Rétrospectivement,
on décèle toute l'ironie de Charlie Chaplin dans un film comme
Caught in the rain (Charlot et la somnambule), officiellement
d'après les copyrights de MPAA le premier film écrit et réalisé
par l'acteur. Je me fais une joie de penser que ce scénario
tellement dans la ligne éditoriale de Mack Senett et de la Keystone
a pour but de donner entière satisfaction au patron mais aussi de
lui montrer qu'il sait aussi bien faire que les tâcherons
habituellement embauchés pour tourner ces bobines burlesques. Plus
que savoir aussi bien faire, Chaplin sait mieux faire que Henry
Lehrman, Ford Sterling ou Mabel Normand. Il veut son indépendance et
pour ça, il doit convaincre qu'on lui la donne avec ce film,
pot-pourri de burlesque.
Le
programme de Caught in the rain était
connu de chaque spectateur, il aura tout ce qui fait la renommée du
splastick Keystone. Un parc où se situe l'action, toujours le même
avec à droite la boutique de sodas et à gauche le lac où Charlot
va faire plonger ceux qui se mettent en travers de son coup de pied.
Entre les deux bancs, une dame (Alice Davenport) à draguer avec
force circonvolutions. Ici, la dame est harcelée par un Charlot
taquin qui roucoule à ses côtés, il ne cesse jamais de modifier sa
position sur le banc, il va jusqu'à s'étaler sur elle pendant que
le mari, le fameux Mack Swain avec sa forte corpulence et sa grosse
moustache est allé acheter une boisson. Il revient plus furieux que
jamais.
Quelques
baffes plus tard, Charlot s'est enquillé de nombreux verres
d'alcool. Le film sait comment faire plaisir au spectateur et Charlot
mimait l'ivresse, titubant dans le hall d'un hôtel puis glissant
dans les escaliers, c'est le rire garanti, c'est le rythme qui frappe
le plus dans ces 12 minutes même si le final reprend les quiproquos
des chambres voisines de Mabel's strange predicament (cette
fois la femme est somnambule et se glisse dans la chambre de
Charlot). Tout se termine avec les policemen que Charlot et Mack
Swain se font un plaisir de renverser comme des quilles de bowling.
Maintenant que Chaplin a montré sa maîtrise des codes à son
patron, il va pouvoir changer de braquet et créer son propre cinéma.
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