Ville
à vendre amorçait l’inexorable chute qualitative des films
de Jean-Pierre Mocky. Le film n'est ni vraiment fait ni à faire mais
les vedettes sont là, présentes et notamment dans ce défilé (« le
chard de la santé ») qui ouvre étrangement le film, certains
sur des chevaux (Richard Bohringer, Philippe Léotard, Eddy Mitchell,
Féodor Atkine, Darry Cowl, Lauren Grandt), d'autres sur une
charrette (Jacqueline Maillan, Dominique Lavanant, Valérie
Mairesse). La population de Moussin suit l'attelage en chantant, tout
le monde sourit alors que cette ville est en ruine, les usines
détruites, les maisons en vente.
Du
haut d'un pont, le maire (Michel Serrault) et un médecin d'une ville
voisine (Michel Constantin) observent l'ensemble. On apprend que la
population ne travaille mais qu'un mystérieux et anonyme mécène
donne chaque joue des allocations à tout le monde. Tout le monde en
parle mais personne ne le connaît. Ce n'est qu'en fin de film que
son identité est donnée. Jean-Pierre Mocky incarne ce généreux
donateur, rouge à lèvres et accent allemand à couper au couteau
dans une caricature qui devait l'amuser mais qui métaphoriquement
explique, non sans lourdeur, que seul lui peut sauver le cinéma
social en ruine. Voilà le message profond du film.
Consciemment
ou non, Jean-Pierre Mocky cherche à refaire La Cité de l'indicible peur, soit une ville en proie à l'angoisse au fur et
à mesure que ses édiles meurent (d'abord Maillan, puis Atkine, puis
Léotard). En 1964, c'était Bourvil qui enquêtait, en 1992 c'est
Tom Novembre qui se voit attribué le prénom d'Orphée. Autant dire
qu'on perd au change, Tom Novembre n'était pas très doué pour le
cinéma. Face aux cabots qui l'entourent, il a du mal à donner la
réplique, surtout avec Darry Cowl parfait en chien de garde qui
surveille et suspecte tout le monde. Régulièrement, l'impression
que personne ne comprend quoi que ce soit au scénario se fait plus
vraie, ça avance un peu à vue.
Ce
qui amuse ce sont les coupes de cheveux des actrices. Le coiffeur du
film s'en est donné à cœur joie. Pour Jacqueline Maillan, c'est
une pièce montée qui évoque la fiancée de Frankenstein, ça
augmente sa taille d'un moins 20 centimètres. Bernadette Lafont, qui
n'arrive qu'en fin de film, elle joue une inspectrice de police,
c'est une frange énorme et un bonnet. Dominique Lavanant a des
cheveux très longs et un large bandeau qui les enserre. Valérie
Mairesse a un gentil chignon et Lauren Grandt est blonde platine.
Sans doute ne faut-il pas chercher dans ces fioritures inhabituelles
dans les films de Mocky autre chose qu'une extravagance forcenée
pour palier la noirceur du film.
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