Bill
Paxton était l'un des meilleurs seconds rôles du cinéma
hollywoodien. Sa mort survenue le 25 février 2017 à l'âge de 61
ans me rappelle combien son personnage de Simon dans True lies
était l'un des plus jouissifs du film de James Cameron. Certes,
l'acteur avait eu quelques premiers rôles. Je pense à l'excellent
Un plan simple de Sam Raimi en 1999, film un peu oublié du
cinéaste, l'un de ses meilleurs selon moi, déclinaison de
l'angoisse blanche héritée de Fargo des frères Coen. Un
punk dans Terminator, un soldat dans Aliens, le
chercheur d'épave dans Titanic, c'est donc un habitué des
films de James Cameron. Bill Paxton a réalisé deux films, Emprise
et Un parcours de légende.
Dans
True lies, James Cameron mélange deux films, tour d'abord un
récit d'espionnage où Harry Tasker (Arnold Schwarzenneger)
travaille en duo avec Gibson (Tom Arnold). Dans une Suisse enneigée,
on suit l'intervention du super espion qui nage sous la glace d'un
lac gelé, en sort et, enlevant sa combinaison, révèle un costume
nœud papillon. Il entame sa mission au milieu d'une réception très
mondaine où la maîtresse de cérémonie Juno Skinner (Tia Carrère)
le remarque. Avant que la chasse à l'homme avec force coups de
mitraillette ne s'engage, Juno et Harry se lance dans une danse. Ce
contraste est la clé du film, il passe d'un élément à un autre
avec harmonie et décontraction, de l'espion au danseur, du mensonge
à la vérité.
Derrière
le film d'espionnage typique de l'action movie des années 1990 se
cache une comédie matrimoniale à haute teneur comique. Harry est
marié à Helen (Jamie Lee Curtis) qui ignore tout des activités de
son mari. Elle croit qu'il est représentant de commerce. Epoux
attentionné, mais menteur, il fait tout, avec la complicité de
Gibson, pour maintenir sa double vie. Après chaque mission, il
glisse des faux tickets de caisse dans sa veste, ramène des cadeaux
du lieu où il est censé s'être rendu, il ne se plaint pas quand
Helen touche le corps blessé de Harry, et surtout, il n'oublie
jamais de convenir de petits rendez-vous à déjeuner. Justement,
Harry décide de faire une surprise à sa femme et d'aller la voir là
où elle travaille. Et là, c'est le drame conjugal pour son couple
et la comédie du mariage pour le spectateur.
C'est
à ce moment qu'intervient le personnage de Bill Paxton. Pendant une
demi-heure, True lies se transforme en formidable vaudeville
(et à l'époque personne ne pensait que James Cameron serait capable
de s'épanouir dans la comédie). Helen vit également une double vie
et Harry surprend un coup de téléphone qu'elle donne à un certain
Simon. Il entend qu'elle a rendez-vous avec Simon et quitte
précipitamment son bureau avec un très large sourire ce qui énerve
encore plus son époux. Qui va-telle rejoindre ? Qui est ce
Simon ? Est-ce qu'elle trompe Harry ? Toutes ces questions
explosent dans la grosse tête de Harry, qui décide, en forçant son
collègue, de suivre sa femme, de la mettre sur écoute (ce qui est
illégal, on le sait tous) puis de tendre un piège à la fois à
Helen et à Simon.
L'admirable
Helen s'est faite embobiner par Simon qui veut la mettre dans son
lit. Avec un haut sens de l'ironie, James Cameron fait de ce vendeur
de voiture minable (que Harry va rencontrer en se faisant passer pour
un client) vivant dans un mobile home, un espion. En tout cas, il se
présente comme tel à Helen, ravie de servir son pays et de sortir
de son quotidien. Elle affirme que ce n'est pas Harry, si gentil, si
calme, si conformiste qui pourrait être un espion. Au milieu de ce
vaudeville, James Cameron filme cet écrin cinématographique qu'est
la scène du strip tease de Jamie Lee Curtis. Après moult péripéties
avec des terroristes et un sauvetage de la fille du couple en avion,
Helen et Harry font désormais équipe et retrouve Simon dans une
réception similaire à celle du début où le gars continue son
œuvre de bonimenteur et de dragueur de pacotille.
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