa fausse barbe et alerter la police d'immigration.

Une fois à New York, le récit se focalise sur Alan Jones et ses démêlés avec le chanteur vedette de l'opéra, un insupportable snobinard, qui a des vues sur sa fiancée. Avant que les Marx Brothers ne viennent mettre à sac la représentation de l'opérette (Harpo qui grimpe sur les décors et les déchire), le quatuor tente d'échapper à la police qui les poursuit. Et là, dans une double chambre d'hôtel, les Marx font ce qu'ils savent faire de mieux, glisser d'une pièce à une autre, par la porte, la fenêtre et le balcon pour rendre fou l'inspecteur qui ne sait plus où il se trouve.



















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