L'un
de mes amis, par ailleurs l'un des meilleurs spécialistes du cinéma
LGBT en France (on va l'appeler Didier) poste souvent sur sa page
Facebook des courts textes pour se rappeler des anniversaires de
célébrités. Comme il cherche depuis des années à écrire un
livre sur Rudolph Valentino, il a rappelé que l'acteur est décédé
le 23 août 1926. il ne m'en faut pas plus pour me plonger dans son
ultime film, Le Fils du cheik qui sortira sous les pleurs de
ses admiratrices quelques jours après sa mort.
Dans
cette suite exotique de son plus gros succès public, Rudolph
Valentino incarne désormais Ahmed et pour son entrée dans le film,
il a droit à un gros plan où son sourire enjôleur empli tout le
cadre. Il offre son plus beau profil (le gauche) à ses spectatrices
puisque paraît-il les salles étaient remplies de jeunes femmes, et
de moins jeunes sans doute, venues admirer la plastique irréprochable
du jeune acteur. Il n'avait que 31 ans mais son personnage d'Ahmed
est censé n'avoir que 20 ans à peine, un fougueux jeune homme qui
n'a peur de rien et qui séduit toutes les femmes qui l'entourent.
Le
scénario du Fils du cheik se réduit à quelques phrases.
Dans sa ville située au sud d'Alger, son regard de braise croise
celui d'une jeune femme. Elle s'appelle Yasmin et c'est l'actrice
hongroise Vilma Banky qui joue cette jeune algérienne fille d'un
renégat français, dixit les intertitres. Elle subvient aux besoins
des comparses de son père en allant danser dans les villes. C'est là
qu'Ahmed la repère et tombe amoureux d'elle. Evidemment, c'est
réciproque. Seulement voilà, elle vit avec des gens bien peu
honnêtes au milieu du désert et Ahmed, tout à sa passion pour
elle, va la rejoindre. Les gredins veulent l'enlever.
Il
faut dire un petit mot sur cette bande qui entoure ce renégat. Ils
sont tout méchants mais l'un d'eux est la caution comique du film,
un personnage burlesque qui se prend de nombreux coups de pied au
cul, qui subit toutes les humiliations. Il est joué par Karl Dane,
un acteur danois, et développe un burlesque constant qui contraste
avec le jeu de l'autre méchant, incarné par Montagu Love, méchant
violent et vicieux. Il frappe ses hommes et fomente l'enlèvement du
jeune Ahmed pour exiger une rançon. Plus grave, il fera croire que
Yasmin lui a fait croire qu'elle est tombé amoureuse pour l'enlever.
Pauvre
Ahmed qui se retrouve attaché dans des ruines au milieu d'un oasis.
La scène offre une idée de l'érotisme tel qu'il était pratiqué à
Hollywood en 1926. Rudolph Valentino a la chemise et prend des poses
lascives et s'arme de son regard le plus endiablé pour exprimer son
grand mécontentement. Chemise ouverte sur son torse glabre, les
méchants lui assènent quelques coups de fouet sur le poitrail. Ce
sera de tout le film (très court par ailleurs) le seul instant où
la peau de l'acteur est visible. Jamais il ne se déshabillera tout
juste montrera-t-il plus tard ses pectoraux quand il enlève sa cape.
Les
spectatrices voulaient voire Rudolph Valentino dans un beau rôle
romantique, elle l'ont. Mieux que cela, l'acteur joue deux rôle, le
fils et le père qui intervient dans la seconde moitié du récit. Ce
qui donne droit à quelques effets spéciaux quand les deux Rudolph
sont dans le même plan, notamment l'un où le père pose son bras
sur l'épaule du fils, grâce à un astucieux effet de transparence.
Il désapprouve totalement la romance de son fils mais il se
rappellera grâce à son épouse que lui aussi, jadis, dans sa
jeunesse, faisait preuve d'une belle fougue. Unis, ils parviennent à
sauver Yasmin des gredins qui lui voulaient du mal.
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