Les
papas portaient des moustaches fournies, ils avaient du poil en
abondance à l'abdomen et ils partaient en vacances à Saint-Tropez
en Peugeot 504 rouge sans leurs femmes mais avec leurs filles.
Martine (Christine Dejoux) est la fille de Pierre (Jean-Pierre
Marielle) et Françoise (Agnès Sorel) est celle de Jacques (Victor
Lanoux). Le voyage est joyeux, des papouilles aux papas devant, il y
a quelques encombrements dans les derniers kilomètres, mais voilà
la maison des vacances, à quelques encablures de la plage.
Claude
Berri présente rapidement la situation maritale des deux mâles avec
dès le matin des coups de téléphone. Ça sonne dans la maison.
Pierre se lève, il se dispute avec la mère de Martine tout en
tentant de garder son calme. Ils sont divorcé, voilà qui explique
son absence. Puis c'est au tour de Jacques, sa femme est restée chez
elle dans l'attente d'un boulot, ça sera au Club Med à Agadir. Ils
s'engueulent franchement, c'est qu'il a un peu le sang chaud ce
Jacques, puis il passe le combiné à Françoise qui parle à sa mère
avec une petite voix espiègle.
Dans
ces quelques minutes matinales, deux gestes ont pu être distingués
que Claude Berri filme sans appuyer. Martine et Françoise partagent
la même chambre, les deux adolescentes dorment chacun dans un lit.
Quand Pierre vient réveiller sa fille, sa main frôlera ensuite la
peau de Françoise. Cette dernière, également réveillée par le
coup de téléphone et l'irruption du pote de son père, sort de son
lit et va tendrement se glisser dans le lit de son père qui l'enlace
tendrement. Elle est une ado innocente, la preuve, elle suce encore
son pouce la nuit.
Mais
c'est une jeune fille moderne, bien plus que Martine. Françoise se
baigne topless. Elle est plus avenante, un peu plus espiègle que sa
copine qui va progressivement disparaître du champ, elle ne sera
qu'un personnage lointain mais qui surveille pourtant son père,
jetant un œil sur cette aventure estivale envisagée entre lui et
Françoise au détour d'un bain de minuit lors d'un mariage gitan au
bord de la plage, après avoir dansé et picolé.
Pourtant
Pierre restait éloigné des filles. Il dragouillait les dames avec
Jacques le soir à la fête foraine, après un tour de tape-cul, ils
leur offraient de la barbe-à-papa. Les femmes étaient prises. Alors
ils continuent leur chemin, écoute du jazz New Orleans (les Flagada
Stompers, un groupe dont le clarinettiste est le voisin de mes
parents à la campagne drômoise, je dis pour me la jouer). Ils
rentrent bredouilles et quand les gamines arrivent très tard, elles
se font engueuler.
De
cette nuit découlent deux tensions successives et complémentaires.
La tension sexuelle entre Françoise et Pierre. La première étreinte
est filmée sobrement. Dans une ambiance nocturne, dans la mer. Sans
musique, histoire de ne pas appuyer sur le scabreux. Mais c'est le
jeu de Jean-Pierre Marielle qui détonne, il joue en sourdine dès
que cet acte a lieu, ce qui se voit encore plus avec le jeu explosif
de Victor Lanoux.
Le
personnage de Victor Lanoux est sujet à des accès de colère
notamment à cause de son épouse qu'il accuse de le faire cocu quand
lui-même la trompe avec une femme qui fume le cigare. Mais Pierre
craint cette colère de Jacques. Là se crée la deuxième tension.
Françoise veut tout révéler à son père. Elle provoque Pierre
lors d'une sortie à la plage. Derrière une dune, elle veut qu'il
l'embrasse, parce qu'il refuse, elle va tout dire.
C'est
un peu étrange de voir le film aujourd'hui. J'ai complètement
oublié le remake de 2015 produit par Thomas Langman, mais cette
version d'Un moment d'égarement cherche à rester neutre le plus
possible, pour ne pas dire clinique (La Mâle du siècle versait dans
le grotesque, ce qu'évite de justesse Claude Berri ici), avec une
fin ouverte, trop ouverte pour certains critiques de l'époque. C'est
peut-être grâce à ce ton que le film se regarde encore un peu.
1 commentaire:
Revu il y a un an ou deux et plutôt
agréablement surpris. Le film sait
se tenir, il ne verse jamais dans
une trop grande facilité.
Je crois que le dernier film de
Stanley Donen était un remake; cela
s'appelait "C'est la faute à Rio",
avec Michael Caine.
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