mardi 7 mars 2017

Les Arnaqueurs (Stephen Frears, 1990)

La mère, son fils et la petite-amie. Lilly (Anjelica Huston), Roy (John Cusack) et Myra (Annette Bening) sont des personnages de film noir égarés dans le Los Angeles de 1990 (il faut apprécier la manière de prononcer le nom de la ville par Anjelica Huston). Robes unies, costume sombre (et inversement), Cadillac, lunettes noires, volutes de fumée, jeu sur les ombres, Stephen Frears s'amuse comme un petit fou à faire des Arnaqueurs un monde de mensonge et d'arnaques. Sans oublier la fabuleuse musique d'Elmer Bernstein, évidemment très hitchcockienne.

Trois arnaqueurs, trois modes opératoires. Lilly bosse pour Bobo (Pat Hingle), un bookmaker et écume les champs de course de turf où elle parie sur des chevaux tocards pour faire monter les cotes puis récupère les tickets abandonnés. Roy est un petit escroc qui opère dans les bars en tendant des billets de 20$ mais en donnant un billet de 10$. Myra utilise ses charmes indéniables pour annuler ses dettes et ses créances. Mon personnage préféré est clairement celui d'Anjelica Huston avec ses cheveux courts blonds peroxydés.

La plus belle scène des Arnaqueurs, l'une des plus éprouvantes voit Lilly confrontée à Bobo. Il lui rend visite, une visite qu'elle place sous le signe du danger, elle a raison, l'air de son patron n'est pas à l'amitié mais à la punition. Il pense qu'elle lui vole de l'argent, il a raison. Il demande si elle sait quels dommages fait un coup dans l'estomac donné par un paquet d'oranges plié dans une serviette. Il demande, menaçant, de préparer cette serviette et ces oranges. Bobo ne la frappera pas, il brûlera le dos de sa main avec son cigare.

Si Bobo lui en veut, c'est que Lilly n'a pas pu parier au turf de La Jolla pour aider son fils dont l'une des arnaques s'est soldée par un solide coup de batte de baseball dans l'estomac. Si tous deux sont unis dans les blessures et meurtris, leur relation est médiocre. Au détour d'une conversation, autant de dialogues de sourds entre eux, on apprend que Lilly a eu Roy a 14 ans, qu'elle le faisait passer pour son petit frère. Ce qu'appuie Stephen Frears, au long du récit, est la possibilité de l'inceste entre la mère et le fils.

Pour envenimer encore plus les choses, Myra sent bien que Lilly ne peut pas la voir en peinture. L'animosité est palpable entre elles et Roy a choisi son camp, ce sera celui de Myra. Enfin Myra aime l'argent plus que quiconque, ce qui ne l'empêcher de tenter de convaincre Roy, avec une partie de jambes en l'air (Annette Bening apparaît plusieurs fois entièrement nue), d'accepter une affaire comme celle qu'elle faisait avec son ancien mec. Ce qui offre un flash-back magnifique sur ses arnaques à l'immobilier et son pouvoir de séduction.

Le finale des Arnaqueurs est un époustouflant hommage à Psychose, sa première partie avec Marion Crane qui fuit et va se réfugier dans un motel minable de Phoenix. Le personnage d'Anjelica Huston fait la même chose. Lilly est poursuivie par les sbires de Bobo comme par Myra qui veut piquer l'argent qu'elle planque dans le coffre. Lilly, elle, vole le fric de son fils qu'il cache derrière deux hideuses peintures de clown (au moins personne ne risque de dérober ces tableaux). Le fric, la mort, l'amour fou, tout cela finira très mal.




























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