vendredi 16 août 2019

Free Hong Kong

L'une des raisons qui m'ont poussé à arrêter mon blog sur les cinémas asiatiques est la censure exercée par la Chine sur le cinéma de Hong Kong. Pékin ne souhaite pas que certains sujets soient abordés par les cinéastes de Hong Kong et certains des ces sujets étaient la base des meilleurs films du cinéma cantonais : en tout premier lieu la corruption de la police et les héros issus des triades. Les cinéastes pouvaient parler des ces sujets dans leurs films mais dans ce cas, ils n'étaient plus distribués en Chine, les privant d'un énorme marché. Cela s'appelle dont de le censure économique, c'est le nerf de la guerre des dictateurs et la Chine est une dictature. Contrôler le cinéma (et accessoirement le sport) est l'obsession de Pékin, outre les sujets tabou, il s'agit d'imposer des figures et des corps anecdotiques au public de Hong Kong et de faire entendre la langue dominante. On se retrouve désormais avec des films bilingues, cantonais et putonguah (mandarin), avec des starlettes et des jeunes premiers à peine dignes d'un concours de karaoké et des sujets bourgeois. Même Johnnie To est tombé dans ce piège mortifère avec Don't go breaking my heart, une insupportable comédie romantique sur le travail. En ce moment, sur les réseaux sociaux ça pullule d'articles où des stars et des vedettes du cinéma de Hong Kong et de la Chine affirment soutenir la police et le gouvernement central. Et pas des moindres. Jackie Chan est à la tête de ce mouvement. Ça fait des années qu'il a vendu son âme au plus offrant (et ça ne va pas m'empêcher de faire une rétrospective de ses films sur mon blog) mais là, il cède encore du terrain. Tony Leung Ka-fai (pas l'acteur de In the mood for love, l'autre Tony comme disent ceux qui n'y connaissent rien) qui a pourtant joué des parrains de triades dans des chefs d’œuvre (Election de Johnnie To, The Triad zone de Dante Lam – son meilleur film) et voit ainsi son panel de rôles diminuer, soutient aussi la politique de répression et de censure de Pékin. Cette semaine, les internautes appellent au boycott film en live Mulan parce que l'actrice du rôle titre Liu Yifei a également vendu son âme et soutient la police. Il ne s'agit pas seulement de démocratie sans cesse plus menacée par la gouverneure et Pékin mais d'enjeux économiques, tous ces gens préfèrent sacrifier un pays, désormais colonie chinoise, plutôt que renoncer à un marché potentiellement phénoménal. La cupidité et l'appât du gain ont détruit le cinéma de Hong Kong et j'ai un peur que cela ne fasse même pas un bon sujet de film de Hong Kong. Aujourd'hui la folie des dirigeants chinois ne se limite pas à s'attaquer seulement au cinéma de Hong Kong mais aux spectateurs de Hong Kong qui ont peur. Le pire dans tout cela, c'est qu'on ne peut rien faire et si ce n'est attendre que les dingos se calment. Ensuite on pourra regarder un bon gros film de triades avec Chow Yun-fat.

1 commentaire:

Jacques Boudineau a dit…

L'autre Tony ? Celui de Madame est servi ?
Sans déc' !!!!
Blague mise à part, article passionnant.