mardi 12 novembre 2019

Soif de justice (Sammo Hung, 1984)

La routine du matin de David (Yuen Biao) et Thomas (Jackie Chan) : le réveil est difficile, chacun sort de son petit lit (on croit qu'ils ont chacun une chambre, mais les deux portes donnent sur une seule pièce), ils passent une tenue sportive et ils commencent l'entraînement à la mode kung-fu. Ils partagent tout y compris le boulot. Ils sont d’honnêtes commerçants et tiennent un restaurant ambulant qui fait le bonheur de leurs clients, le tout dans une voiture hi-tech comme le montre la courte scène où David ouvre électroniquement les portes de leur camionnette.

Pendant ce temps, Moby (Sammo Hung) se dirige vers son nouvel emploi. Il faut admirer le look de Moby, pas seulement dans sa séquence d'ouverture, mais aussi dans tout le film, on frôle constamment le kitsch extrême. Sammo Hung s'affuble régulièrement de tenues ridicules et portent des cheveux bouclés. Il cherche à s'habiller comme dans un film noir. Il exerce d'ailleurs la profession de détective privé et son patron Henry Matt (Herb Edelman, le Stan Zbornak de The Golden girls, mais qui sortait de l'excellent Smörgarbord de Jerry Lewis) lui laisse la direction.

Soif de justice se passe en Espagne pour des raisons aussi incompréhensibles que La Fureur du dragon de Bruce Lee se passait en Italie. En 1984, les Espagnols savaient tous parler cantonais. Cela procure une étrangeté pas déplaisante. C’est ce que nous dit ce film assez moyen de Sammo Hung, bien en deçà de ce qu’il a pu tourner dans cette période phare de la Golden Harvest. A moins qu’en Espagne et à Barcelone en particulier, à cette époque, il se soit trouvé un très large public pour le trio d’acteurs. L’intrigue se déroule donc dans une petite ville de la péninsule.

Moby est engagé par un type portant un chapeau melon, il est forcément bien plus chic que toute la troupe présentée précédemment. Moby doit chercher une jeune femme dont il n’a aucune photo. Dans un montage lourdement alterné, David et Thomas vont visiter à l’asile de fous où habite le père de David, ils font la connaissance de Sylvia (Lola Forner). On va vite comprendre que c’est la fille qui est au cœur des investigations de Moby. Pour l’anecdote, dans cet asile on aperçoit Wu Ma, John Sham et Richard Ng en sympathiques maboules.

Sylvia est au centre d’un héritage. Sa mère avait eu un enfant avec un comte espagnol et elle serait en droit de réclamer l’héritage. Là, des méchants à la solde d’un homme qui veut s’accaparer l’argent du comte vont entrer en scène. Sylvia pour se débrouiller dans la vie est devenue pickpocket. Pour attirer les hommes, elle fait croire qu’elle se prostitue. David et Thomas vont aller plus d’une fois à sa rescousse même si elle leur en fait baver. Parce qu'il faut bien le dire, c'est une jeune femme pénible, capricieuse et égoïste qui fait tout capoter.


Le scénario de Soif de justice est poussif et manque de souffle sans mentionner l'absence de cohérence. Restent les combats que Sammo Hung a évidemment chorégraphiés. Ils sont pour la plupart d’entre eux offerts à Jackie Chan face au brutal Benny Urquidez au regard vicieux et à Yuen Biao qui sont, comme toujours, des maîtres de l’agilité. A mieux regarder, le film est un décalque du schéma classique du film de kung-fu, deux aubergistes, un homme de loi, un noble violent et arrogant qui cherche à s'approprier les biens d'une jeune fille en détresse. Il suffit de s'imaginer que tout se passe dans la Chine ancestrale.































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