Aujourd'hui
Mel Brooks a 94 ans, j'ai regardé Les Producteurs pour fêter cet
anniversaire avec lui mais sans lui, il ne jouait pas encore dans ses
films, on entend sa voix dans une seule réplique, l'une des plus
drôles et gonflées, il double l'un des chanteurs (Mel Brooks
n'aimait pas la voix de son comédien) et disait « Don't be
stupid, be a smarty. Come and join the Nazi party ». sous les
visages navrés des spectateurs qui découvrent une comédie musicale
de Broadway sur Hitler.
Il
faut attendre presque une heure du film pour voir ce que le
producteur de spectacles de Broadway Max Bialystock (Zero Mostel) et
son nouvel associé Leo Bloom (Gene Wilder), un comptable venu
consulter les finances, ont créé en quelques mois dans l'espoir de
faire un flip absolu et de recevoir des assurances une forte somme
d'argent en compensation. Bialy et Leo sont ravis, il regardent du
fond de la salle les réactions et tout le monde écarquille les yeux
devant tant de mauvais goût.
Ce
show mis en musique par Mel Brooks qui en a écrit les lyrics sur une
chorégraphie de Alan Johnson commence par une dizaine de danseurs en
costumes traditionnels allemands qui se plaignent de la défaite de
l'Allemagne nazie. Puise ce sont des soldats en uniforme nazi qui
viennent chanter en dansant comme dans un show à Busby Berkeley
« Springtime for Hitler and Germany ». Mel Brroks alterne
le plateau, les réactions ravies de Max et Leo et le public bouche
bée.
Puis
ça continue avec la descente du grand escalier des fétiches de
l'Allemagne, six femmes en collants portant des symboles sur leur
vêtements, ça va de l'aigle allemand au bretzel en passant par des
bières sur les soutien-gorge. Enfin, les danseurs soldats forment
une croix gammée filmée en plongée avant que les colonnes ne se
transforment en canons. Personne n'applaudit (sauf un spectateur qui
se fait huer) et tout le monde quitte la salle.
Mission
accomplie pensent les deux producteurs. Ils se réjouissent déjà et
filent vite dans le bar trinquer sur l'échec de la comédie musicale
donc sur leur réussite financière. Mais c'est sans compter sur le
comédien principal qui joue Hitler, Lorenzo Saint-Dubois (Dick
Shawn) dit L.S.D face à la comédienne qui incarne Eva Braun (Renée
Taylor). Avec son sur-jeu, à cause de ses gestes emphatiques, grâce
à sa voix, il déclenche l'hilarité générale.
Ils
en sont arrivés à cette réussite donc à cet échec annoncé à
cause de leur petite magouille financière. En début de film, on
découvre les petites manigances de Max Bialystock. Zero Mostel avec
ses cheveux gras, son embonpoint, sa gouaille extorque des vieilles
dames contre un « chè-chèque ». Il les drague, elles se
sentent aimées, elles filent du pognon contre un câlin. Seulement
voilà, chaque fois, il promet la moitié des recettes à chaque
mémé.
C'est
là que Leo Bloom entre en scène avec son doudou, un petit bout de
couverture bleue. L'homme est stressé, un peu hystérique, il crie
très fort dans ce long prologue qui met lentement en place la
situation du récit. Il faut ensuite trouver un script pour ce four
annoncé, ce sera ce « Springtime for Hitler » écrit par
un Allemand éleveur de pigeons à ses heures perdues (qui sont
nombreuses), Franz Liebkind (Kenneth Mars).
Il
faut le reconnaître, Les Producteurs joue surtout sur des
personnages délirants. Ce Franz est totalement dégénéré,
nostalgique de l'Allemagne nazie. On poursuit avec la secrétaire
sexy de Max, une jeune suédoise (Lee Meredith) qui danse dans les
bureaux en maillot de bain sur des chansons rapides. Max adore la
voir se déhancher. Et bien-sûr toutes ces vieilles dames indignes
qui pour un flirt et plus si affinités laissent leur argent aux
producteurs.
Les
plus flamboyants des personnages secondaires sont le metteur en scène
choisi pour ses bides successifs Roger De Bris (Christopher Hewett)
qui vit chez lui en robe de soirée et son majordome l'étrange
Carmen Ghia (Andréas Voutsinos) portant monocle et barbe pointue.
Deux homosexuels hauts en couleur. Voilà ce qu'est Les
Producteurs, un film de personnages loufoques qui pensent tout
faire bien sans savoir qu'ils se trompent toujours, la quintessence
du comique.
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