Dans
la critique de cinéma, un cinéaste avec un univers propre promet à
ses films d'être reconnu entre tous les autres : on dit qu'ils
ont une cosmogonie. On dit ça pour David Cronenberg ou David Lynch
en général, des cinéastes hollywoodiens mais indépendants. La
cosmogonie fonctionne aussi pour Alain Resnais au cœur de tout cet
épisode sans jamais nommer son nom, sauf dans le générique (Chris
Marker n'est jamais à l'abri d'un défi).
On
découvre quelques plans de Hiroshima mon amour et une réplique (la
plus connue, c'est beaucoup plus simple). Ce plan est à peine
reconnaissable, on distingue vaguement des mouvements de peau, des
bras sans doute, on devine la peau sur laquelle la sueur se répand
dans une certaine sensualité. Ce grain flou est mis en relief avec
le grain d'un ralenti inversé d'une image de guerre, une bombe s'est
écrasée sur une voiture et elle remonte dans le ciel.
L'un
des premiers films d'Alain Resnais, tourné avec Chris Marker, était
Les Statues meurent aussi. Michel Serres demande à son
interlocuteur que l'on montre à l'image des « fameuses
cycladiques », des statues que les Grecs brisaient et dont les
morceaux étaient dispersés dans les tombeaux. Les statues meurent
aussi mais on peut aussi les ressusciter, c'est dans ce mouvement
double, mort puis vie, que cet épisode est structuré.
Ainsi
une usine peut servir des années après avoir été désaffectée à
nouveau être utiliser pour construire un futur centre culturel.
Jamais éloigné d'une facétie, un extrait de la caverne de Platon
se fait entendre tandis que des travellings traversent une salle de
cinéma. Le reflet des statues sont réels, si on le souhaite comme
dans ce commerce japonais qui célèbre le classicisme d'Hermès,
autant la marque de luxe que le mythe.
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