Au
nombre des cinéastes adulés à leurs débuts et largement oubliés
aujourd'hui, Hal Hartley refait un retour à la case départ, Les
Films du Camélia ressortent ses trois premiers films. Ça remonte au
tout début des années 1990, à la découverte d'une cinéma
indépendant dont il sera le fer de lance, je dirais même qu'il a
d'une certaine manière contribué au mouvement mumblemore que je
n'aime absolument pas. La preuve de sa place alors, Isabelle Huppert
lui a demandé d'écrire un rôle pour elle, Amateur annonçait
dès 1994 le début de la fin.
Le
personnage type de ces trois premiers films de Hal Hartley est un
grand type taiseux, peu souriant, à la vie compliquée, Robert Burke
dans The Unbelievable truth, Martin Donovan dans Trust me.
Il est l'anti-héros par excellence reconnaissable à son costume
noir sans âge, si ce n'est celui du film noir, un type qui passe son
temps à fumer des cigarettes (« je ne conduis pas, je ne bois
pas » dit Robert Burke dans The Unbelievable truth), à
cette époque les cinéastes pouvaient encore faire fumer leur
personnage.
Un
même lieu pour les trois films, Long Island l'île au sud de l'état
de New York, une banlieue un peu banale aux maisons similaires. Dans
The Unbelievable truth, Josh Hutton (Robert Burke) sort de
prison et se rend en stop dans la maison de son père, désormais
abandonnée, pour reprendre sa vie. Cette incroyable vérité qui
tourne autour de lui n'est pas vraiment le cœur du film, Hal Hartley
s'amuse même avec ce qui est arrivé à Josh, la raison pour
laquelle il a été en prison. Il a tué sa petite amie et ensuite le
père de sa petite amie.
Dans
Trust me, Matthew (Martin Donovan) n'est pas non plus avare de
clarté. Il vit chez son père et déclare à qui veut l'entendre
qu'il n'a pas d'amis, qu'il n'aime personne. Mais les deux
personnages ont un point commun, il répare les objets, Josh est
mécanicien répare les voitures, Matthew est informaticien et répare
les appareils électroniques, radio, ménager, sauf les télévisions.
On voit combien les deux hommes quand ils revêtent leur uniforme
(salopette de mécano, blouse blanche) aident leurs prochains.
Mais
ce sont les hommes qui auraient besoin d'être réparés. Le patron
de Josh, le garagiste Vic Hugo (Christopher Cooke) a quelques soucis
avec sa famille et il a peur qu'un ancien prisonnier nde drague sa
jeune fille Audray (Adrienne Shelly), le père de Matthew (John
McKay) est un tyran domestique, il oblige son fils à nettoyer la
salle de bains avant de lui foutre des coups de poing au visage. Il
va fuir, non sans démissionner, et aller habiter chez une jeune
femme qu'il connaît pourtant à peine, toujours Adrienne Shelly,
cette fois elle s'appelle Maria.
Les
deux familles de The Unbelievable truth puis de Trust me
ne sont pas les plus simples et les apaisées. Hal Hartley prend le
risque de créer des drames plus grands que nature (le père de Maria
meurt après avoir reçu une claque de sa fille dès le générique
de Trust me), tout est improbable mais tout est amené sur un ton
blanc, détaché qui fait tout le style du cinéaste. Il tente du
vaudeville à base de quiproquos, vainement, c'est très raté, un
peu de comique à la fin de The Unbelievable truth (les portes
qui claquent de le maison de Josh).
Le
nombre de personnages est très important, il faut suivre d'autant
plus qu'aujourd'hui aucun de ces interprètes n'ont duré et qu'ils
se ressemblent tous. Ainsi Pearl (Julia McNeal) et Audry se ressemble
beaucoup dans The Unbelievable truth, tous comme les jeunes
acteurs. J'avoue avoir eu un peu du mal. Parfois certains personnages
sont clairement dans une partition comique où leur lâcheté fait
office de gags récurrents c'est Gary Sauer, le petit ami colérique
et conformiste des personnages d'Adrienne Shelly qui divertit.
Les
livres abondent dans les deux films, les deux personnages joués par
Adrienne Shelly ne jurent que par ce qu'elles ont appris dans les
livres. Mais paradoxalement, tout dans la réalité de leur vie est
déréglé. Aucun comportement n'est normal, personne n'est
raisonnable. Hal Hartley joue en permanence sur les dysfonctionnement
avec comme idée que les deux films soient en miroir, qu'ils se
complètent et se répondent avec comme point d'orgue les deux fins,
l'un en happy end, l'autre en tragédie complète. Deux films jumeaux
qui ne se ressemblent pas.
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