mardi 29 octobre 2019

Upgrade (Leigh Whannell, 2018)

Les films produits par Blumhouse se suivent et ne se ressemblent pas, entre les très bons films (Get out, Blackkklansman) et les gros ratages (Action ou vérité, Ma), on trouve de tout dans la maison de Jason Blum. Le producteur n'arrête pas, forcément on passe à côté de films. Ce Upgrade vient d'Australie, il est sorti en octobre 2018, je n'en avais jamais entendu parler. C'est réalisé par Leigh Whannell que les habitués de Blumhouse connaissent bien, dans les malicieux Insidious (pour les amateurs de films où on sursautent), il est l'un des deux experts du surnaturel qui débarquent en costume. Voilà pour les présentations.

Les premières séquences de Upgrade ne sont pas vraiment engageantes, il faut bien le dire. À part ce générique parlé (ce qui n'est pas commun) avec une voix électronique qui cependant donne le ton, l'ouverture est banale. Un gars, un peu macho, brut de décoffrage, Grey Trace (Logan Marshall-Green, que certains appellent le sous Tom Hardy) répare une vieille voiture dans son garage. On est dans n'importe quel film mais tout est troublé quand la petite amie du monsieur arrive (Melanie Vallejo), elle débarque en véhicule futuriste. Ça contraste avec cette voiture tout ce qu'il y a de plus classique.

Premières scènes banales donc mais vite balayées par cet environnement de technologie avancée. Grey doit justement livrer l'auto à un petit génie de l'informatique qui habite, isolé au bord de l'océan, dans un demeure à la fois ancestrale (on y pénètre par un escalier situé sous un dôme formé de menhirs gigantesques) et ultra moderne (tout est connecté). Le geek Eron Keen (Harrison Gilbertson), réplique fictive d'Elon Musk, sorte de robot vivant commence à lui parler d'un cerveau intelligent qu'il vient de créer. Il lui montre un processeur de la taille d'un pouce qui serait la forme la plus aboutie d'intelligence artificielle.

L'intelligence de Grey Trace n'est pas son point fort mais c'est dans son corps que va être implanté ce petit bout de logiciel. Les circonstances de cette greffe de la technologie sur un corps de héros des années 1980 sont l'une des meilleures idées du film. Il s'agit d'une enquête sur un accident qui cause la mort de sa petite amie et rend Grey handicapé. Les images sont mises en question, Grey cherche à comprendre ce qui s'est passé, en parallèle à l'enquête de la police menée par l'inspectrice Cortez (Betty Gabriel) à qui il ment constamment. On parle de manipulation des images, de simulacre, on est à la fois en plein dans notre époque et dans une tradition de cinéma paranoïaque.

Jusque là rien que du déjà-vu, certes Upgrade est agréable mais le film prend une ampleur avec l'existence de ce logiciel qui prend vie dans le corps malade de Grey. Le logiciel a un prénom Stem et une voix intérieur (celle de Simon Maiden), une voix bien entendu aussi proche que possible de celle de HAL dans 2001 l'odyssée de l'espace. C'est ce duo intérieur, Grey physiquement là mais absent pour les autres (puisqu'il est sur un fauteuil roulant) et Stem intellectuellement là mais absent pour tous sauf Grey. Cette matière donne des possibilités infinies au récit, celle choisies s'axent sur deux pôles qui font de Upgrade une très agréable surprise.


Stem contrôle le corps et rend Grey très fort. Il devient une machine de guerre (filmée comme dans un jeu vidéo) et dans cette enquête qu'il mène en solitaire, il détruit tout sur son passage, c'est-à-dire les décors comme les personnages, des hommes « améliorés » mais aux cerveaux dégénérés. Là où le film est plaisant c'est dans les rapports que Grey a avec cette machine, c'est un comique facile mais efficace, souvent très drôle où tout repose sur des répliques hilarantes et des situations de quiproquos. Plus le film avance, plus les ressorts de science-fiction s'estompent pour aboutir à un thriller politique. On verra ce que le réalisateur, toujours pour Blumhouse, fera avec son Homme invisible, prévu pour 2020.





















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