Jeune
cadre dynamique, Lo Ka-yia (Tony Leung Ka-fai) se retrouve en prison
pour purger une peine de trois ans pour homicide involontaire. Pour
défendre son père agressé par des petits malfrats, il a poussé
l’un d’eux qui s’est fait écrasé par un bus. Il arrive donc
dans un univers qu’il ne connait pas au milieu de gens (gardiens et
prisonniers) qui, au contraire, connaissent toutes les règles. Ainsi
Lo Ka-yia découvre, dans Prison
on fire, un monde
inconnu avec des yeux candides. Ringo Lam prend soin de le décrire
avec minutie notamment les premières fouilles humiliantes. Il prend
surtout soin de pas exagérer le trait mais que le regard de Yia soit
celui d’un homme qui soit au même niveau que le spectateur.
Affecté
à l’infirmerie, Yia va rencontrer Ching (Chow Yun-fat), petite
bandit qui a une jambe cassée. Ching teste Yia en échangeant leur
morceau de viande qu’il juge plus épais ou en allant chier alors
que Yia est justement en train de nettoyer les cuvettes. Il comprend
vite que chaque fois Yia se laisse faire, qu’il ne réplique pas,
au contraire qu’il serait prêt d’aller plaider sa cause auprès
du directeur de la prison, chose considérée comme une lâcheté (au
mieux) ou comme une trahison (au pire) par les autres prisonniers. Il
va lui servir de guide dans cet univers inhospitalier. Il va lui
apprendre les règles non seulement de vie mais également de survie.
Il
faut apprendre à survivre aux affrontements des différents clans et
quand Madly (Shing Fui-on) se met à devenir fou pendant la
promenade, Yia s’affole, ne sait plus quoi faire et Ching le
protège. Les deux principaux clans sont tenus par Micky (William Ko)
et Bill (Tommy Wong) et, comme on le sait bien, il faut diviser pour
mieux régner. C’est en tout cas le mode de direction du chef des
gardiens Hung (Roy Cheung) qui décide de sacrifier Yia pour avoir la
paix dans sa prison. Pour cela, rien de plus simple, il convoque Yia
dans son bureau, les autres pensent qu’il a cafté et notamment les
hommes de Bill qui ne savent pas que Micky s’est entendu avec Hung.
Ce
dernier est surnommé le tueur et il faut bien reconnaître que Roy
Cheung, pas encore arrivé dans l’univers de Johnnie To, a un
regard qui glace d’effroi. C’est réellement lui le personnage le
plus négatif du film avec cette volonté de Ringo Lam de n’accabler
aucun personnage. Le film a une réputation de grande dureté. Elle
est plus psychologique que physique. Yia subit des pressions venues
de Micky qui le harcèle de plus en plus et qui le rend responsable
d’à peu près tout, mais aussi de Hung contre lequel il est
incapable de répondre.
Tony
Leung Ka-fai avec son jeu tout en retrait, avec son regard caché
derrière ses lunettes et dont on sent que son personnage est prêt à
exploser, est idéal pour ce rôle d’homme intègre qui se trouve
désintégré par la prison. Les rares visites de sa famille (son
père agressé en début de film, sa sœur et sa fiancée)
constituent son unique pilier avec la réalité et l’extérieur. On
sent qu’il perd ses illusions, son visage se décompose, puis le
coup de semonce arrive quand sa copine décide de partir étudier en
Europe. Sentant sa vie partir en lambeaux, il n’hésite plus à se
battre contre Micky et à tenter de se suicider.
Son
duo avec Chow Yun-fat fonctionne à merveille. Les deux acteurs se
complètent dans leur jeu. Le personnage de Ching apparait d’abord
comme un égoïste, un petit comique. Le sourire de l’acteur, son
entrain désamorcent cette violence psychologique, l’humour de son
personnage (plus que son caractère comique) aide à faire passer la
dureté de la prison. Dans une scène d’une rare douceur (la danse
entre prisonniers le soir de Noël), Chow Yun-fat occupe tout
l’espace laissant déborder son charisme. Prison
on fire atteint
son niveau de tension maximum quand les prisonniers décident de
faire une grève de la faim (scène fameuse souvent parodiée) et que
Chow Yun-fat change de ton, devenant une bête à tuer et que la
violence physique emplit l’écran dans un finale lyrique.
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