vendredi 8 février 2019

L'Héritage de la chouette, 4 Nostalgie (Chris Marker, 1989)


Théo Angeloupoulos se marre tout seul. Chris Marker a choisi de le filmer dans un parc où jouent des enfants et le cinéaste constate que les mioches ont tous des prénoms issus de personnages de l'Odyssée et autres récits antiques « Orphée, Prométhée, Diogène, Perséphone ». C'est étonnant tout de même qu'en plus de 2000 ans, les parents donnent à leurs enfants encore ces prénoms qui sont si chargés de récit, d'histoire et de souvenirs.

C'est que le Grec est un homme de voyage et de trajet, un homme qui quitte sa patrie pour aller ailleurs. Les premières images de ce quatrième épisode sont des extraits d'un film muet italien de 1911, une adaptation de L'Odyssée. Un film bourré d'effets spéciaux (sur la gauche des sirènes, sur la droite des monstres féroces), il faudra que je le trouve. Logiquement dès qu'il voyage, il crée des souvenirs et devient apatride donc invente la nostalgie.

C'est America America d'Elia Kazan qui est l'Odyssée moderne, du milieu de l'Anatolie. « Grec par les origines, Turc par la naissance et Américain parce que mon oncle a fait un voyage » vers ce pays qui est pour lui la démocratie. Quant à George Steiner, il a une phrase qui va mettre en colère la Fondation Onassis, la partie grecque de la production de la série. Chris Marker dépose en fin d'épisode un petit carton ironique.


Il est beaucoup question de patrie dans cette évocation de la nostalgie, comme il était beaucoup question de peuple et d'état dans la démocratie. La nostalgie vient pour l'apatride, encore et toujours cette notion de quitter la terre natale, celle des ancêtres et de s'en souvenir, de l'écrire à nouveau dans les légendes, dans les livres d'histoire ennuyeux ou dans les films. La nostalgie c'est l'invention du road movie et l'on comprend pourquoi Ulysse s'était perdu.












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