La
routine du matin de David (Yuen Biao) et Thomas (Jackie Chan) :
le réveil est difficile, chacun sort de son petit lit (on croit
qu'ils ont chacun une chambre, mais les deux portes donnent sur une
seule pièce), ils passent une tenue sportive et ils commencent
l'entraînement à la mode kung-fu. Ils partagent tout y compris le
boulot. Ils sont d’honnêtes commerçants et tiennent un restaurant
ambulant qui fait le bonheur de leurs clients, le tout dans une
voiture hi-tech comme le montre la courte scène où David ouvre
électroniquement les portes de leur camionnette.
Pendant
ce temps, Moby (Sammo Hung) se dirige vers son nouvel emploi. Il faut
admirer le look de Moby, pas seulement dans sa séquence d'ouverture,
mais aussi dans tout le film, on frôle constamment le kitsch
extrême. Sammo Hung s'affuble régulièrement de tenues ridicules et
portent des cheveux bouclés. Il cherche à s'habiller comme dans un
film noir. Il exerce d'ailleurs la profession de détective privé et
son patron Henry Matt (Herb Edelman, le Stan Zbornak de The
Golden girls, mais qui sortait
de l'excellent Smörgarbord
de Jerry Lewis) lui laisse la direction.
Soif
de justice se passe en
Espagne pour des raisons aussi incompréhensibles que La
Fureur du dragon de
Bruce Lee se passait en Italie. En 1984, les Espagnols savaient tous
parler cantonais. Cela procure une étrangeté pas déplaisante.
C’est ce que nous dit ce film assez moyen de Sammo Hung, bien en
deçà de ce qu’il a pu tourner dans cette période phare de la
Golden Harvest. A moins qu’en Espagne et à Barcelone en
particulier, à cette époque, il se soit trouvé un très large
public pour le trio d’acteurs. L’intrigue se déroule donc dans
une petite ville de la péninsule.
Moby
est engagé par un type portant un chapeau melon, il est forcément
bien plus chic que toute la troupe présentée précédemment. Moby
doit chercher une jeune femme dont il n’a aucune photo. Dans un
montage lourdement alterné, David et Thomas vont visiter à l’asile
de fous où habite le père de David, ils font la connaissance de
Sylvia (Lola Forner). On va vite comprendre que c’est la fille qui
est au cœur des investigations de Moby. Pour l’anecdote, dans cet
asile on aperçoit Wu Ma, John Sham et Richard Ng en sympathiques
maboules.
Sylvia
est au centre d’un héritage. Sa mère avait eu un enfant avec un
comte espagnol et elle serait en droit de réclamer l’héritage.
Là, des méchants à la solde d’un homme qui veut s’accaparer
l’argent du comte vont entrer en scène. Sylvia pour se débrouiller
dans la vie est devenue pickpocket. Pour attirer les hommes, elle
fait croire qu’elle se prostitue. David et Thomas vont aller plus
d’une fois à sa rescousse même si elle leur en fait baver. Parce
qu'il faut bien le dire, c'est une jeune femme pénible, capricieuse
et égoïste qui fait tout capoter.
Le
scénario de Soif
de justice est poussif
et manque de souffle sans mentionner l'absence de cohérence. Restent
les combats que Sammo Hung a évidemment chorégraphiés. Ils sont
pour la plupart d’entre eux offerts à Jackie Chan face au brutal
Benny Urquidez au regard vicieux et à Yuen Biao qui sont, comme
toujours, des maîtres de l’agilité. A mieux regarder, le film est
un décalque du schéma classique du film de kung-fu, deux
aubergistes, un homme de loi, un noble violent et arrogant qui
cherche à s'approprier les biens d'une jeune fille en détresse. Il
suffit de s'imaginer que tout se passe dans la Chine ancestrale.
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