Les
films produits par Blumhouse se suivent et ne se ressemblent pas,
entre les très bons films (Get out, Blackkklansman) et les
gros ratages (Action ou vérité, Ma), on trouve de tout dans
la maison de Jason Blum. Le producteur n'arrête pas, forcément on
passe à côté de films. Ce Upgrade vient d'Australie, il est
sorti en octobre 2018, je n'en avais jamais entendu parler. C'est
réalisé par Leigh Whannell que les habitués de Blumhouse
connaissent bien, dans les malicieux Insidious (pour les
amateurs de films où on sursautent), il est l'un des deux experts du
surnaturel qui débarquent en costume. Voilà pour les présentations.
Les
premières séquences de Upgrade ne sont pas vraiment
engageantes, il faut bien le dire. À part ce générique parlé (ce
qui n'est pas commun) avec une voix électronique qui cependant donne
le ton, l'ouverture est banale. Un gars, un peu macho, brut de
décoffrage, Grey Trace (Logan Marshall-Green, que certains appellent
le sous Tom Hardy) répare une vieille voiture dans son garage. On
est dans n'importe quel film mais tout est troublé quand la petite
amie du monsieur arrive (Melanie Vallejo), elle débarque en véhicule
futuriste. Ça contraste avec cette voiture tout ce qu'il y a de plus
classique.
Premières
scènes banales donc mais vite balayées par cet environnement de
technologie avancée. Grey doit justement livrer l'auto à un petit
génie de l'informatique qui habite, isolé au bord de l'océan, dans
un demeure à la fois ancestrale (on y pénètre par un escalier
situé sous un dôme formé de menhirs gigantesques) et ultra moderne
(tout est connecté). Le geek Eron Keen (Harrison Gilbertson),
réplique fictive d'Elon Musk, sorte de robot vivant commence à lui
parler d'un cerveau intelligent qu'il vient de créer. Il lui montre
un processeur de la taille d'un pouce qui serait la forme la plus
aboutie d'intelligence artificielle.
L'intelligence
de Grey Trace n'est pas son point fort mais c'est dans son corps que
va être implanté ce petit bout de logiciel. Les circonstances de
cette greffe de la technologie sur un corps de héros des années
1980 sont l'une des meilleures idées du film. Il s'agit d'une
enquête sur un accident qui cause la mort de sa petite amie et rend
Grey handicapé. Les images sont mises en question, Grey cherche à
comprendre ce qui s'est passé, en parallèle à l'enquête de la
police menée par l'inspectrice Cortez (Betty Gabriel) à qui il ment
constamment. On parle de manipulation des images, de simulacre, on
est à la fois en plein dans notre époque et dans une tradition de
cinéma paranoïaque.
Jusque
là rien que du déjà-vu, certes Upgrade est agréable mais
le film prend une ampleur avec l'existence de ce logiciel qui prend
vie dans le corps malade de Grey. Le logiciel a un prénom Stem et
une voix intérieur (celle de Simon Maiden), une voix bien entendu
aussi proche que possible de celle de HAL dans 2001 l'odyssée de
l'espace. C'est ce duo intérieur, Grey physiquement là mais
absent pour les autres (puisqu'il est sur un fauteuil roulant) et
Stem intellectuellement là mais absent pour tous sauf Grey. Cette
matière donne des possibilités infinies au récit, celle choisies
s'axent sur deux pôles qui font de Upgrade une très agréable
surprise.
Stem
contrôle le corps et rend Grey très fort. Il devient une machine de
guerre (filmée comme dans un jeu vidéo) et dans cette enquête
qu'il mène en solitaire, il détruit tout sur son passage,
c'est-à-dire les décors comme les personnages, des hommes
« améliorés » mais aux cerveaux dégénérés. Là où
le film est plaisant c'est dans les rapports que Grey a avec cette
machine, c'est un comique facile mais efficace, souvent très drôle
où tout repose sur des répliques hilarantes et des situations de
quiproquos. Plus le film avance, plus les ressorts de science-fiction
s'estompent pour aboutir à un thriller politique. On verra ce que le
réalisateur, toujours pour Blumhouse, fera avec son Homme
invisible, prévu pour 2020.
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