Bon
anniversaire Jean-Luc Godard. Bientôt, la Cinémathèque française
va entamer une rétrospective sur le cinéaste, 13 ans après celle
du Centre Beaubourg, dont on se souvient qu'elle fut chaotique et
compliquée pour Dominique Païni. En 13 ans, il y a eu surtout des
courts-métrages que je qualifie de collage, j'en ai un peu parlé
l'an dernier (Kahn Khanne), et en avril lors du passage sur Arte du
Livre d'image. Il reste quelques trucs à découvrir dans
cette rétrospective, comme la version italienne et remontée du
Mépris et peut-être encore deux ou trois choses.
Je
crois que Allemagne Neuf Zéro est le premier film de Godard
que j'ai vu de toute ma vie. Je n'en suis pas vraiment sûr parce que
ça remonte à très loin (novembre 1991 lors du passage du film sur
Antenne 2). C'est pas franchement le film le plus simple pour
commencer, mais à vrai dire, je considère ma séance de cinéma en
février 1992 où j'ai vu l'un après l'autre A bout de souffle et Le
Mépris comme ma vraie première fois avec lui. Il faut toujours une
première fois avec Jean-Luc Godard, moi c'était Bardot, Piccoli et
le scope à n'en plus finir dans une grande salle de cinéma.
Longtemps
on (c'est-à-dire ces gens des Cahiers du cinéma) a donné
comme titre à ce film Allemagne année 90 neuf zéro. Pour
encore mieux faire référence à Roberto Rossellini. C'est pas
commun un film sans titre définitif, qui change au fil des
projections. Il est visible en bonus du DVD d'Adieu au langage
dans son grain d'origine, dans son format de l'époque (un bon 4:3,
toutes les postes télé avaient ce cadre carré) mais c'est déjà
mieux que Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma
et Les Enfants jouent à la Russie, ces deux autres créations
télé.
Eddie
Constantine rempilait dans le même rôle de Lemmy Caution, 25 ans
après Alphaville. En 25 ans, tout a changé en Europe, seuls
les espions restent et traversent les écrans de cinéma. Lemmy
Caution a bien vieilli et semble las de tous ces changements. Il
parle toutes les langues, français, anglais, allemand. Il croise du
monde, il ouvre des livres, il marche dans la campagne. Je n'ai pas
encore compris si Allemagne année 90 neuf zéro parle de
quelque chose d'intelligible, mais j'aime ce passage avec un Don
Quixote qui parle allemand.
Ça
doit causer de la réunification des deux Allemagnes, de la fin de
l'URSS, des souvenirs du nazisme que toujours et encore Jean-Luc
Godard met en parallèle avec l'histoire actuelle dans des effets de
collage. Il développe ce collage avec des tableaux, des extraits de
films, des couvertures de livres et des photos. Il en est encore à
des balbutiements dans l'art du collage. Il mettra une bonne
vingtaine d'années, que dis-je presque 30 ans, pour parvenir à une
beauté vibrante. Allez, encore une fois, pensée à Jean-Luc Godard
pour son anniversaire.
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