Dans
le banquet initial, dans une université française, organisé pour
lancer L'Héritage de la chouette, le premier mot grec tiré
au sort était « autopsie » (sa propre introspection),
mais par un astucieux stratagème digne du marabout-de-ficelle cher à
Agnès Varda, la plus grecque des cinéastes françaises et une amie
fidèle de Chris Marker, on passe à l'amnésie, la perte de mémoire,
sa reconquête et en conséquence de l'histoire, avec un grand H bien
entendu.
André
Dussolier, plus présent en voix off que dans les deux précédents
épisodes, peut ironiser sur le fait que le fait d'arme politique
grec le plus connu à l'étranger est la manifestation contre l'homme
politique qui fût en 1970 le héros de Z de Costa Gavras.
Chris Marker joint Yves Montand en train de s'effondrer lors de son
assassinat, plans au ralenti et en couleur (images de fiction) à des
plans en noir et blanc des manifestation (images documentaires).
En
Grèce, le folklore de Zorba le Grec ou de Jamais le
dimanche de Jules Dassin côtoie celui des Colonels qui ont pris
le pouvoir dans les années 1960. ils sont beaux en uniformes bleus à
danser avec ces jeunes femmes en costumes traditionnels. Le tourisme
a vite repris, c'est un défilé de touristes sur l'Acropole, aucun
d'entre eux ne remarque que la Grèce est une dictature, ils ne
voient pas les défilés des militaires. Ils ne s'intéressent pas à
l'histoire contemporaine mais à l'Acropole.
L'amnésie
c'est la confusion de la fiction avec l'Histoire. Vassilis Vassilikos
prend 10 minutes, dit-il en s'adressant à Chris Marker, pour
raconter comment la Grèce moderne a pris son indépendance, pourquoi
un prince Bavarois qui ne causait pas un mot de grec a été choisi
pour devenir le roi, comment les intérêts des Anglais, des
Soviétiques, des Américains ont successivement manigancé pour
assujettir le pays. L'unique souvenir de ce roi allemand est un
gâteau nommé le bavarois.
Elia
Kazan a lui autre chose à dire. Toujours avec des extraits de
America America, il évoque l'éclatement non pas de la Nation
grecque mais du peuple grec. Il fait naître la fin de la Grèce avec
la guerre des Dardanelles fabriquée par la Grande-Bretagne. Il
raconte, encore une fois, l'exil de sa famille, de ses oncles, de son
père « another flash-back Mister Kazan » demande un
robot. Comme si la mémoire défaillait et qu'il fallait encore une
fois raconter.
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