mercredi 29 mars 2017

Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939)

Entre les femmes et les avions, Geoff Carter (Cary Grant) a choisi ces derniers. Il a fondé une compagnie aérienne au beau milieu d'une zone montagneuse dans l'Amérique du sud, Barranca Airlines. Ses missions consistent à délivrer le courrier, secourir les blessés isolés sur les sommets ou livrer des colis divers et variés. Sous ses ordres, une demi-douzaine de pilotes chevronnés et célibataires, tout comme Geoff, des durs à cuire et des dragueurs invétérés.

Un beau jour, un navire débarque à Barranca et du bateau sort la jeune et jolie Bonnie Lee (Jean Arthur). Dès qu'elle pose le pied sur la terre ferme, deux pilotes Les (Allyn Joslyn) et Joe (Noah Berry Jr) commencent à se disputer ses charmes. Elle n'en demandait pas tant. Mais parce qu'elle a quelques heures avant le départ du navire et que les deux gars lui ont promis un « steak américain », elle se laisse inviter au boui-boui tenu par Dutchy (Sig Rumman).

Le steak devra attendre car Joe se voit confier le courrier qui doit partir. Geoff lui en donne l'ordre quand bien même le temps est mauvais. Du haut de son nid d'aigle, éloigné de Barranca et assurant la liaison, Tex (Donald Barry) confirme l'orage qui gronde. Ce personnage isolé apportera quelques agréables moments de comédie notamment lorsque son âne prénommé Napoléon lui tient compagnie dans sa cabane et qu'il lui aura mangé sa ceinture. Mais pour l'instant, c'est l'heure pour Joe de piloter.

Les 40 premières minutes de Seuls les anges ont des ailes (soit les deux premières bobines) sont filmées par Howard Hawks presque en temps réel et permettent au cinéaste d'appuyer son récit de touches quasi documentaires sur la vie des pilotes. Il alterne les scènes de suspense (Joe va-t-il s'en sortir malgré le mauvais temps) avec des pauses comiques (Bonnie se met au piano, 15 personnes autour d'elle pour entonner et jouer une chanson joyeuse « Peanut vendor », Geoff assis au milieu crie « Peanut » comme le loup de Tex Avery).

Le caractère du chef de la Barranca Airlines est complexe. Il dédaigne largement Bonnie Lee en qui il ne voit qu'une aventurière prête à séduire ses deux pilotes. Elle décèle immédiatement que le cœur de Geoff a été brisé par une femme. A la mort de Joe dans un crash, Geoff continue de vivre comme si de rien n'était, attitude que ne comprend pas Bonnie. Cary Grant joue le bourru, une composition inhabituelle, avant de s'adoucir au contact de Bonnie Lee qui décide de ne pas reprendre son navire.

A la mort de Joe, un nouveau pilote est engagé, MacPherson (Richard Barthelmess), une vieille connaissance, détesté de tous pour avoir abandonner son mécanicien dans un avion en flammes. Geoff lui confie les vols les plus ingrats, rapatrier un malade, transporter de la nitro. Chaque vol est l'occasion pour Howard Hawks de créer du suspense et de la tension. Lui-même pilote, le cinéaste cherchait à mettre en scène avec le plus grand réalisme possible les vols.

MacPherson n'est pas arrivé seul à Barranca. Il est venu avec son épouse Judy (Rita Hayworth) qui ignore tout du passé de son mari (le film joue sur les deux noms de MacPherson, il a pris un pseudonyme). Or Judy a été cette femme qui a brisé le cœur de Geoff. Son arrivée avive la crainte de Bonnie de perdre Geoff dont elle s'est entiché, malgré son dédain, son mauvais caractère et ses mauvaises habitudes (le gag récurrent des allumettes que demande Geoff à tout bout de champ).

L'autre personnage important du film est Kid (Thomas Mitchell), bon gros gars simple mais sympathique. Kid n'aime pas MacPherson, comme tous les autres, mais surtout Kid a des problèmes de vue (superbe scène où Geoff teste ses yeux). Kid a un objet fétiche, une pièce de monnaie aux faces similaires (idéal pour gagner les paris) que Geoff utilisera pour déterminer son destin, choisir entre les avions et Bonnie. Elle ne va pas quitter Barranca et ce sacré ronchon au cœur d'or qu'est Geoff.
















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