Entre
les femmes et les avions, Geoff Carter (Cary Grant) a choisi ces
derniers. Il a fondé une compagnie aérienne au beau milieu d'une
zone montagneuse dans l'Amérique du sud, Barranca Airlines. Ses
missions consistent à délivrer le courrier, secourir les blessés
isolés sur les sommets ou livrer des colis divers et variés. Sous
ses ordres, une demi-douzaine de pilotes chevronnés et célibataires,
tout comme Geoff, des durs à cuire et des dragueurs invétérés.
Un
beau jour, un navire débarque à Barranca et du bateau sort la jeune
et jolie Bonnie Lee (Jean Arthur). Dès qu'elle pose le pied sur la
terre ferme, deux pilotes Les (Allyn Joslyn) et Joe (Noah Berry Jr)
commencent à se disputer ses charmes. Elle n'en demandait pas tant.
Mais parce qu'elle a quelques heures avant le départ du navire et
que les deux gars lui ont promis un « steak américain »,
elle se laisse inviter au boui-boui tenu par Dutchy (Sig Rumman).
Le
steak devra attendre car Joe se voit confier le courrier qui doit
partir. Geoff lui en donne l'ordre quand bien même le temps est
mauvais. Du haut de son nid d'aigle, éloigné de Barranca et
assurant la liaison, Tex (Donald Barry) confirme l'orage qui gronde.
Ce personnage isolé apportera quelques agréables moments de comédie
notamment lorsque son âne prénommé Napoléon lui tient compagnie
dans sa cabane et qu'il lui aura mangé sa ceinture. Mais pour
l'instant, c'est l'heure pour Joe de piloter.
Les
40 premières minutes de Seuls les anges ont des ailes (soit
les deux premières bobines) sont filmées par Howard Hawks presque
en temps réel et permettent au cinéaste d'appuyer son récit de
touches quasi documentaires sur la vie des pilotes. Il alterne les
scènes de suspense (Joe va-t-il s'en sortir malgré le mauvais
temps) avec des pauses comiques (Bonnie se met au piano, 15 personnes
autour d'elle pour entonner et jouer une chanson joyeuse « Peanut
vendor », Geoff assis au milieu crie « Peanut »
comme le loup de Tex Avery).
Le
caractère du chef de la Barranca Airlines est complexe. Il dédaigne
largement Bonnie Lee en qui il ne voit qu'une aventurière prête à
séduire ses deux pilotes. Elle décèle immédiatement que le cœur
de Geoff a été brisé par une femme. A la mort de Joe dans un
crash, Geoff continue de vivre comme si de rien n'était, attitude
que ne comprend pas Bonnie. Cary Grant joue le bourru, une
composition inhabituelle, avant de s'adoucir au contact de Bonnie Lee
qui décide de ne pas reprendre son navire.
A
la mort de Joe, un nouveau pilote est engagé, MacPherson (Richard
Barthelmess), une vieille connaissance, détesté de tous pour avoir
abandonner son mécanicien dans un avion en flammes. Geoff lui confie
les vols les plus ingrats, rapatrier un malade, transporter de la
nitro. Chaque vol est l'occasion pour Howard Hawks de créer du
suspense et de la tension. Lui-même pilote, le cinéaste cherchait à
mettre en scène avec le plus grand réalisme possible les vols.
MacPherson
n'est pas arrivé seul à Barranca. Il est venu avec son épouse Judy
(Rita Hayworth) qui ignore tout du passé de son mari (le film joue
sur les deux noms de MacPherson, il a pris un pseudonyme). Or Judy a
été cette femme qui a brisé le cœur de Geoff. Son arrivée avive
la crainte de Bonnie de perdre Geoff dont elle s'est entiché, malgré
son dédain, son mauvais caractère et ses mauvaises habitudes (le
gag récurrent des allumettes que demande Geoff à tout bout de
champ).
L'autre
personnage important du film est Kid (Thomas Mitchell), bon gros gars
simple mais sympathique. Kid n'aime pas MacPherson, comme tous les
autres, mais surtout Kid a des problèmes de vue (superbe scène où
Geoff teste ses yeux). Kid a un objet fétiche, une pièce de monnaie
aux faces similaires (idéal pour gagner les paris) que Geoff
utilisera pour déterminer son destin, choisir entre les avions et
Bonnie. Elle ne va pas quitter Barranca et ce sacré ronchon au cœur
d'or qu'est Geoff.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire