samedi 6 juin 2020

Les 3 Trois Mousquetaires (Richard Lester, 1973, 1974, 1989)

Probablement ai-je vu Les Trois mousquetaires il y a bien longtemps, probablement doublé en français, ça devait être forcément être à la télé. Je n'ai jamais vraiment aimé les films de cape et d'épée, les films de pirate les swashbuckler en général, c'est comme ça. Je crois aussi avoir bien vu quelques uns de ces films avec Jean Marais. Et puis il y des exceptions comme le Robin des Bois d'Errol Flynn ou le post-moderne Princess Bride.

Commençons par le générique du premier film, un générique qui m'intrigue parce qu'il m'évoque des choses que j'aime beaucoup : le wu xia pian, le film d'arts martiaux de Hong Kong. A l'image tandis que défilent les noms, Michael York torse nu s'entraîne à l'épée avec un homme plus âgé (il s'agit de son père), dans des effets visuels et sonores, avec des ralentis sur les geste de sabreur. Là on est vraiment dans un générique d'un Shaw Brothers de la même époque.

Ce générique donne à penser que D'Artagnan, le personnage de Michael York, est une certaine noblesse (je signale que je ne connais plus rien de l'histoire, j'ai tout oublié) mais c'est un paysan. Gascon certes, mais un paysan. Muni d'une lettre de recommandation et de conseils pas finaux de son père, il enfourche son percheron et monte à Paris. Le contraste est saisissant entre ce qu'il croit être et ce qu'il est vraiment.

C'est un balourd, un type maladroit (il renversera beaucoup de choses), impulsif. Il se fait des ennemis à chaque coin de rue et d'auberge à commencer par Rochefort (Christopher Lee) avec son bandeau sur l’œil gauche, puis au palais des mousquetaires où il débarque comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, les trois mousquetaires, respectivement Athos (Oliver Reed), Porthos (Frank Finlay) et Aramis (Richard Chamberlain).

Bon, il faut bien faire des combats d'épée puisque c'est tout de même le but du jeu. Richard Lester joue constamment sur la comédie. Chaque combat, quel que soit son enjeu, délivre une portion comique. Certes, le premier est presque sérieux mais il est porté par des répliques humoristiques. Ce qui est plaisant est qu'il développe chaque combat – et ils sont nombreux – sur des registres différents et un rythme soutenu.

Je prends deux exemples dans chacune des deux premières parties. Le repas à l'auberge où les mousquetaires sont sans le sou. Aramis et Porthos partent se battre dans l'auberge, ils feignent d'être fâchés l'un contre l'autre. D'Artagnan veut les réconcilier mais Athos montre leur ruse, à chaque coup d'épée, un morceau de viande, un bout de pain, est dérobé aux clients qui ne prennent pas attention au vol. Le tout va dans la besace de Planchet (Roy Kinnear).

Toujours autour de Planchet le laquais de D'Artagnan, constamment exploité et mal récompensé, les mousquetaires décident de déjeuner sur un fort de La Rochelle au beau milieu des tirs de balles entre les Protestants et les Catholiques. Porthos veut du Champagne et c'est en buvant son vin, sur un ton très détaché, qu'il tire sur les ennemis tandis que ce pauvre Planchet, débordé, doit à la fois servir le repas et ravitailler en balles les pistolets.

Planchet ne parle pas beaucoup mais il est là constamment derrière les mousquetaires à exécuter leurs ordres. Mais il n'en pense pas moins, il représente le spectateur qui observe ces quatre escogriffes faire les quatre cents coups. Bon gros, Planchet est embauché dès le premier jour par D'Artagnan. Et c'est ce même premier jour que le jeune Gascon rencontre dans l'auberge où il loge Constance Bonacieux (Raquel Welch).

Il en tombe immédiatement amoureux et Michael York joue à la perfection le couillon amoureux. Elle est mariée pourtant à Bonacieux (Mike Milligan), un vieillard bien conscient qu'elle va le tromper avec ce gamin, il s'en moque, après tout elle est la couturière de la Reine Anne (Géraldine Chaplin). Bonacieux pratique le sarcasme « votre serviteur pourra dormir par terre et ici vous pourrez le battre sans qu'on entende ses cris » dit-il à D'Artagnan.

Raquel Welch est sur un autre ton comique, le burlesque pur. Elle excelle dans ce registre qu'on découvrait à l'époque, loin de l'image simple de pin-up girl qu'elle véhiculait. Elle manie avec ses moues et mimiques la candeur. Finalement, elle s'accorde parfaitement avec le jeu de Michael York. Ils sont comme deux enfants dans une aventure conduite par les trois adultes qui eux aussi se comportent souvent par des gamins.

Cela contraste avec les méchants du film, tous superbement réussis. On a déjà eu affaire à Rochefort, brillant bretteur qui fait les basses œuvres de Richelieu (Charlton Heston) qui manipule le roi Louis XIII (Jean-Pierre Cassel) pour nuire à la Reine Anne. Le Cardinal est suave mais cruel, un vrai salaud de cinéma. Le tout avec l'aide de Milady de Winter (Faye Dunaway) qui va suggérer l'aventure des ferrets de la reine.

Faye Dunaway joue de ses regards langoureux pour son personnage de manipulatrice. Elle sera plus présente dans la deuxième partie titrée On l'appelait Milady et Bonacieux dans la première partie. Le film nous gratifie d'un combat entre les deux femmes ennemies intimes. Et évidemment, ce naïf de D'Artagnan va tomber dans les griffes de Milady dans la deuxième partie, mais Athos qui la connaît trop bien va le remettre sur les rails.

On traîne en pleine bataille des pouvoirs. Les films n'y vont pas avec le dos de la cuiller pour les tenants du pouvoir. Entre délire mégalomaniaque (la partie d'échecs) – le tout filmé dans des châteaux espagnols, merci Franco), incompétence manifeste (Jean-Pierre Cassel est superbe en souverain abruti), prétentieux coquets (Buckingham) et mépris affiché pour la population dans son ensemble, ça donne un portrait politique renversant des rois de France.

Je vais aller plus vite sur Le Retour des mousquetaires qui cherche vainement à réitérer la légèreté des années 1970. Il ne s'agit pas des corps plus lourds et âgés des acteurs mais plutôt d'une redite des mêmes meilleurs gags (en ouverture Planchet sur une poutre employé à voler des victuailles). Les combats sont mous et les méchants bien plus faibles : cette fois la Reine Anne s'allie à Mazarin (Philippe Noiret), moins sinistre que Richelieu.


Ce qui aurait pu sauver le film est la relation amoureuse entre la fille de Milady (Kim Catrall), fille cachée d'Athos et le fils adoptif d'Athos, le jeune savant Raoul (C. Thomas Howell), tous deux progénitures du mousquetaire, le film renonce à développer une vague histoire d'inceste qui n'en est pas une. Oliver Reed traîne un air ennuyé et seul Porthos en snob absolu, nouveau riche, fait un peu sourire, plus que Aramis en évêque libidineux.









































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