Pour
faire un spectacle qui plaise aux gens, il faut une immense
attraction, c'est qu'a pu penser en substance le cinéaste Carl
Denham (Robert Armstrong). Mais pour mettre en valeur son attraction,
il lui faut d'abord une jolie starlette. Il cherche dans les centres
pour miséreux, aucune ne convient. Il part se promener dans les rues
et là, une jeune femme affamée vole une pomme. L'épicier veut
appeler la police, mais notre cinéaste arrange l'affaire.
Là
voilà sa future vedette. Petit brin de femme, Ann Darrow (Fay Wray)
embarque dans la nuit dans le cargo affrétée par la production. Et
vogue le navire vers l'océan indien et cette île mystérieuse qui
ne figure sur aucune carte. Comme d'habitude, je confonds toujours le
trajet avec celui de Tarzan. J'arrive pas à me faire à
l'idée que King Kong ne se passe pas au milieu de l'Afrique.
Je pense aussi toujours que les porteurs tombent d'une falaise, ce
qui n'est jamais le cas.
Non,
tout l'équipage est sur un rafiot et ils admirent Ann quand elle
fait des essais devant la caméra. Driscoll (John Cabot), le
capitaine du bateau n'est pas très heureux d'avoir une femme à
bord. Il est persuadé qu'elle va gêner l'équipage. Les rapports
sont conflictuels, ils s'envoient quelques piques. Il faut dire que
Driscoll est un dur à cuire, on ne lui fait pas à lui. Elle se
plaint à Denham. Il a bien compris lui qu'ils sont déjà en train
de tomber amoureux.
Mais
voilà que l'île du Crâne approche. Pour augmenter le suspense sur
l’accostage sur l'île, les deux réalisateurs rendent opaque la
vision. Un épais nuage de brume rend invisible la route. Peut-être
que cet endroit n'existe pas. Cette fois c'est Driscoll et Denham qui
se chamaillent. Le premier reproche au deuxième de mettre en danger
son navire. Quand la brume s'évanouit, l'île apparaît enfin aux
yeux de tous. Ils ont atteint leur destination.
On
décèle effectivement un immense rocher en forme de crâne qui
surplombe la plage. Un signe funeste. Mais c'est la grande porte qui
coupe le village d'indigènes du reste de l'île qui annonce le
danger. Quand tout le monde arrive sur la plage, les indigènes
subtilement habillés et grimés en sauvages opèrent une cérémonie
de sacrifice avec tambours primitifs et danses du même tonneau. Au
centre, une jeune femme va devenir la fiancée de Kong.
A
ce stade du film, il faut trouver une solution pour que Ann soit dans
les bras de King Kong. On ne l'a pas encore vu mais l'arrivée des
Américains a dérangé le sacrifice. Ils vont se venger en allant
capturer la jeune actrice pour l'offrir à King Kong. Derrière
l'immense porte, elle est attachée et voici que la créature
gigantesque arrive. Vision d'horreur. Les deux visages en gros plan
se confrontent, King Kong envahit tout le cadre.
Je
ne me rappelais même plus comment était conçu King Kong. Dans le
générique, Cooper et Schoedsack inscrivent avec malice King Kong
comme interprète à part entière, il est désigné comme la
huitième merveille du monde. Ça se faisait beaucoup de provoquer un
mystère, de faire croire qu'un vrai gorille gigantesque aurait pu
être utilisé dans le film. Cela apportait un supplément de
réalisme autant que d'exotisme.
Plus
que l'exotisme, c'est de l'érotisme que permet la confrontation
entre la bête et Ann. La jeune femme manipulée par les mains
immenses de la créature voit ses vêtements petit à petit déchirés.
C'est sans soute pour cette raison que King Kong est si tendre avec
elle malgré ses cris hurlants et ses gesticulations. Qui sait si la
réciproque n'est pas vraie et que Ann n'est pas elle non plus tombée
amoureuse de la bête.
King
Kong est une animation qui tient le coup depuis 1933, certes certains
mouvements sont plus malhabiles que d'autres mais ça a encore son
charme. Mais mieux que ça, le film propose toute une galerie
d'animaux préhistoriques que Driscoll et Denham, partis sauver Ann,
vont affronter. De l'action, encore de l'action avec un même but du
jeu, tous les acteurs secondaires seront dévorés et déchiquetés
dans d'atroces souffrances.
On
ne saura pas comment s'est déroulé le trajet avec King Kong de
l'île vers New York. Bien je l'imagine. Il s'agit maintenant d'enfin
présenter à toute une salle d'endimanchés la créature. Denham en
beau costume présente fièrement King Kong enchaîné dans un effet
spécial en transparence (ils sont nombreux dans le film. La bête ne
l'entend pas ainsi. Elle se défait quand les flashes des
photographes l'aveuglent.
Ce
que veut King Kong est récupérer sa fiancée, la petit Ann qui
tente d'échapper avec Driscoll, son fiancé désormais, dans un
gratte-ciel. King Kong détruit des immeubles, un pont aérien du
métro, fait peur à des new-yorkais blottis chez eux. Avant de
grimper sur l'Empire State Building, Ann dans sa main. L'image la
plus mythique dans King Kong que tous les films de monstre
depuis 1933 reprennent avec de multiples variations.
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