Voici
le dernier film que Mabel Normand et Charles Chaplin tournent
ensemble. Le mois suivant (janvier 1915), Chaplin quitte la Keystone
pour un juteux contrat à l'Essanay et une liberté de création
qu'il n'a pas tout à fait chez Mack Sennett. Dans Charlot et
Mabel en promenade, on prend les mêmes que dans Charlot papa
mais on intervertit les couples. Charlot est le mari de Phyllis
Allen, dépeinte monstrueusement, une femme qui fait un bruit
tonitruant en se mouchant (Charlot se bouche les oreilles).
Mabel
est l'épouse de Mack Swain. Dans le parc où ils se promènent (le
film se déroule entièrement dans ce parc aux arbres nombreux qui
aideront les maris à se cacher), ils voient un conducteur en panne.
Pour ceux qui ont vu les films précédents de Mabel Normand, ils
savent sa passion pour les automobiles. Elle aimerait aller réparer
le véhicule mais c'est Mack Swain qui s'y colle, non sans mal, il se
retrouve cul par terre sous l'hilarité du conducteur. Finalement, la
voiture marche et Mack Swain part faire un tour avec le conducteur.
Voilà
donc Mabel seule. Et comme Phyllis s'est endormie, Charlot en profite
pour aller draguer. D'abord une jeune femme blonde. Mais elle est
accompagnée. Ensuite, sur son chemin, il croise Mabel. Elle appelle
au secours. Le burlesque peut commencer avec l'arrivée d'un policier
plus vindicatif que jamais. C'est l'un des policiers les plus bornés
vus dans tous les films de Chaplin, et pourtant il s'en trouve un
paquet de policiers qui n'arrêtent pas d'enquiquiner Charlot. Mais
celui-là entend rendre la justice avec sa matraque.
Ça
tombe bien le parc est plein d'arbres pour se cacher. Charlot va fuir
la matraque se cacher. Puis c'est au tour de Mack Swain. Car lui
aussi drague Phyllis dans l'interversion des personnages que propose
le film. Ainsi rapidement, le film se contente de filmer des
poursuites entre le policier et les maris. Les femmes font ensuite
connaissance et auront toute la peine du monde à remettre la
situation en place : elles comprennent d'abord que les maris
sont volages et que le policier pensent qu'ils sont des pervers.
On
ne peut pas vraiment dire que Charlot et Mabel sont en promenade mais
ces 13 minutes permettent à Charles Chaplin de travailler sur les
champs et contrechamps. Il abandonne le plan séquence et multiplie
les plans courts pour donner un rythme trépidant à ces poursuites
minuscules. Il travaille aussi sur sa canne qui lui sert, plus que
jamais depuis ses débuts, d’appendice à sa main. Sa canne est
l'extension de son bras, elle lui sert à tout : soulever la
jupe de Mabel comme renverser le policier. Plus que jamais, la canne
de Charlot est l'élément moteur de son burlesque.
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