vendredi 3 mars 2017

True lies (James Cameron, 1994)


Bill Paxton était l'un des meilleurs seconds rôles du cinéma hollywoodien. Sa mort survenue le 25 février 2017 à l'âge de 61 ans me rappelle combien son personnage de Simon dans True lies était l'un des plus jouissifs du film de James Cameron. Certes, l'acteur avait eu quelques premiers rôles. Je pense à l'excellent Un plan simple de Sam Raimi en 1999, film un peu oublié du cinéaste, l'un de ses meilleurs selon moi, déclinaison de l'angoisse blanche héritée de Fargo des frères Coen. Un punk dans Terminator, un soldat dans Aliens, le chercheur d'épave dans Titanic, c'est donc un habitué des films de James Cameron. Bill Paxton a réalisé deux films, Emprise et Un parcours de légende.

Dans True lies, James Cameron mélange deux films, tour d'abord un récit d'espionnage où Harry Tasker (Arnold Schwarzenneger) travaille en duo avec Gibson (Tom Arnold). Dans une Suisse enneigée, on suit l'intervention du super espion qui nage sous la glace d'un lac gelé, en sort et, enlevant sa combinaison, révèle un costume nœud papillon. Il entame sa mission au milieu d'une réception très mondaine où la maîtresse de cérémonie Juno Skinner (Tia Carrère) le remarque. Avant que la chasse à l'homme avec force coups de mitraillette ne s'engage, Juno et Harry se lance dans une danse. Ce contraste est la clé du film, il passe d'un élément à un autre avec harmonie et décontraction, de l'espion au danseur, du mensonge à la vérité.

Derrière le film d'espionnage typique de l'action movie des années 1990 se cache une comédie matrimoniale à haute teneur comique. Harry est marié à Helen (Jamie Lee Curtis) qui ignore tout des activités de son mari. Elle croit qu'il est représentant de commerce. Epoux attentionné, mais menteur, il fait tout, avec la complicité de Gibson, pour maintenir sa double vie. Après chaque mission, il glisse des faux tickets de caisse dans sa veste, ramène des cadeaux du lieu où il est censé s'être rendu, il ne se plaint pas quand Helen touche le corps blessé de Harry, et surtout, il n'oublie jamais de convenir de petits rendez-vous à déjeuner. Justement, Harry décide de faire une surprise à sa femme et d'aller la voir là où elle travaille. Et là, c'est le drame conjugal pour son couple et la comédie du mariage pour le spectateur.

C'est à ce moment qu'intervient le personnage de Bill Paxton. Pendant une demi-heure, True lies se transforme en formidable vaudeville (et à l'époque personne ne pensait que James Cameron serait capable de s'épanouir dans la comédie). Helen vit également une double vie et Harry surprend un coup de téléphone qu'elle donne à un certain Simon. Il entend qu'elle a rendez-vous avec Simon et quitte précipitamment son bureau avec un très large sourire ce qui énerve encore plus son époux. Qui va-telle rejoindre ? Qui est ce Simon ? Est-ce qu'elle trompe Harry ? Toutes ces questions explosent dans la grosse tête de Harry, qui décide, en forçant son collègue, de suivre sa femme, de la mettre sur écoute (ce qui est illégal, on le sait tous) puis de tendre un piège à la fois à Helen et à Simon.

L'admirable Helen s'est faite embobiner par Simon qui veut la mettre dans son lit. Avec un haut sens de l'ironie, James Cameron fait de ce vendeur de voiture minable (que Harry va rencontrer en se faisant passer pour un client) vivant dans un mobile home, un espion. En tout cas, il se présente comme tel à Helen, ravie de servir son pays et de sortir de son quotidien. Elle affirme que ce n'est pas Harry, si gentil, si calme, si conformiste qui pourrait être un espion. Au milieu de ce vaudeville, James Cameron filme cet écrin cinématographique qu'est la scène du strip tease de Jamie Lee Curtis. Après moult péripéties avec des terroristes et un sauvetage de la fille du couple en avion, Helen et Harry font désormais équipe et retrouve Simon dans une réception similaire à celle du début où le gars continue son œuvre de bonimenteur et de dragueur de pacotille.


































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