Ivrogne
des champs et soûlard des villes. Tournés l'un à la suite en août
1914, Charlot garde malade (His new profession) et
Charlot et Fatty en bombe (The Rounders) parviennent à
se compléter et se répondre. L'alcool est au centre des films avec
un Charlie Chaplin qui boit comme un trou, autorisant les gags les
plus méchants possibles. Chacun est dans une veine Keystone, ici un
parc avec des fiancées et des policiers, là un hôtel avec des
épouses énervées.
Le
prétexte pour picoler dans Charlot garde malade est cet homme
en fauteuil roulant. Sobre, Charlot ne cesse de taper sur sa jambe
malade, de se coincer le pied sous les roues. Ivre, ce n'est guère
mieux, le burlesque est tout aussi douloureux pour le malade, mais en
plus Charlot se permet d'aller draguer toutes les jeunes femmes et de
donner des coups de pied aux policiers qu'il croise sur son chemin.
La bagarre finale comporte tous les protagonistes du film.
Fatty
Arbuckle joue dans les deux films, le patron du bar dans le premier
(simple apparition) et un ivrogne endimanché dans le deuxième.
Charlot et Fatty troquent leur guenilles pour des costumes chic et
des chapeaux claque dans Charlot et Fatty en bombe. Chaque
acteur a sa scène où il débarque dans le hall de l'hôtel en
titubant avant de monter dans leur suite respective où chacun se
fait copieusement engueuler par sa femme respective qui n'apprécient
guère leur soûlerie.
Dans
un habituel va-et-vient vaudevillesque entre les chambres, les
épouses se disputent puis s'unissent contre les maris qui ont tôt
fait de partir. Le meilleur gag du film voit Fatty et Charlot être
persuadés que le restaurant de l'hôtel est leur chambre à coucher
et commence à utiliser les tables et les nappes pour leur lit et
leur couverture. En plan séquence, les deux hommes jouent séparément
mais ensemble avec une chorégraphie d'objets qui tombent et qu'ils
ne rattrapent jamais.
Charlie
Chaplin renouvelle le gag final qui consiste, dans les films
Keystone, à ce que tout le monde finisse dans l'eau. Version presque
classique dans Charlot garde malade car c'est dans l'océan
que finit le flic qui plonge d'une digue. Dans Charlot et Fatty en
bombe, l'arrivée dans l'eau est plus poétique. Les deux hommes,
complètement soûls, sont allongés dans une barque et coulent petit
à petit jusqu'à ce que l'eau les ensevelisse. Les deux hommes
finissent ensemble loin des gronderies de leurs femmes.
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