« Planète
Assistance, j'écoute. » « Ici, abonnée 906088. »
« Oui, ici Superman, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »
Quand Isabelle (Valérie Mairesse) appelle son fiancé Michel
(Coluche) à son boulot, c'est le code romantique qu'ils se sont
donnés pour se reconnaître. En guise de super héros, Michel est
plutôt un bon gros patapouf qui n'a jamais quitté les bureaux du
siège de sa boite d'assurances. Il aide à rapatrier ceux qui en
vacances et en voyage ont eu des soucis, mais lui n'a jamais pris
l'avion. Il faut dire que Michel voit les autres pays tout en noir,
maladie, prison, crimes, tout est mauvais hors de Paris.
Isabelle,
c'est tout le contraire. Elle est hôtesse de l'air et passe son
temps dans les avions. Michel et elle doivent se marier le 25 (mois
non déterminé). Elle a décidé d'arrêter son boulot et va
travailler avec Sophia (Zabou) dans l'agence de voyage. Mais en
attendant, elle doit à son patron quelques jours, des voyages
qu'elle va faire sans le dire à son fiancé. Michel annonce à sa
maman (Marthe Villalonga) cette bonne nouvelle. Le couple va chercher
à acheter un pavillon en banlieue, teste un lit dans un magasin et
veut contracter un crédit. Une vie bien rangée et bien conformiste
les attend, et ils en sont ravis.
Chaque
fois que je regarde Banzaï, et la dernière fois, c'était au
festival Lumière de Lyon lors d'une projection en 35mm, je ne cesse
de m'étonner du ton de l'humour qu'utilise Coluche. Un racisme
ordinaire franchement veule où personne ne vaut rien. Ça commence
avec l'arabe du coin (Rabah Loucif) où leur échange se fait avec
une certaine complicité. L'humour passe sans doute parce qu'on sait
que Coluche jouait sur ces clichés dans ses spectacles, parce qu'on
sait qu'il incarne un gros beauf et qu'il ne l'est pas. Là est sans
doute toute la différence avec Qu'est-ce qu'on a fait au bon
dieu.
Par
un concours de circonstance, Michel est emmené à devoir rapatrier
des abonnés de Planète Assistance et à prendre l'avion pour se
rendre à l'étranger. Il se rend en Tunisie où son racisme
ordinaire est révélé par le gamin qui l'accompagne, puis dans le
Bronx où il croise trois loubards (après un discours de Jean-Marie
Proslier), puis dans un pays africain où un médecin reproche de ne
pas faire confiance aux hôpitaux locaux et enfin à Hong Kong.
Chaque fois, ses clichés sont ridiculisés par les personnes qu'il
rencontre et se retournent immanquablement contre son auteur.
Le
film est construit comme un film à sketches sans réelle progression
du récit. Banzaï tient grâce à l'abattage de Coluche, à
ses répliques qui fusent et au burlesque enfantin qu'il déploie.
J'aime beaucoup le périple à New York (où cela a-t-il vraiment été
filmé ?), le gag récurrent des piqûres de moustique qui
rendent Michel l'égal d'Elephant Man, et bien évidemment la
demi-heure consacrée à Hong Kong où les Chinois parlent français
avec un accent chinois, les malheurs du cousin de Michel, pour finir
avec le pilote du 747 qui se croit redevenu kamikaze et qui crie
banzaï.
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