Le
scénario d'Aventures en Birmanie ne pouvait pas être plus
simple. Le Capitaine Nelson (Errol Flynn) a une mission. Avec son
escouade de parachutistes, il va être largué au beau milieu de la
jungle infestée de soldats japonais pour faire sauter un radar.
Voilà, l'objectif est on ne peut plus clair, il est expliqué par
les supérieurs de Nelson. Ensuite, les paras devront revenir à la
base, et c'est que Raoul Walsh va instiller à son récit le
suspense : comment vont-ils s'en sortir, qui ne survivra pas, où
se cachent les Japonais ?
En
cette dernière année de seconde guerre mondiale, le public
américain a encore besoin d'être renseigné sur le conflit. Voilà
pourquoi les cinq premières minutes du film sont consacrées à
l'explication de la situation en Asie. Avec de nombreux stock shots
(on voit d'ailleurs le général Merrill, celui des Maraudeurs
attaquent, le très sous-estimé film de Samuel Fuller), le
montage permet d'installer une forme inédite chez Raoul Walsh, celle
du film documenté. Son film sera plus réaliste que d'habitude.
Pour
accentuer ce côté documentaire, Nelson et ses hommes seront
accompagnés par Mark Williams (Henry Hull), un journaliste venu
écrire un long papier sur ces hommes. Les 35 parachutistes, comme
les officiers et généraux en place pour diriger les troupes, sont
tous très jeunes. Le reporter est plus vieux, Nelson lui fait
remarquer, son âge pourrait être un obstacle à leur retour. Ils
devront marcher 200 km pour revenir à la base. L'un des volets du
suspense repose sur l'affaiblissement du journaliste.
Avec
autant de personnages en mission, il est impossible de tous les
caractériser, de développer leurs différences et leurs
ressemblances. Raoul Walsh les filme d'abord dans leur quotidien,
dans l'attente de la mission, avec un humour guilleret. Ils se
baignent dans une marre, ils vont au coiffeur ou se font soigner une
dent, ils jouent au baseball, font des balades à dos d'éléphant ou
plus simplement font la lessive. La routine va être abandonnée dès
qu'ils grimpent dans l'avion cargo duquel ils vont sauter.
Parmi
tous ces soldats, seule une poignée va être développée. Jacobs
(William Prince) porte la carte et contacte la base comme les pilotes
qui vont larguer des vivres et des munitions pendant leur parcours.
L'élément comique est dévolu à George Tobias, l'acteur qui jouera
20 ans plus tard Monsieur Kravitz dans la série Ma sorcière bien
aimée. Il sort régulièrement une blague pour remonter le moral
de ses camarades. Mais le film ne sort pas des clichés sur les
soldats : ils ne pensent qu'à leur premier geste revenus au
pays.
Raoul
Walsh s'attache à filmer l'escouade dans la difficile traversée de
la jungle birmane (filmée en Californie du nord). L'enjeu
principal : qui va survivre à la chaleur, la faim, la peur ?
Tant que les Japonais ne sont pas là, le ton reste celui de la
comédie, dès qu'ils canardent les parachutistes, le terrible
suspense, largement phagocyté par une musique tonitruante, se lance.
Gros plans sur la sueur, barbe naissante, uniformes détériorés, la
photographie de James Wong Howe magnifie ce voyage de douleurs.
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