jeudi 14 février 2019

Dans la terrible jungle (Ombline Ley & Caroline Capelle, 2018)


Planter le décor. Une maison d'un seul niveau, en rez de chaussée, au milieu d'un parc lui-même au milieu d'un bois en guise de terrible jungle. Voilà où vit la petite dizaine de personnages de Dans la terrible jungle et chacun part à l'aventure. Les deux cinéastes pour leur premier long-métrage sont allés filmer en 2016 dans une IME nommée La Pépinière, un film peuplé de handicapés dans un documentaire de création, comme l'écrit cette semaine un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi.

De quoi ce film est-il vraiment le nom est une question que l'on peut se poser jusqu'à la toute fin (là encore on peut rester jusqu'au finale où les personnages s'adressent aux réalisatrices valant comme making of autant que bêtisier. Elles jouent sur la frontière de plus en plus étroite entre le documentaire et la fiction (voir le succès actuel des Invisibles). Disons que chez elles, le plan séquence n'est pas un gage bazinien de réalité, comme le montre les scènes où l'une des Ophélie téléphone à sa mère.

Les habitants de cette terrible jungle sont tous jeunes, des adolescents et le film prend parfois des allures de teen movie, plutôt tendance Breakfast Club que American pie. Plusieurs séquences en témoignent notamment lors des discussions collectives où Léa, la star du lycée, fait la leçon à ses camarades, où Simon se rebelle. Petit à petit les personnages se précisent, les caractères se dessinent, on commence à envisager des rapports entre eux, c'est une manière de créer cinématographiquement des personnages.

Faire un teen movie, c'est facile. Dans la terrible jungle va vers d'autres lieux. Un film de super héros avec ce garçon portant un costume de Batman mais à la voix fluette, comme s'il se moquait de Ben Affleck. Un film d'action quand Gaël se met à sauter dans tous les sens, des cascades impressionnantes. Mais c'est essentiellement une comédie musicale, une dizaine de chansons émaillent le film, de Bad à La Femme chocolat, le tout chanté par Léa ou l'autre Ophélie, autant de chansons qui agissent comme des échos de leur sentiment.

Voilà ainsi un film qui ne cesse d'étonner par une volonté de surtout sortir des rails de ce à quoi on pouvait s'attendre en filmer des handicapés, surtout si jeunes. On ne sort jamais de ce domaine, pour les deux cinéastes il ne s'agit pas de filmer une utopie où les pensionnaires tenteraient de vivre comme à l'extérieur de La Pépinière. Le film montre des rapports entre les personnages qui sont parfois difficiles, parfois cruels, parfois agréables, c'est peut-être cela qui rappelle que le film est éloigné de tout voyeurisme, tant mieux.

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