Meanwhile.
« Pendant ce temps », le carton apparaît trois fois pour
introduire les personnages de La Panthère rose après un
court prologue qui dévoile que la panthère rose est un diamant
qu'un maharajah offre à sa fille puis le générique en animation.
La simultanéité des actions commence à Rome avec un voleur de
joyaux qui laisse un gant blanc orné d'un P doré. Puis à Hollywood
où George Lytton (Robert Wagner) se prend en photo habillé en
étudiant avant de s'enfuir. Cela se poursuit à Paris où une femme
Simone (Capucine) échappe aux policiers en changeant rapidement de
tenue dans un ascenseur avant de retrouver son mari Jacques Clouseau
(Peter Sellers), inspecteur de police.
Pendant
ce temps, mais sûrement bien plus tard, tout ce beau monde va se
retrouver à Cortina, dans les Alpes italiennes, car il ne faut pas
perdre de temps en explication. Des années plus tard, la jeune
princesse, la fille de ce maharajah, Sala (Claudia Cardinale) fait
su ski à Cortina. Elle est suivi, sans le savoir, par Charles Lytton
(David Niven). La simultanéité est fausse, voire cocasse si on
l'observe bien, elle est en tout cas fascinante et n'a qu'une seule
ambition : montrer que tous ces personnages sont faux, ils se
dissimulent sous des identités fallacieuses pour commettre leur vol.
Ils vont s'emparer de la panthère rose. L'inspecteur Clouseau est là
pour les en empêcher. De toute façon, ce diamant n'est qu'un
McGuffin.
L'objet
n'est dans le film que pour faire se rencontrer les personnages. A
priori personne ne connaît personne, sauf bien entendu le couple
Clouseau qui partage la même chambre. La passion de l'inspecteur est
de jouer de violon dans le lit conjugal, sans doute se prend-il pour
Sherlock Holmes puisqu'il en adopte une partie de la tenue, dans une
variation plus contemporaine, pardessus et chapeau gris, qui remplace
la toque du détective londonien. Ainsi Clouseau lui aussi joue une
partition faussée. Il suffit de l'entendre jouer de ce violon où
les fausses notes se succèdent. Il ne possède pourtant pas l'art du
déguisement ni de la subtilité, loin de là. Son credo, outre les
fausses notes, est la maladresse.
J'ai
toujours eu du mal avec l'art de Peter Sellers pour les maladresses.
Elles commencent dès sa première scène avec ce globe terrestre
dans son bureau de la police sur lequel il glisse. Tout est glissade
dans le personnage de Clouseau. Il n'est pas encore l'homme qui crée
des catastrophes dans The Party tourné cinq ans plus tard,
mais l'acteur élabore et peaufine son style burlesque. Pendant un
bon quart d'heure, il pourra dans une série de quiproquos dans cette
chambre d'hôtel montrer son sens de la glissade filée tandis que
Charles et son neveu George vont tenter de fuir – ils sont tous les
deux l'amant de Simone – et de ne pas se faire surprendre par
l'inspecteur qu'ils avaient pourtant cherché à éloigner, en vain.
Le
monde de faux semblants élaboré par Blake Edwards se contruit scène
après scène tandis que le spectateur apprend les relations réelles
entre les personnages. Que le voleur en gant blanc est bel et bien
Charles Lytton, qu'il est l'amant de Simone, qu'il est l'oncle de de
George, que ce dernier est le digne héritier de son cambrioleur
d'aïeul. Pendant ce temps, seuls la princesse Sala et l'inspecteur
Clouseau feignent de ne rien comprendre, toujours en retard sur ce
que sait le spectateur. C'est là que ce joue l'humour distant du
film. Parfois, il se transforme en burlesque pur quand Charles fait
boire du champagne la princesse. Blake Edwards sait que l'alcool
débride les corps et la parole, Claudia Cardinale allongée sur une
peau de tigre est parfaite dans l'ivresse.
La
star du film était David Niven mais le cinéma est une chose et
l'histoire du cinéma en est une autre. Par un capricieux
retournement de l'histoire du cinéma, c'est Peter Sellers qui lui
vole la vedette dans la grande scène du bal. Malicieux, Blake
Edwards décide de déguiser David Niven comme Robert Wagner en
gorille, même pas certain qu'ils soient sous les costumes. Tandis
que tous les autres ont leur visage apparent. Clouseau lui est
affublé d'une armure médiévale, le genre de costumes peu discret
et surtout peu commode pour entamer une course-poursuite dans le
château. Mais après une absence de 20 minutes dans le film,
Clouseau et Peter Sellers peuvent enfin triompher (enfin presque). La
suite, on la connaît, quatre autres aventures de La Panthère
rose.
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