Probablement
ai-je vu Les Trois mousquetaires il y a bien longtemps, probablement
doublé en français, ça devait être forcément être à la télé.
Je n'ai jamais vraiment aimé les films de cape et d'épée, les
films de pirate les swashbuckler en général, c'est comme ça. Je
crois aussi avoir bien vu quelques uns de ces films avec Jean Marais.
Et puis il y des exceptions comme le Robin des Bois d'Errol Flynn ou
le post-moderne Princess Bride.
Commençons
par le générique du premier film, un générique qui m'intrigue
parce qu'il m'évoque des choses que j'aime beaucoup : le wu xia
pian, le film d'arts martiaux de Hong Kong. A l'image tandis que
défilent les noms, Michael York torse nu s'entraîne à l'épée
avec un homme plus âgé (il s'agit de son père), dans des effets
visuels et sonores, avec des ralentis sur les geste de sabreur. Là
on est vraiment dans un générique d'un Shaw Brothers de la même
époque.
Ce
générique donne à penser que D'Artagnan, le personnage de Michael
York, est une certaine noblesse (je signale que je ne connais plus
rien de l'histoire, j'ai tout oublié) mais c'est un paysan. Gascon
certes, mais un paysan. Muni d'une lettre de recommandation et de
conseils pas finaux de son père, il enfourche son percheron et monte
à Paris. Le contraste est saisissant entre ce qu'il croit être et
ce qu'il est vraiment.
C'est
un balourd, un type maladroit (il renversera beaucoup de choses),
impulsif. Il se fait des ennemis à chaque coin de rue et d'auberge à
commencer par Rochefort (Christopher Lee) avec son bandeau sur l’œil
gauche, puis au palais des mousquetaires où il débarque comme un
éléphant dans un magasin de porcelaine, les trois mousquetaires,
respectivement Athos (Oliver Reed), Porthos (Frank Finlay) et Aramis
(Richard Chamberlain).
Bon,
il faut bien faire des combats d'épée puisque c'est tout de même
le but du jeu. Richard Lester joue constamment sur la comédie.
Chaque combat, quel que soit son enjeu, délivre une portion comique.
Certes, le premier est presque sérieux mais il est porté par des
répliques humoristiques. Ce qui est plaisant est qu'il développe
chaque combat – et ils sont nombreux – sur des registres
différents et un rythme soutenu.
Je
prends deux exemples dans chacune des deux premières parties. Le
repas à l'auberge où les mousquetaires sont sans le sou. Aramis et
Porthos partent se battre dans l'auberge, ils feignent d'être fâchés
l'un contre l'autre. D'Artagnan veut les réconcilier mais Athos
montre leur ruse, à chaque coup d'épée, un morceau de viande, un
bout de pain, est dérobé aux clients qui ne prennent pas attention
au vol. Le tout va dans la besace de Planchet (Roy Kinnear).
Toujours
autour de Planchet le laquais de D'Artagnan, constamment exploité et
mal récompensé, les mousquetaires décident de déjeuner sur un
fort de La Rochelle au beau milieu des tirs de balles entre les
Protestants et les Catholiques. Porthos veut du Champagne et c'est en
buvant son vin, sur un ton très détaché, qu'il tire sur les
ennemis tandis que ce pauvre Planchet, débordé, doit à la fois
servir le repas et ravitailler en balles les pistolets.
Planchet
ne parle pas beaucoup mais il est là constamment derrière les
mousquetaires à exécuter leurs ordres. Mais il n'en pense pas
moins, il représente le spectateur qui observe ces quatre
escogriffes faire les quatre cents coups. Bon gros, Planchet est
embauché dès le premier jour par D'Artagnan. Et c'est ce même
premier jour que le jeune Gascon rencontre dans l'auberge où il loge
Constance Bonacieux (Raquel Welch).
Il
en tombe immédiatement amoureux et Michael York joue à la
perfection le couillon amoureux. Elle est mariée pourtant à
Bonacieux (Mike Milligan), un vieillard bien conscient qu'elle va le
tromper avec ce gamin, il s'en moque, après tout elle est la
couturière de la Reine Anne (Géraldine Chaplin). Bonacieux pratique
le sarcasme « votre serviteur pourra dormir par terre et ici
vous pourrez le battre sans qu'on entende ses cris » dit-il à
D'Artagnan.
Raquel
Welch est sur un autre ton comique, le burlesque pur. Elle excelle
dans ce registre qu'on découvrait à l'époque, loin de l'image
simple de pin-up girl qu'elle véhiculait. Elle manie avec ses moues
et mimiques la candeur. Finalement, elle s'accorde parfaitement avec
le jeu de Michael York. Ils sont comme deux enfants dans une aventure
conduite par les trois adultes qui eux aussi se comportent souvent
par des gamins.
Cela
contraste avec les méchants du film, tous superbement réussis. On a
déjà eu affaire à Rochefort, brillant bretteur qui fait les basses
œuvres de Richelieu (Charlton Heston) qui manipule le roi Louis XIII
(Jean-Pierre Cassel) pour nuire à la Reine Anne. Le Cardinal est
suave mais cruel, un vrai salaud de cinéma. Le tout avec l'aide de
Milady de Winter (Faye Dunaway) qui va suggérer l'aventure des
ferrets de la reine.
Faye
Dunaway joue de ses regards langoureux pour son personnage de
manipulatrice. Elle sera plus présente dans la deuxième partie
titrée On l'appelait Milady et Bonacieux dans la première partie.
Le film nous gratifie d'un combat entre les deux femmes ennemies
intimes. Et évidemment, ce naïf de D'Artagnan va tomber dans les
griffes de Milady dans la deuxième partie, mais Athos qui la connaît
trop bien va le remettre sur les rails.
On
traîne en pleine bataille des pouvoirs. Les films n'y vont pas avec
le dos de la cuiller pour les tenants du pouvoir. Entre délire
mégalomaniaque (la partie d'échecs) – le tout filmé dans des
châteaux espagnols, merci Franco), incompétence manifeste
(Jean-Pierre Cassel est superbe en souverain abruti), prétentieux
coquets (Buckingham) et mépris affiché pour la population dans son
ensemble, ça donne un portrait politique renversant des rois de
France.
Je
vais aller plus vite sur Le Retour des mousquetaires qui
cherche vainement à réitérer la légèreté des années 1970. Il
ne s'agit pas des corps plus lourds et âgés des acteurs mais plutôt
d'une redite des mêmes meilleurs gags (en ouverture Planchet sur une
poutre employé à voler des victuailles). Les combats sont mous et
les méchants bien plus faibles : cette fois la Reine Anne
s'allie à Mazarin (Philippe Noiret), moins sinistre que Richelieu.
Ce
qui aurait pu sauver le film est la relation amoureuse entre la fille
de Milady (Kim Catrall), fille cachée d'Athos et le fils adoptif
d'Athos, le jeune savant Raoul (C. Thomas Howell), tous deux
progénitures du mousquetaire, le film renonce à développer une
vague histoire d'inceste qui n'en est pas une. Oliver Reed traîne un
air ennuyé et seul Porthos en snob absolu, nouveau riche, fait un
peu sourire, plus que Aramis en évêque libidineux.
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