vendredi 22 février 2019

L'Héritage de la chouette, 9 Cosmogonie (Chris Marker, 1989)


Dans la critique de cinéma, un cinéaste avec un univers propre promet à ses films d'être reconnu entre tous les autres : on dit qu'ils ont une cosmogonie. On dit ça pour David Cronenberg ou David Lynch en général, des cinéastes hollywoodiens mais indépendants. La cosmogonie fonctionne aussi pour Alain Resnais au cœur de tout cet épisode sans jamais nommer son nom, sauf dans le générique (Chris Marker n'est jamais à l'abri d'un défi).

On découvre quelques plans de Hiroshima mon amour et une réplique (la plus connue, c'est beaucoup plus simple). Ce plan est à peine reconnaissable, on distingue vaguement des mouvements de peau, des bras sans doute, on devine la peau sur laquelle la sueur se répand dans une certaine sensualité. Ce grain flou est mis en relief avec le grain d'un ralenti inversé d'une image de guerre, une bombe s'est écrasée sur une voiture et elle remonte dans le ciel.

L'un des premiers films d'Alain Resnais, tourné avec Chris Marker, était Les Statues meurent aussi. Michel Serres demande à son interlocuteur que l'on montre à l'image des « fameuses cycladiques », des statues que les Grecs brisaient et dont les morceaux étaient dispersés dans les tombeaux. Les statues meurent aussi mais on peut aussi les ressusciter, c'est dans ce mouvement double, mort puis vie, que cet épisode est structuré.


Ainsi une usine peut servir des années après avoir été désaffectée à nouveau être utiliser pour construire un futur centre culturel. Jamais éloigné d'une facétie, un extrait de la caverne de Platon se fait entendre tandis que des travellings traversent une salle de cinéma. Le reflet des statues sont réels, si on le souhaite comme dans ce commerce japonais qui célèbre le classicisme d'Hermès, autant la marque de luxe que le mythe.










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