dimanche 6 octobre 2019

The Unbelievable truth + Trust me (Hal Hartley, 1990 & 1991)


Au nombre des cinéastes adulés à leurs débuts et largement oubliés aujourd'hui, Hal Hartley refait un retour à la case départ, Les Films du Camélia ressortent ses trois premiers films. Ça remonte au tout début des années 1990, à la découverte d'une cinéma indépendant dont il sera le fer de lance, je dirais même qu'il a d'une certaine manière contribué au mouvement mumblemore que je n'aime absolument pas. La preuve de sa place alors, Isabelle Huppert lui a demandé d'écrire un rôle pour elle, Amateur annonçait dès 1994 le début de la fin.




















Le personnage type de ces trois premiers films de Hal Hartley est un grand type taiseux, peu souriant, à la vie compliquée, Robert Burke dans The Unbelievable truth, Martin Donovan dans Trust me. Il est l'anti-héros par excellence reconnaissable à son costume noir sans âge, si ce n'est celui du film noir, un type qui passe son temps à fumer des cigarettes (« je ne conduis pas, je ne bois pas » dit Robert Burke dans The Unbelievable truth), à cette époque les cinéastes pouvaient encore faire fumer leur personnage.

Un même lieu pour les trois films, Long Island l'île au sud de l'état de New York, une banlieue un peu banale aux maisons similaires. Dans The Unbelievable truth, Josh Hutton (Robert Burke) sort de prison et se rend en stop dans la maison de son père, désormais abandonnée, pour reprendre sa vie. Cette incroyable vérité qui tourne autour de lui n'est pas vraiment le cœur du film, Hal Hartley s'amuse même avec ce qui est arrivé à Josh, la raison pour laquelle il a été en prison. Il a tué sa petite amie et ensuite le père de sa petite amie.

Dans Trust me, Matthew (Martin Donovan) n'est pas non plus avare de clarté. Il vit chez son père et déclare à qui veut l'entendre qu'il n'a pas d'amis, qu'il n'aime personne. Mais les deux personnages ont un point commun, il répare les objets, Josh est mécanicien répare les voitures, Matthew est informaticien et répare les appareils électroniques, radio, ménager, sauf les télévisions. On voit combien les deux hommes quand ils revêtent leur uniforme (salopette de mécano, blouse blanche) aident leurs prochains.

Mais ce sont les hommes qui auraient besoin d'être réparés. Le patron de Josh, le garagiste Vic Hugo (Christopher Cooke) a quelques soucis avec sa famille et il a peur qu'un ancien prisonnier nde drague sa jeune fille Audray (Adrienne Shelly), le père de Matthew (John McKay) est un tyran domestique, il oblige son fils à nettoyer la salle de bains avant de lui foutre des coups de poing au visage. Il va fuir, non sans démissionner, et aller habiter chez une jeune femme qu'il connaît pourtant à peine, toujours Adrienne Shelly, cette fois elle s'appelle Maria.



















Les deux familles de The Unbelievable truth puis de Trust me ne sont pas les plus simples et les apaisées. Hal Hartley prend le risque de créer des drames plus grands que nature (le père de Maria meurt après avoir reçu une claque de sa fille dès le générique de Trust me), tout est improbable mais tout est amené sur un ton blanc, détaché qui fait tout le style du cinéaste. Il tente du vaudeville à base de quiproquos, vainement, c'est très raté, un peu de comique à la fin de The Unbelievable truth (les portes qui claquent de le maison de Josh).

Le nombre de personnages est très important, il faut suivre d'autant plus qu'aujourd'hui aucun de ces interprètes n'ont duré et qu'ils se ressemblent tous. Ainsi Pearl (Julia McNeal) et Audry se ressemble beaucoup dans The Unbelievable truth, tous comme les jeunes acteurs. J'avoue avoir eu un peu du mal. Parfois certains personnages sont clairement dans une partition comique où leur lâcheté fait office de gags récurrents c'est Gary Sauer, le petit ami colérique et conformiste des personnages d'Adrienne Shelly qui divertit.

Les livres abondent dans les deux films, les deux personnages joués par Adrienne Shelly ne jurent que par ce qu'elles ont appris dans les livres. Mais paradoxalement, tout dans la réalité de leur vie est déréglé. Aucun comportement n'est normal, personne n'est raisonnable. Hal Hartley joue en permanence sur les dysfonctionnement avec comme idée que les deux films soient en miroir, qu'ils se complètent et se répondent avec comme point d'orgue les deux fins, l'un en happy end, l'autre en tragédie complète. Deux films jumeaux qui ne se ressemblent pas.

Aucun commentaire: