Planter
le décor. Une maison d'un seul niveau, en rez de chaussée, au
milieu d'un parc lui-même au milieu d'un bois en guise de terrible
jungle. Voilà où vit la petite dizaine de personnages de Dans la
terrible jungle et chacun part à l'aventure. Les deux cinéastes
pour leur premier long-métrage sont allés filmer en 2016 dans une
IME nommée La Pépinière, un film peuplé de handicapés dans un
documentaire de création, comme l'écrit cette semaine un
hebdomadaire satirique paraissant le mercredi.
De
quoi ce film est-il vraiment le nom est une question que l'on peut se
poser jusqu'à la toute fin (là encore on peut rester jusqu'au
finale où les personnages s'adressent aux réalisatrices valant
comme making of autant que bêtisier. Elles jouent sur la frontière
de plus en plus étroite entre le documentaire et la fiction (voir le
succès actuel des Invisibles). Disons que chez elles, le plan
séquence n'est pas un gage bazinien de réalité, comme le montre
les scènes où l'une des Ophélie téléphone à sa mère.
Les
habitants de cette terrible jungle sont tous jeunes, des adolescents
et le film prend parfois des allures de teen movie, plutôt tendance
Breakfast Club que American pie. Plusieurs séquences
en témoignent notamment lors des discussions collectives où Léa,
la star du lycée, fait la leçon à ses camarades, où Simon se
rebelle. Petit à petit les personnages se précisent, les caractères
se dessinent, on commence à envisager des rapports entre eux, c'est
une manière de créer cinématographiquement des personnages.
Faire
un teen movie, c'est facile. Dans la terrible jungle va vers d'autres
lieux. Un film de super héros avec ce garçon portant un costume de
Batman mais à la voix fluette, comme s'il se moquait de Ben Affleck.
Un film d'action quand Gaël se met à sauter dans tous les sens, des
cascades impressionnantes. Mais c'est essentiellement une comédie
musicale, une dizaine de chansons émaillent le film, de Bad à La
Femme chocolat, le tout chanté par Léa ou l'autre Ophélie, autant
de chansons qui agissent comme des échos de leur sentiment.
Voilà
ainsi un film qui ne cesse d'étonner par une volonté de surtout
sortir des rails de ce à quoi on pouvait s'attendre en filmer des
handicapés, surtout si jeunes. On ne sort jamais de ce domaine, pour
les deux cinéastes il ne s'agit pas de filmer une utopie où les
pensionnaires tenteraient de vivre comme à l'extérieur de La
Pépinière. Le film montre des rapports entre les personnages qui
sont parfois difficiles, parfois cruels, parfois agréables, c'est
peut-être cela qui rappelle que le film est éloigné de tout
voyeurisme, tant mieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire