Vraiment
cette année 2019 aura été celle de la découverte des films de
Richard Fleischer, un long voyage (fantastique) entamé en janvier
avec une bonne quinzaine de films vus. Du sang dans la poussière est
le premier western du cinéaste que je vois, même si Mr. Majestyk
tourné également en 1974 a de fortes allures de western. Ici, c'est
très amusant de voir parmi les trois jeunes garçons du fin fonds
des territoires américains (le film a pourtant été tourné en
Espagne), le jeune Ron Howard encore acteur et pas encore cinéaste.
Le
film démarre en vitesse : un corps ensanglanté étendu dans la
prairie ensoleillée : celui de Harry Spikes (Lee Marvin). Il
est observé par trois minots, des grands enfants pas encore adultes,
aux visages glabres, ils sont gentils, souriants, bien polis et un
peu effrayés de voir cet homme qu'ils pensent mort. Effrayés mais
fascinés par ce mort qui revient soudain à la vie et leur demande
de l'aide. Les (Ron Howard), Will (Gary Grimes) et Tod (Charlie
Martin Smith) vont abriter Spikes dans une grange, le soigner, le
nourrir et recoudre ses vêtements.
Les
trois grands gaillards avaient appris à vivre à la ferme, à
s'occuper des cochons, à coudre, à cuisiner le lapin. Jamais ils ne
s'étaient destinés à quitter cette vie tranquille après avoir
rencontré Spikes mais quand Will, plein de générosité lui donne
son cheval pour que le gangster reprenne son chemin, son père le
fouette à grands coups de ceinturon. Il décide au petit matin de
quitter la ferme, dit au revoir à ses deux amis d'enfance et s'en
va, tel Lucky Luke sur Jolly Jumper avant d'être rapidement rejoint
par Les et Tod.
Spikes
leur a bien expliqué, pendant sa convalescence, son activité de
gangster. Quitte à vivre la grande aventure, autant commencer tout
de suite dans un patelin où Wil se lance et va braquer une banque.
C'est presque sur un mode comique que Richard Fleischer lance son
film et poursuit avec ce braquage. Le trio c'est un peu « les
trois nigauds » au far-west, prêts à faire tout un tas de
gaffes. Mais celle que commet Tod est plus importante que jamais, il
tire sur un homme qui s'opposait au braquage de banque.
Seulement
voilà, cet homme était le gouverneur. Les trois jeunes sont
désormais des « Wanted » morts ou vifs, sans le sou (pas
doués, l'argent « s'envol » du chapeau de Les), ils
filent se réfugier au Mexique où ils finissent en prison. Là,
encore le ton humoristique est présent avec tous les petits boulots
mal payés qu'ils sont obligés de faire pour gagner de quoi se payer
à manger. Harry Spikes, que le trio appellera pendant tout le film
Mister Spikes. Bien que devenus des assassins, des desperados, des
bons à rien, ils restent polis.
Harry
Spikes avait été soigné par eux, il va prendre soin d'eux. Il va
devenir leur père de substitution, un gentil papa qui leur achète
de beaux vêtements bien amidonnés. Ils sont un peu raides dans
leurs costume de western, ils doivent encore apprendre à manier le
revolver. Tod avait tué le gouverneur mais n'est plus capable de
tirer. Spikes lui achète une paire de lunettes. Le revers de la
médaille de tant de gentillesse est qu'il les embrigade, ils vont
devenir ses petites mains pour la braquage de banque qu'il organise
dans une ville du Texas.
Le
ton de comédie légère disparaît petit à petit, les trois jeunots
pensaient que tout serait facile mais ils vont s'enfoncer dans la
violence à force de suivre ce père. Ils sont autant inadaptés aux
petits boulots qu'au braquage de banque. Le film, non sans quelques
écueils mièvres (Will pense à son père dans des fondus enchaînés
franchement poussifs), montre les destin fatal de ces trois jeunes
paysans qui rêvaient d'aventure et de liberté pour s'échapper de
leur morne vie et qui trouvent le sang de leurs corps, la poussière
du désert et la mort.
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