Hors
normes (Eric Tolédano & Olivier Nakache, 2019)
La
douceur et la violence, c'est la marque de fabrique du duo de
cinéastes. Douceur du ton (un comédie réussie, c'est devenue
tellement rare), violence du sujet (les autistes considérés comme
des plaies de la société). Deux autistes sont mis en avant, un
Joseph trop gentil et un Valentin trop violent, deux pôles opposés
que les deux héros (Vincent Cassel en juif orthodoxe et Reda Kateb
en musulman) vont aider avec leur jeunes recrues venues de banlieue.
L'énergie de toute la troupe fait le film, ça court dans tous les
sens. C'est très bien.
L'Angle
mort (Patrick Mario Bernard & Pierre Trividic, 2019)
C'est
très bien que le fantastique cherche sa place dans le cinéma
français, mais comme chaque fois (Entre le ciel et la terre,
Grave) l'ancrage profond dans la réalisme bouffe tout le
reste. Chaque fois, le parti pris cérébral l'emporte sur le
physique et pourtant il y a de quoi faire avec une histoire d'homme
invisible. Ici, tout passe par des dialogues à la fois très
explicatif et totalement en forme d'allusions. A ce jeu peu amusant
et souvent démonstratif, Jean-Christophe Folly s'en sort bien mieux
qu'Isabelle Carré qui semble, encore une fois, se croire sur la
grande scène de la Comédie Française.
Debout
sur la montagne (Sébastien Betdeber, 2019)
J'ai
mis du temps à regarder un film de Sébastien Betbeder. Rien ne m'y
attirais jusque là, ni les titres ni les acteurs. Mais j'aime bien
William Lebghil alors j'y vais. C'est plutôt mignon, frais (c'est
tourné dans l'Oisans, dans un chouette village entouré de
montagnes). Ça neige, on se dispute un peu, on se cause. Trois amis
se retrouvent après des années et cherchent à comprendre l'origine
de leur vie ratée (le sexe bien entendu). Trois animaux sauvages
(zèbre, lama, lémurien) circulent en ville. L'ancien maire perd la
mémoire, l'un des trois amis a des visions étranges. Je ne sais pas
encore sir je regarderai ses anciens films ni ses prochains.
Doctor
Sleep (Mike Flanagan, 2019)
Sorry
we missed you (Ken Loach, 2019)
A
priori rien ne rapproche le dernier drame social du cinéaste
britannique avec cette suite 40 ans après Shining d'un roman
de Stephen King par un jeune réalisateur né à Salem. Rien.
Seulement voilà, Ken Loach s'échine, comme dans Moi Daniel Blake, à faire de la vie de ses personnages des films d'horreur.
Parce qu'on commence à bien comprendre son système, on sait qu'il
va arriver merde sur merde à ce père de famille de Manchester et
qu'il va entraîner dans sa chute sa femme, son fils (tagueur et
adepte de l'école de la rue) et sa fillette. À chaque séquence, on
frémit de ce que le scénario démiurge va faire leur subir. Voilà
où le vrai effroi cette quinzaine. Un jour il faudra bien que Ken
Loach assume qu'il fait des films d'horreur et que la critique cesse
de dire qu'il fait des films sociaux.
Quant
à Doctor Sleep, il s'engage dès les premières notes de
musique et le prologue à réécrire l’œuvre de Stanley Kubrick
que Stephen King a toujours détestée. Le titre du film est
d'ailleurs « Stephen King's Doctor Sleep », autant dire
que le réalisateur n'existe pas. Le film sans rythme sans point de
vue sème le spectateur dans divers endroits comme les Torrance se
perdaient dans le labyrinthe de l'hôtel Overlook. Parfois on est
plus proche d'Underworld que de Shining pourtant peu
avare d'effets tonitruants au moins dans sa version américaine
sortie en France l'été 2013. Comme à les concours de sosies
d'Elvis et de Marilyn à Las Vegas, Doctor Sleep s'amuse à
faire un concours de sosies de Shining, à la fois dans les
scènes, les lieux et les personnages. L'horreur ici n'est pas sur
l'écran, car rien n'effraie, on ne sursaute même pas, mais dans la
conception de ce film interminable. Pauvre Stephen King qui croit
faire oublier Kubrick. J'aurais mieux fait d'acheter le livre
« D'après Stephen King » écrit par mon camarade
François Cau et Mathieu Rostac.
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