Arte
diffuse en ce moment et pendant deux mois le dernier film d'Agnès
Varda. Deux heures consacrées à son propre cinéma, un film divisé
en deux parties, deux causeries qu'elle a donné devant plusieurs
publics, dans des salles plus ou moins grandes, plus ou moins
remplies. Elle est assise dans un de ces fauteuils de cinéaste, son
prénom et son initiale floquées sur le dos, sa coiffure de kappa
sur le crâne. Elle lit son texte sur son habituel ton mi amusé, mi
naïf, mi conscient de son génie (oui chez Agnès Varda on a trois
moitiés).
Elle
lance le premier extrait car c'est évidemment ce que chacun peut
attendre d'un film sur sa carrière qui complète et amplifie ce
qu'avait proposé il y a dix ans de cela Les Plages d'Agnès.
Une anthologie de son œuvre. Les mauvaises langues diront « Agnès
Varda pour les Nuls » comme la collection de bouquins. Le film
a parfois cet aspect d'autant qu'Agnès Varda est seule conductrice
du récit de sa filmographie, personne ni pour la contredire ni pour
lui poser la moindre question. Le film porte parfaitement son titre.
Premier
extrait : Uncle Yanco, 1968. Ce court-métrage américain
lance la chronologie plutôt que son premier film La Pointe
courte, 1954. C'est dans une mise en abyme qu'elle cherche à
montrer ce que pouvait être un auteur de cinéma. Pour elle, si la
forme ne doit l'emporter sur le fond (elle se considère comme une
cinéaste politique), il doit surgir ici et là comme un secret
qu'elle seule connaît. Preuves à l'appui pendant toute cette
première partie soit une trentaine d'années de cinéma en pellicule
et autant de films en toute genre et durée.
Les
travellings d'une minute de gauche à droite dans Sans toit ni loi
sur du Mozart (Sandrine Bonnaire à ses côtés, sous un fort
crachin est la seule à faire reproches à la cinéaste). Les
reproductions de tableaux dans Lion's love. Les fondus en
couleur du Bonheur. Les chansons sur des paroles de Karl Marx
dans L'Une chante l'autre pas. C'est un bonheur non feint de
la voir décrire, de l'entendre détailler par le menu, ses facéties
de mise en scène, preuve de la variété de ton dans ses films et de
ses recherches et trouvailles.
Contrairement
à plusieurs de ses films d'une grande lourdeur, tout est ludique
dans Varda par Agnès, comme si l'extrait faisait du bien à
ses films. L'habituelle passage du coq à l'âne qu'elle manie avec
souplesse, ses courts extraits, ses arrêts sur image, ses anecdotes
sont du pur divertissement. Elle s'attarde longtemps sur son film de
commémoration du cinéma (le très médiocre Cent et une nuits)
où on voit des scènes de tournage. Et soudain, elle affirme que le
film était très raté et qu'elle a décidé après ça d'arrêter
la fiction, de ne plus tourner en pellicule.
Le
seconde causerie se concentre sur les 20 dernières années et sont
plus embarrassantes. Ça commence plutôt bien avec sa découverte du
caméscope (les petites caméras) et le tournage des Glaneurs et la
glaneuse. Puis, elle présente les différentes expositions d'art
moderne où elle a exposé. C'est un festival d'auto-congratulations
inversement proportionnelles à l'originalité de ce qu'on voit. Le
tout sous les compliments du chef de la fondation Cartier qui a payé
tout ça. Mais je suis sûr qu'Agnès Varda s'amuse de tout cela.
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