Le
30 janvier dernier, l'acteur Dick Miller disparaissait. Dick Miller
ne fait qu'une courte scène dans The Hole et encore, il ne
dit pas un seul mot. Il joue un livreur de pizza qui vient livrer aux
trois ados de quoi se sustenter. Traverser les films de Joe Dante
c'est aller à la rencontre de Dick Miller. Pour moi, c'est sans
doute dans The 'Burbs qu'il trouve son rôle le plus marquant
dans un film jouissif, celui d'un éboueur dans une banlieue typique
du cinéma. Dick Miller est l'acteur signature du cinéma de Joe
Dante
C'est
dans ce même genre de banlieue que Dane (Chris Massoglia), son petit
frère Lucas (Nathan Gamble) et leur mère (Teri Polo) viennent
vivre. Chaque fois que Joe Dante filme une banlieue, en général
bien conformiste, très WASP, sans aspérité comme dans Gremlins
et The 'Burbs, quelque chose de monstrueux surgit, quelque
chose de démoniaque est enfoui en son sein. Dans The Hole,
pour ne pas changer, c'est dans la cave que les deux frères
découvrent un trou. Un trou pourtant fermé par une trappe scellée
de six cadenas.
Ils
s'empressent de prendre un caméscope, de l'accrocher au bout d'une
corde et d'aller filmer le trou. Il faut surtout cacher tout ça à
leur maman, c'est un secret de frangins, une activité entre eux. Par
contre, ils en parlent à leur jeune voisine Julie (Haley Bennett)
qui vient se joindre au duo. Le film joue aux caractères opposés,
Dane est renfrogné, l'éternel blasé, Lucas est au contraire
toujours sur le qui-vive, jovial. Entre Dane et Julie, Joe Dante
n'essaie pas longtemps d'esquisser un flirt qui pousserait le film
vers le teen-movie.
Au
contraire, il prend bien soin de ne pas se détourner de ce trou. Il
montre sur la télé du salon ce que le caméscope a enregistré.
Distraits par leur mère, les frangins ne voient pas ce que le
spectateur voit sur l'écran télé : un œil qui les observe,
un œil qui vit dans ce trou obscur. C'est pile quand il apparaît
qu'ils ont détourné le regard. C'est ballot, s'ils avaient regardé,
ils n'auraient peut-être pas cherché à savoir ce qui se cache
là-dedans et ne se seraient pas lancé à corps perdu dans la gueule
du démon.
Dans
cette terreur démoniaque, il ne faut chercher de la subtilité. Joe
Dante se contente de faire sursauter le spectateur. C'est bien le
moins. La beauté de sa mise en scène se cache dans deux séquences,
celle de la rencontre avec Creepy Carl (Bruce Dern), surnom sur
lequel bute chaque fois Dane (il l'appelle Freaky Freedy). Ce Carl,
l'ancien habitant de la maison au trou, s'est réfugié dans une
usine désaffectée. Il s'est entouré dans ce lieu immense de lampes
qui le rassurent. Car malgré son nom, Carl n'est pas celui qui fait
mais c'est lui qui a peur.
La
peur, voilà le mal dont souffre nos trois jeunes héros. Une poupée
clown ici, un souvenir d'enfance là et un père absent et violent.
La plongée littérale dans le trou est l'occasion de Joe Dante de
remonter aux origines de la peur au cinéma : le cinéma
expressionniste allemand en général et Le Cabinet du Dr.
Caligari en particulier à qui le grand finale tarabiscoté rend
hommage. Une chute dans le subconscient aussi brillante que la
traversée des tableaux de maîtres dans Les Looney Tunes.
Depuis ce film, le dernier à être sorti en France, Joe Dante a
surtout tourné pour la télé.
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