Au
lieu d'étudier les arts martiaux, la calligraphie et la poésie
chinoise, Dragon (Jackie Chan) passe son temps à faire l'école
buissonnière avec son meilleur ami Cowboy (Mars, il a là l'un de
ses rares premiers rôles) qui lui rechigne à apprendre le piano. Le
duo part de chez leurs pères, la mère n'est plus vivante, de la
bonne société. On n'est plus dans une école de kung-fu comme dans
La Hyène intrépide et La Danse du lion et aucun des deux jeunes
hommes ne sont orphelins. Ils sont en revanche de sacrés chenapans
qui n'en font qu'à leur tête.
Ce
sont les facéties qui occupent Dragon et Cowboy. Il faut bien le
reconnaître, les deux acteurs sont déjà trop vieux pour leur rôle,
ils font semblant d'avoir 18 ans et d'être des gamins alors qu'ils
en avaient 10 de plus. Leur jeu favori est de draguer les jeunes
femmes, surtout Alice (Suet Lee) et de pisser dans la rivière. Pour
cela, ils vont la voir au bord de la rivière où elle lave le linge
avec d'autres femmes. Il faut surtout que Dragon et Cowboy évitent
leur père respectif, M. Ho (Tien Feng) et M. Wang (Paul Chang).
C'est un jeu du chat et de la souris.
Ces
moments de comédie lancent le film avec un certain entrain. C'est
aussi que les deux amis sont un peu couillons et semblent se
complaire dans leur adolescence en se chamaillant constamment. Ils ne
veulent pas grandir mais leurs hormones (ils tombent amoureux de la
même jeune fille) et leur père les forcent à grandir. Le gag le
plus amusant est celui du fusil de M. Wang que Dragon et Cowboy
manipulent. Les deux idiots ne savent pas ce que c'est, on dirait
qu'ils découvrent un hochet. Quand le coup part, le plafond leur
tombe sur la tête.
Pendant
ce temps, des contrebandiers ont volé des antiquités et des objets
rares pour les vendre. Ce patrimoine ne doit pas quitter la Chine
déclare Tigre (Michael Chan) et il va faire la guerre à ces anciens
mercenaires tout juste sortis de la guerre civile (dit un des
dialogues). Hélas, ses comparses ne voient pas cela d'un bon œil.
Tigre s'enfuit dans la campagne tandis que le contrebandiers dirigé
par un type à seul œil (Wang In-shik) font la chasse à l'homme
rencontrant les deux jeunes qui eux faisaient la chasse au faisan en
toute insouciance.
Les
progrès faits par Jackie Chan entre La Danse du lion et
Dragon lord sont énormes. Finis les zooms violents et
intempestifs pendant les scènes de combat (le seul zoom est celui
sur l’œil mort du chef des méchants en fin de film). Cela est
surtout visible dans la première grosse scène, celle du volant
d'or, soit une variation de match de football avec un volant orné de
plumes. En place des zooms, Jackie Chan choisit le panoramique qui
permet de filmer l'ensemble de la scène et tous les jeunes gens qui
se déplacent à l'intérieur du cadre.
Ce
long match trouve un écho en fin de film avec un jeu entre quatre
équipes. Ils doivent d'abord aller chercher un ballon ovale en haut
d'une pyramide en bambou (les corps glissent beaucoup, c'est cette
scène qui figure dans le générique de fin comme bêtisier) puis
ils se battent sur le terrain, là les corps volent et virevoltent.
C'est d'une rapidité et d'une efficacité redoutable mais aussi
d'une certaine violence et d'une brutalité primaire, du rugby
primitif. Cette séquence ultime de Dragon lord est totalement
déconnectée du reste du film.
Le
récit est chaotique, mal ficelé, Jackie Chan passe d'une situation
à une autre sans transition. Il oublie un pan narratif (celui
d'Alice) et y revient 30 minutes plus tard. À vrai dire, peu
importe, ce qui compte dans son troisième film est le peaufinage de
son style et l'élaboration de ses chorégraphies. Dans La Danse
du lion, comme dans un Shaw Brothers, le combat final était en
pleine nature, dans Dragon lord, il se déplace dans un
entrepôt pour utiliser les objets qui se trouvent sous sa main.
C'est pas encore abouti mais c'est déjà très réussi.
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