Une
journaliste de la BBC, dans un extrait d'un reportage que Chris
Marker inclut ici comme contre-point « éducatif et ludique »
mais passablement édifiant, explique avec un beau sourire télé que
les Grecs ont inventé le théâtre. Preuves à l'appui, elle se
trouve dans un théâtre ouvert « parce qu'en Grèce, le temps
est clément et il n'est pas utile de mettre un toit pour les 15000
spectateurs ». Si c'est dit par la télé anglaise, c'est que
c'est vrai, a forcément conclu le spectateur de la BBC.
Avec
son habituelle fougue, Cornelius Castoriadis affirme que les grecs
n'ont pas plus inventé le théâtre que d'autres peuples, qu'il
existe un théâtre à Bali (et de qualité précise-t-il) et dans
toutes les autres contrées du monde. La tragédie, c'est autre
chose. Elia Kazan donne une définition péremptoire mais très
plaisante. « Deux personnes qui s'opposent, l'un a tort,
l'autre a raison, c'est du mélodrame, deux personnes qui ont chacun
raison, c'est la tragédie. »
Dans
ces théâtres antiques, il s'en passait de belles. On apprend que le
spectacle durait des jours entiers et que le premier jour, la scène
en bas de l'amphithéâtre servait aux sacrifices de plusieurs bœufs.
Ça devait être sacrément sanguinolent. Des morceaux de chair
étaient donnés aux spectateurs ainsi que du vin. Une fois repus et
enivrés, le spectacle commençait. On imagine en entendant ce récit
l'odeur et l'ambiance qui pouvaient régner là. Loin des
acclamations devant Mélina Mercouri alors Ministre de la Culture.
Théo
Angelopoulos revient raconter son expérience japonaise et des
Japonais expliquent que les films du cinéaste se comprennent tout à
fait au Japon. Déjà l'épisode sur la Mythologie faisait le grand
écart entre les deux Nations. Cet épisode est largement illustré
d'extraits d'un film japonais Médée de Yukio Ninagawa (1978,
captation d'un pièce). C'est très frappant la coïncidence entre
les masques grecs antiques et ceux du théâtre Nô et du Kabuki. Les
deux théâtres avaient raison l'un de l'autre.
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