mardi 27 août 2019

Charlot et la somnambule (Charles Chaplin, 1914)

Rétrospectivement, on décèle toute l'ironie de Charlie Chaplin dans un film comme Caught in the rain (Charlot et la somnambule), officiellement d'après les copyrights de MPAA le premier film écrit et réalisé par l'acteur. Je me fais une joie de penser que ce scénario tellement dans la ligne éditoriale de Mack Senett et de la Keystone a pour but de donner entière satisfaction au patron mais aussi de lui montrer qu'il sait aussi bien faire que les tâcherons habituellement embauchés pour tourner ces bobines burlesques. Plus que savoir aussi bien faire, Chaplin sait mieux faire que Henry Lehrman, Ford Sterling ou Mabel Normand. Il veut son indépendance et pour ça, il doit convaincre qu'on lui la donne avec ce film, pot-pourri de burlesque.

Le programme de Caught in the rain était connu de chaque spectateur, il aura tout ce qui fait la renommée du splastick Keystone. Un parc où se situe l'action, toujours le même avec à droite la boutique de sodas et à gauche le lac où Charlot va faire plonger ceux qui se mettent en travers de son coup de pied. Entre les deux bancs, une dame (Alice Davenport) à draguer avec force circonvolutions. Ici, la dame est harcelée par un Charlot taquin qui roucoule à ses côtés, il ne cesse jamais de modifier sa position sur le banc, il va jusqu'à s'étaler sur elle pendant que le mari, le fameux Mack Swain avec sa forte corpulence et sa grosse moustache est allé acheter une boisson. Il revient plus furieux que jamais.


Quelques baffes plus tard, Charlot s'est enquillé de nombreux verres d'alcool. Le film sait comment faire plaisir au spectateur et Charlot mimait l'ivresse, titubant dans le hall d'un hôtel puis glissant dans les escaliers, c'est le rire garanti, c'est le rythme qui frappe le plus dans ces 12 minutes même si le final reprend les quiproquos des chambres voisines de Mabel's strange predicament (cette fois la femme est somnambule et se glisse dans la chambre de Charlot). Tout se termine avec les policemen que Charlot et Mack Swain se font un plaisir de renverser comme des quilles de bowling. Maintenant que Chaplin a montré sa maîtrise des codes à son patron, il va pouvoir changer de braquet et créer son propre cinéma.













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