mardi 12 février 2019

L'Héritage de la chouette, 5 Amnésie (Chris Marker, 1989)


Dans le banquet initial, dans une université française, organisé pour lancer L'Héritage de la chouette, le premier mot grec tiré au sort était « autopsie » (sa propre introspection), mais par un astucieux stratagème digne du marabout-de-ficelle cher à Agnès Varda, la plus grecque des cinéastes françaises et une amie fidèle de Chris Marker, on passe à l'amnésie, la perte de mémoire, sa reconquête et en conséquence de l'histoire, avec un grand H bien entendu.

André Dussolier, plus présent en voix off que dans les deux précédents épisodes, peut ironiser sur le fait que le fait d'arme politique grec le plus connu à l'étranger est la manifestation contre l'homme politique qui fût en 1970 le héros de Z de Costa Gavras. Chris Marker joint Yves Montand en train de s'effondrer lors de son assassinat, plans au ralenti et en couleur (images de fiction) à des plans en noir et blanc des manifestation (images documentaires).

En Grèce, le folklore de Zorba le Grec ou de Jamais le dimanche de Jules Dassin côtoie celui des Colonels qui ont pris le pouvoir dans les années 1960. ils sont beaux en uniformes bleus à danser avec ces jeunes femmes en costumes traditionnels. Le tourisme a vite repris, c'est un défilé de touristes sur l'Acropole, aucun d'entre eux ne remarque que la Grèce est une dictature, ils ne voient pas les défilés des militaires. Ils ne s'intéressent pas à l'histoire contemporaine mais à l'Acropole.

L'amnésie c'est la confusion de la fiction avec l'Histoire. Vassilis Vassilikos prend 10 minutes, dit-il en s'adressant à Chris Marker, pour raconter comment la Grèce moderne a pris son indépendance, pourquoi un prince Bavarois qui ne causait pas un mot de grec a été choisi pour devenir le roi, comment les intérêts des Anglais, des Soviétiques, des Américains ont successivement manigancé pour assujettir le pays. L'unique souvenir de ce roi allemand est un gâteau nommé le bavarois.


Elia Kazan a lui autre chose à dire. Toujours avec des extraits de America America, il évoque l'éclatement non pas de la Nation grecque mais du peuple grec. Il fait naître la fin de la Grèce avec la guerre des Dardanelles fabriquée par la Grande-Bretagne. Il raconte, encore une fois, l'exil de sa famille, de ses oncles, de son père « another flash-back Mister Kazan » demande un robot. Comme si la mémoire défaillait et qu'il fallait encore une fois raconter.











Aucun commentaire: