Il
y a presque 30 ans de cela, le titre de la critique de Colette
Mazabrard sur I want to go home d'Alain Resnais était « la
modernité d'être vieillot ». C'est exactement ce que j'ai
pensé en regardant A cause des filles ..? Deux des précédents
films de Pascal Thomas (Nous allons vivre une très très grande
histoire d'amour puis Valentin Valentin) étaient bercés
par l'inexpérience de leurs jeunes interprètes, en tête Julien
Doré et Vincent Rotiers. Etre vieillot passe chez Pascal Thomas par
une forme d'apparence simple, le film à sketches, d'autres
rétorqueront que c'est un film choral. Beaucoup d'acteurs,
d'actrices, de comédiens et comédiennes, d'autres pas du tout
acteurs mais qui semblent être des bons amis du cinéaste, Eric
Neuhoff du Figaro qui converse au café ou Frédéric Beigbeder.
C'est
par lui que le récit s'enclenche. Beigbeder ne dit pas un seul mot,
rôle muet, comme le remarque astucieusement le générique de fin,
mais en plus il se tire dès le début du film, juste après une
cérémonie du mariage. En blanc s'il vous plaît. Une maîtresse à
bord d'une voiture vient l'enlever. C'est donc une absence qui crée
chez Pascal Thomas la narration. Tous les invités restent au repas
de noces donné au bord d'une place ventée. Cette absence de ce qui
aurait dû être le héros de A cause des filles ..? ramène
chez chaque invité des souvenirs et ce sont ces histoires qui vont
être montrées. Comme autant de récit sur la frustration sexuelle
et amoureuse, des récits tournés vers le passé. Le film s'éloigne
assez vite de l'aspect strictement choral pour une mise en scène
plus souple et plus nuancée.
Aucune
répercussion des récits les uns sur les autres. Mieux que cela,
Pascal Thomas nous dispense de toute morale (on laisse à Alejandro
Gonzalez Inarittu et autres nouveaux prodiges modernes). C'est le
simple plaisir de la narration qui tient lieu de morale, et aussi le
plaisir d'écouter une histoire bien racontée. Ça n'a l'air de rien
mais j'en venais à penser qu'il n'y avait plus que Hollywood pour
savoir raconter une simple histoire. Car attention, plus les
histoires sont invraisemblables (celles de José Garcia, celle de
François Morel et Rossy de Palma, celle de la prof délurée) plus
Pascal Thomas les ancre dans un environnement familier (librairie,
lycée, cuisine), la fantaisie en est irrésistible et vire, dans la
dernière partie la moins réussie, dans un fantastique
paradoxalement plus banal.
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