Dans
l'univers immense qu'est la comédie cantonaise, les films dits des
Five Stars ont remporté un immense succès dans les années 1980,
c'était produit par la Golden Harvest et cela consistait à mettre
quelques vedettes ensemble, les faire jouer des pitreries et ajouter
un soupçon d'action. Chacun avait sa partition, histoire de ne pas
empiéter sur le terrain de l'autre. Nos cinq héros ne se
connaissent pas en début de film mais tous se rencontrent en prison.
L'ouverture
du Gagnant montre les petits larcins qu'ils fomentent avant de se
faire arrêter par la police. Teapot (Sammo Hung) est cambrioleur,
habillé dans une combinaison noire (et franchement moulante), il
pensait débarquer dans une maison vide mais se fait surprendre par
des invités qui attendaient dans le noir pour souhaiter bon
anniversaire. Pris en flagrant délit, il s'enfuie en lançant une
corde, mais pas de chance, il atterrit dans une fourgonnette de
police.
Voilà pour
donner une idée des bras cassés qui forment ce quintet. Le beau
gosse Vaseline (Charlie Shin) – ce pseudo est authentique, les deux
moustachus les plus célèbres du cinéma de Hong Kong, Ranks
(Stanley Fung) et Trachée (Richard Ng) et le lunaire Jack (John
Sham) surnommé le Frisé. Quand ils sortent de prison, c'est chez le
Frisé qu'ils établissent leur résidence, là habite la petite sœur
de ce dernier, Susan (Cherrie Chung), que tout le monde appelle
« Petite soeur ».
Comme les
Marx Brothers, 50 ans plus tôt, tout ce qui les intéresse est
l’argent et les filles. Au grand dam du Frisé, ils trouvent tous
les prétextes pour draguer la petite sœur. Le grand frères veille,
se fait très protecteur lors d'une sortie des amis dans une fête
foraine. C'est à celui qui éloignera le rival le plus loin de la
demoiselle. A ce petit jeu, Teapot semble, vu son physique, le moins
bien parti, mais chaque fois, c'est lui que Petite Sœur choisit, il
est le plus gentil de la bande.
Teapot est
la tête de turc des quatre autres. Il est toujours de corvée
notamment quand les Five Stars partent au boulot, c'est lui qui porte
le matériel. Car ils ont fondé une agence de nettoyage. Il est le
larbin mais le spectateur a de l'empathie pour lui. Chacun aura son
moment de gêne où les autres se moquent de lui. Au milieu du film,
Richard Ng est persuadé d’avoir acquis une méthode pour devenir
invisible. Il va déambuler à poil dans l’appartement et mater la
fille. C’est bête mais c’est drôle.
La partie
comédie pure dure une bonne heure, l'action arrive avec un ponte de
la mafia vu en début de film avec tous ses sbires qui viennent
l'attendre à la prison alors que personne n'était là pour les Five
Stars. Les hommes de main, au garde à vous, en costumes cravate,
débarquent en voiture de sport rouge, déploie un tapis rouge pour
leur chef Chan Chiu (James Tin). Habillé tout en blanc, il s'allume
un grand cigare et se rend fier comme Artaban dans sa Rolls Royce
blanche.
Il s'agit
de fausses monnaie et les plaques pour les fabriquer se retrouvent
comme par hasard dans la fourgonnette de nettoyage. Jackie Chan tient
le rôle du policier qui les traque. Un petit rôle d'impulsif un peu
détaché du récit central où il croise Yuen Biao, Mars. Jackie
Chan a une immense course poursuite en patins à roulettes suivi d'un
carambolage de bagnoles à l'ancienne. On ne lésinait pas sur les
carrosseries qui s'entrechoquent.
C'est à
Sammo Hung que sont dévolus les combats chorégraphiés comme à son
habitude dans une mélange de burlesque (quand ses amis se battent
sans vraiment savoir le faire, à la débrouille) et de brutalité.
Ouille, ça castagne sévère avec ces chutes brutales sur le sol
sans trucage, filmées en plan d'ensemble, ces corps qui traversent
les pièces et qui s'écrasent dans la scène finale située dans un
entrepôt contre les bidons et autres objets durs et lourds. Ouille !
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