Pour
son deuxième film dans les montagnes enneigées, Ernst Lubitsch
prend le pari de transposer Shakespeare et son Roméo et Juliette.
Les Capulet et les Montaigu sont rebaptisées pour l'occasion avec
des noms typiquement allemands, Capulethofer et Montekugerl, ça
devait faire rire quand ça apparaissait dans les intertitres.
L'histoire ne bouge pas beaucoup par rapport à la tragédie sauf que
tout est sur mode comique avec d'énormes gags.
Les
deux familles sont en bisbille et sont voisines l'une de l'autre.
Seule une rue, pleine de neige, les sépare et quand une boule de
neige atterrit sur les fesses de l'autre, c'est rapidement une
bataille rangée dans la rue qui s'enclenche. Cela produit une effet
visuel cocasse. Comme de bien entendu, plus personne ne sait pourquoi
ils se battent depuis tant de temps mais ils s'entendent sur un
point, personne ne va les empêcher de se battre.
Pas
même le juge qui les a convoqué dans le prologue du film. Son
greffier vient le réveiller. Il roupillait tranquillement car la
ville est tranquille seulement troublée par ces disputes entre les
deux familles. Le juge a reçu de chaque famille une belle saucisse,
histoire de l'amadouer. Dans un plan épatant, on voit le juge mettre
dans chaque balance des bras de la Justice une saucisse. Elles pèsent
le même poids, il ne se laisse pas corrompre et met tout le monde à
l'amende.
Sur
le même ton que ce procès, le suicide final est traité à la
rigolade avec un apothicaire qui prépare pour les deux amoureux un
potion sans poison mais avec du sucre. C'est une relecture qui va
dans le même sens que les roublardises dans Les Filles de
Kohlhiesel, Ernst Lubistch s'éloigne tant qu'il le peut d'un
romantisme exacerbé. C'est une vision largement parodique pas
toujours très fine, moins réussie que Les Filles de Kohlheisel
et La Chatte des montagnes.
Entre
le prologue et l'épilogue, Ernst Lubitsch offre un bal masqué où
le fiancé donné par ses parents à Julia est dépeint comme un
crétin fini au visage ingrat, genre noble fin de race. Il a beau se
déguiser en ange dans ce bal, il devient l'objet de manigances de
Roméo (prendre son déguisement pour s'approcher de Julia, l'inverse
de la pièce). Avant que Roméo le prenne en sympathie quand ce
fiancé comprend qu'il n'a aucune chance face à lui. C'est même lui
qui prévient la famille que les amoureux sont allés dans la grange
pour se suicider.
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