Théo
Angeloupoulos se marre tout seul. Chris Marker a choisi de le filmer
dans un parc où jouent des enfants et le cinéaste constate que les
mioches ont tous des prénoms issus de personnages de l'Odyssée et
autres récits antiques « Orphée, Prométhée, Diogène,
Perséphone ». C'est étonnant tout de même qu'en plus de 2000
ans, les parents donnent à leurs enfants encore ces prénoms qui
sont si chargés de récit, d'histoire et de souvenirs.
C'est
que le Grec est un homme de voyage et de trajet, un homme qui quitte
sa patrie pour aller ailleurs. Les premières images de ce quatrième
épisode sont des extraits d'un film muet italien de 1911, une
adaptation de L'Odyssée. Un film bourré d'effets spéciaux (sur la
gauche des sirènes, sur la droite des monstres féroces), il faudra
que je le trouve. Logiquement dès qu'il voyage, il crée des
souvenirs et devient apatride donc invente la nostalgie.
C'est
America America d'Elia Kazan qui est l'Odyssée moderne, du
milieu de l'Anatolie. « Grec par les origines, Turc par la
naissance et Américain parce que mon oncle a fait un voyage »
vers ce pays qui est pour lui la démocratie. Quant à George
Steiner, il a une phrase qui va mettre en colère la Fondation
Onassis, la partie grecque de la production de la série. Chris
Marker dépose en fin d'épisode un petit carton ironique.
Il
est beaucoup question de patrie dans cette évocation de la
nostalgie, comme il était beaucoup question de peuple et d'état
dans la démocratie. La nostalgie vient pour l'apatride, encore et
toujours cette notion de quitter la terre natale, celle des ancêtres
et de s'en souvenir, de l'écrire à nouveau dans les légendes, dans
les livres d'histoire ennuyeux ou dans les films. La nostalgie c'est
l'invention du road movie et l'on comprend pourquoi Ulysse s'était
perdu.
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