Mabel au volant (Mabel Normand, 1914)

Entre Mabel's strange predicament et Mabel at the wheel, Charlie Chaplin a tourné dans six films de Mack Sennett pour la Keystone où il passe son temps à ronger son frein, conscient de l'inconsistance de ces courtes bobines tournées en une journée pour remplir les salles de cinéma. Il ne se passe que deux mois entre ces deux films où la voiture et la vitesse sont au centre du burlesque. En ce sens, le titre Mabel au volant porte bien son titre. Elle-même conduira une voiture de course dans la deuxième partie.

Mabel Normand est amoureuse d'un coureur automobile que joue, comme dans Mabel's strange predicament l'acteur souriant Harry McCoy qu'apprécie celui qui incarne le père de Mabel le fameux moustachu Chester Conklin. Le petit ami conduit une voiture mais son adversaire se déplace en moto. Cet adversaire est campé par Charlie Chaplin qui troque son chapeau melon pour un haut de forme. Il joue ici un homme particulièrement pénible qui se met à enquiquiner tout le monde.

Voiture ou moto, Mabel a du mal à choisir alors elle teste les deux. Assise derrière Charlot qui commence à foncer, elle tombe au milieu du parcours et s'écrase dans la seule flaque du chemin. On remarque que Mabel Normand, réalisatrice ce burlesque de 23 minutes, pratique le travelling. Une caméra est embarquée sur un véhicule qui filme d'abord la moto de Charlot dans la première partie puis la course automobile dans la seconde. Ces travellings donnent une fluidité aux trajets des véhicules.

Le jeu de Chaplin, dans le premier quart d'heure se limite à de nombreuses grimaces et à des mimiques qui expriment le caractère méchant de son personnage (puisqu'il veut voler Mabel au bel homme). Charles Chaplin et Mabel Normand se sont beaucoup disputés pendant le tournage expliquent les historiens du cinéma, elle ne voulait pas qu'il développe son comique habituel mais c'est évidemment Charlot qui emporte le morceau dans ce film bien faible en comique où il se contente de piquer le cul des gens avec une épingle.