mardi 10 décembre 2019

Charlot et Mabel en promenade (Charles Chaplin, 1914)

Voici le dernier film que Mabel Normand et Charles Chaplin tournent ensemble. Le mois suivant (janvier 1915), Chaplin quitte la Keystone pour un juteux contrat à l'Essanay et une liberté de création qu'il n'a pas tout à fait chez Mack Sennett. Dans Charlot et Mabel en promenade, on prend les mêmes que dans Charlot papa mais on intervertit les couples. Charlot est le mari de Phyllis Allen, dépeinte monstrueusement, une femme qui fait un bruit tonitruant en se mouchant (Charlot se bouche les oreilles).

Mabel est l'épouse de Mack Swain. Dans le parc où ils se promènent (le film se déroule entièrement dans ce parc aux arbres nombreux qui aideront les maris à se cacher), ils voient un conducteur en panne. Pour ceux qui ont vu les films précédents de Mabel Normand, ils savent sa passion pour les automobiles. Elle aimerait aller réparer le véhicule mais c'est Mack Swain qui s'y colle, non sans mal, il se retrouve cul par terre sous l'hilarité du conducteur. Finalement, la voiture marche et Mack Swain part faire un tour avec le conducteur.

Voilà donc Mabel seule. Et comme Phyllis s'est endormie, Charlot en profite pour aller draguer. D'abord une jeune femme blonde. Mais elle est accompagnée. Ensuite, sur son chemin, il croise Mabel. Elle appelle au secours. Le burlesque peut commencer avec l'arrivée d'un policier plus vindicatif que jamais. C'est l'un des policiers les plus bornés vus dans tous les films de Chaplin, et pourtant il s'en trouve un paquet de policiers qui n'arrêtent pas d'enquiquiner Charlot. Mais celui-là entend rendre la justice avec sa matraque.

Ça tombe bien le parc est plein d'arbres pour se cacher. Charlot va fuir la matraque se cacher. Puis c'est au tour de Mack Swain. Car lui aussi drague Phyllis dans l'interversion des personnages que propose le film. Ainsi rapidement, le film se contente de filmer des poursuites entre le policier et les maris. Les femmes font ensuite connaissance et auront toute la peine du monde à remettre la situation en place : elles comprennent d'abord que les maris sont volages et que le policier pensent qu'ils sont des pervers.


On ne peut pas vraiment dire que Charlot et Mabel sont en promenade mais ces 13 minutes permettent à Charles Chaplin de travailler sur les champs et contrechamps. Il abandonne le plan séquence et multiplie les plans courts pour donner un rythme trépidant à ces poursuites minuscules. Il travaille aussi sur sa canne qui lui sert, plus que jamais depuis ses débuts, d’appendice à sa main. Sa canne est l'extension de son bras, elle lui sert à tout : soulever la jupe de Mabel comme renverser le policier. Plus que jamais, la canne de Charlot est l'élément moteur de son burlesque.



















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