Même
si elle avait fait quelques autres films auparavant, la première
fois que j'ai vu Valeria Bruni Tedeschi, c'était dans Les Gens
normaux n'ont rien d'exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa
(1992). Depuis plus de 20 ans, l'actrice trimbale son personnage de
femme borderline, un peu hors du monde. C'est sa voix, un peu
éraillée, son sourire, souvent mal amorcé, qui font ce personnage
de Beatrice dans Folles de joie.
Beatrice
règne dans l'institution où elle séjourne. Au milieu de toutes les
autres femmes malades, elle trône avec son ombrelle dans tous les
coins, donnent des conseils tout autant aux médecins, aux bonnes
sœurs, aux psychiatres qu'aux malades. Folles de joie s'élabore
d'abord sur des enjeux de comédie, entre la réalité du lieu, un
asile de fou, et la réalité de Beatrice qui se croit indispensable
et ne cesse de parler, parler, parler.
Ce
flot ininterrompu de paroles, épuisant mais tellement drôle, a la
grande fonction de présenter les pensionnaires de l'asile, médecins
comme malades, de montrer ce qui s'y passe, la thérapie par le
travail. En l'occurrence, elles cultivent des plantes aromatiques qui
seront ensuite vendues. Elles reçoivent un salaire. Ce n'est pas un
hôpital lugubre mais au contraire une vaste maison baignée par le
soleil, avec un vaste parc floral.
Beatrice
n'a pas encore le droit de sortir de l'institution, contrairement à
d'autres malades. Qu'à cela ne tienne, elle va s'occuper largement
avec l'arrivée de Donatella (Micaela Ramazotti), aussi taiseuse que
Beatrice est bavarde. Par un concours de circonstance, elle se fait
passer pour un médecin, s'enquiert des médicaments qu'elle prend,
l’ausculte, avant d'être découverte par l'équipe soignante et
d'être grondée comme une enfant.
Tout
les oppose, Donattella est une grande tatouée brune dans la
vingtaine qui s'habille tout en noir, Beatrice est une blonde qui
porte des robes colorées. Cette dernière trouve une oreille
attentive à tous ses délires. Beatrice peut enfin causer de son
passé, de tous ceux qu'elle prétend connaître, un juge, un prince,
un riche homme d'affaires. Les autres malades et les médecins sont
ravis de ne plus avoir à écouter toutes ses palabres délirantes.
Comme
on le voit sur l'affiche, les deux femmes quittent l'asile pour un
voyage à travers l'Italie à la recherche de leur passé que l'on
découvre petit à petit. Tout commence dans un château (celui de la
propre mère de Valeria Bruni Tedeschi) où elles dérobent cette
voiture rouge. Paolo Virzi mêle habilement la grande gaudriole avec
des moments d'émotion parfois légèrement forcés et alourdis par
le flashback. Mais c'est quand même pas mal.
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