Quand
le 29 juillet arrive, c'est le moment de partir en vacances. Ni une
ni deux, il n'en faut pas plus à Pator (Vincent Macaigne) pour
proposer à Hector (Grégoire Tachnakian) de quitter Paris et
proposer aux filles de les accompagner. De toute façon, Pator,
médecin fantoche et sans diplôme, vient de se faire virer de son
boulot par les flics parce que son patron, le bon Docteur Placenta
(Serge Trinquecoste), bon mais frappadingue, exerçait lui aussi la
médecine illégalement depuis 1968 (ben oui, la révolution avait
supprimé les diplômes cette année-là).
Hector
a parlé à son ami de cette fille rencontrée le 14 juillet, elle
portait une petite robe bleue et un foulard rouge. Cette fille au
prénom énigmatique de Truquette (Vimala Pons) vend, lors du défilé
de la Fête Nationale, le magazine révolutionnaire Commune, mais
aussi des guillotines miniatures ou des pavés en éponge. Elle
passe, sourire aux lèvres, devant les soldats et leurs gros engins,
sur la place de l'Etoile. Hector veut partir avec elle et il décide
d'appeler sa copine Charlotte (Marie-Lorna Vaconsin) pour les
inviter.
Charlotte
bosse avec Hector. Munis de leur belle casquette, ils sont gardiens
au Louvre. Charlotte a convié Truquette à venir observer cet
étrange garçon timide qu'est Hector. Entre deux cocktails aux
fruits exotiques (Truquette tranche un ananas avec une hache), elles
espionnent Hector, puis Charlotte pousse son amie à amorcer la
conversation. Bon, s'ils se plaisent au premier coup d’œil (lui
les a bleus, elle marrons), ils ne savent pas bien quoi se dire. Mais
c'est parti pour les vacances à bord de la Mercedes de Pator.
Pas
de chance. Les deux gars croyaient que les deux filles seraient
seules et qu'ils pourraient les draguer tranquilou tandis qu'ils
boivent du Champagne dans la bagnole (boire et conduire, ils n'ont
pas choisi). C'était sans compter sur la présence inattendue du
lourdingue frère de Charlotte. Berthier (Thomas Schmitt) va passer
son temps à consulter le « Manuel de séduction »,
histoire de draguer Truquette. Une drague digne des comédies de Max
Pécas, tout en conseils délicats et judicieux. Résultat :
toutes ses tentatives sont des bides.
Berthier,
au delà de son fonction de gros beauf portant un t-shirt McDo, a une
utilité dans le récit de La Fille du 14 juillet, celle de
séparer Truquette et Hector. Les deux personnages ne vont plus
voyager vers la mer ensemble à cause d'un mauvais coup du frère.
Lors d'une fête foraine, il profite d'une cohue, pour embarquer
Truquette avec lui en piquant la voiture de Pator. Il avait réussi à
leur prendre leurs portables. Hector ne peut plus appeler sa bien
aimée. Le film à partir de ce moment suit les deux trajets en
parallèle.
Séparés
par les kilomètres, Hector et Truquette rêvent aux mêmes songes.
Dans plusieurs séquences oniriques, Antonin Peretjatko fait se
retrouver les deux amoureux dans la neige comme dans un roman de
Tchekov. Tous deux rejouent les personnages de l'écrivain russe avec
une once de poésie. Ils rêvent qu'ils se croisent, qu'ils font de
la luge ensemble. Ces scènes, comme celle où Truquette et Hector,
marchent sur les bouteilles de vin, procurent une respiration dans le
film, des moments de calme et de repos pour le spectateur.
Il
faut bien le dire, La Fille du 14 juillet ne lésine pas sur
le rythme effréné, la diversité du comique et la variété des
rencontres que fait la troupe. Des braqueurs déguisés en gendarmes,
Pierre Merejkowski en protestataire déjanté, le lion du Tour de
France qui prend la poudre d'escampette. Et surtout cette idée
loufoque, cette annonce du gouvernement déclarant que les vacances
sont annulées et la rentrée avancée d'un mois. Mine de rien, par
petites touches bien vues, le film évoque la crise économique.
Je
crois que la longue séquence chez le docteur Placenta est la plus
forte du film, elle montre toute la folie de la mise en scène,
l'astuce du cinéaste qui propose à ses acteurs de jouer facéties
sur facéties. Et dans ce jeu-là, Vincent Macaigne et Serge
Trinquecoste sont mirifiques. De la télé qui retransmet un jeu où
on doit deviner Guy Debord au jazz endiablé en passant par le repas
de la soupe à la viande servies dans des assiettes incongrues
jusqu'au gamin déguisé en cloporte, tout est plus étonnant et
jouissif dans cette séquence que je me lasse pas de regarder.
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