La
Favorite (Yorgos Lanthimos, 2018)
Sur
le site imdb.com on trouve, pour presque chaque film, une rubrique
« goofs » sur les erreurs commises dans les films.
Exemple de goof dans La Favorite, l'utilisation du mot posh est
impossible, il est apparu en 1914 pour la première fois (moi je ne
le connais que parce que c'était le surnom de Victoria Beckham au
sein des Spice Girls, ça veut dire chic). L'emploi de posh n'est pas
le seul anachronisme, on entend Emma Watson, enfin son personnage
d'Abigail, dire trois fois fuck dans un couloir. On se traite aussi
de cunt. Bref, notre cinéaste veut faire comme Sofia Coppola dans
Marie-Antoinette. Si Lanthimos avait eu quelques idées pour
agrémenter son récit, il aurait pu faire entonner « Marlbrough
s'en va-t-en guerre » puisqu'on ne cesse de parler de ce
général Marlbrough, Marlborough en anglais, l’ancêtre de Winston
Churchill, dont l'épouse Sarah gouvernait à la place de la Reine.
Si je pensais à chaque fois que j'entendais le nom de Marlborough
sur l'écran, c'est parce que je m'emmerdais ferme. Cela dit, La
Favorite est moins pénible que La Mise à mort du cerf sacré,
ce qui ne veut pas dire grand chose.
Kabullywood
(Louis Meunier, 2017)
J'espérais
beaucoup de ce film tourné à Kaboul où le cinéma, la salle de
cinéma, sauve le monde de l'obscurantisme et surtout de la bêtise.
Le dernier exemple serait ce documentaire sur cette salle de Roumanie
dans Cinéma mon amour.
Mais le film est terne et joue sur la frontière entre documentaire
et fiction mais sans jamais réussir à créer un lien fort entre les
deux tendances. La reconstruction du cinéma ne semblait pas suffire
alors il est ajouté de la romance mièvre, un père récalcitrant et
un frère ultra-conservateur. L'histoire se fourvoie dans un schéma
typiquement américain (ascension, chute et rupture, réconciliation).
C'est une manière réductrice de parler de ces jeunes Afghans comme
si ils étaient incapables d'être montrés autrement que dans une
narration conformiste. La dernière séquence où les artistes qui
jouent sur scène, devant l'écran de cinéma, se veut libératrice
mais on n'entend pas ce qu'ils jouent, une musique passe sur leur
son, certes c'est peut-être à cause d'un manque de moyens, mais
encore une fois, on les empêche de s'exprimer par leur art.
Nicky
Larson et la parfum de Cupidon (Philippe Lacheau, 2019)
Mais
qu'est-ce qu'on a encore fait au bon dieu (Philippe de Chauveron,
2018)
All
inclusive (Fabien Onteniente, 2019)
Une
réussite enthousiasmante et deux ratages intégraux. La réussite
est Nicky Larson où il est assumé un esprit catoonesque qui
doit plus au Niky Larson de Jackie Chan, un chef d’œuvre dans son genre,
qu'à la série animée qui passait au Club Dorothée (Dorothée qui
fait une courte apparition savoureuse en guichetière d'aéroport).
Philippe Lacheau parvient à fournir une scène d'action en caméra
subjective qui fonctionne, c'est pas seulement rare dans le cinéma
français c'est carrément inédit. La force de Nicky Larson made in
France est de varier les comiques, situation, gags visuels, jeux de
mots et calembours, références à la sous-culture. Le gros défaut
reste les clichés sur les homos, encore et toujours. Dans ces trois
films, être gay est un ressort comique qui inspire aux scénaristes
des lieux communs. Dans Nicky Larson, le personnage éponyme
tombe amoureux de Didier Bourdon à cause de ce parfum qui rend
dingue d'amour celui qui sent la personne aspergée. Dans All
inclusive, Dubosc et Demaison se font passer pour un couple pour
pouvoir profiter d'un grand bungalow. Pas une seule scène drôle ici
mais on est ravi de voir que toute l'équipe a passé de chouette
vacances en Guadeloupe. Le comique de Franck Dubosc est un mélange
désagréable de grande naïveté et d'immense vulgarité dans
l'archétype de son personnage, un premier degré dans sa manière de
vivre, un enfant dans un monde d'adultes, mais un enfant qui
déploierait une ultra sexualité. Dubosc fait semblant de se moquer
de son corps en le dénudant, en le plaçant dans des situations a
priori ridicules mais paradoxalement il fait preuve d'un pudibonderie
qui tourne à l'obsession. Deux mots sur la suite de Qu'est-ce
qu'on a fait au bon dieu. En voyant les efforts démesurés des 8
jeunes acteurs sortir leurs répliques fadasses en espérant un rire
voire un sourire, c'est déprimant (ici ils ne causent que sécurité
comme dans un discours du RN ou de Wauquiez). Ça doit pas être
simple de savoir que pendant encore des années les seuls rôles
qu'ils auront seront ceux des prochaines suites du film. Ici, le film
tente un renouveau avec un mariage lesbien. C'est le seul moment un
peu intéressant. Non, je déconne, c'est aussi malencontreusement
démagogique et raté que le reste.
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