lundi 21 octobre 2019

Domino, la guerre silencieuse (Brian De Palma, 2018)


C'est franchement par hasard que j'ai appris que le nouveau film de Brian De Palma était sorti. Sur les plate-formes VOD. Je ne sais pas vraiment si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Mais c'est ainsi que les films sont visibles aujourd'hui. Ceci dit, et sans avoir vu la plupart des films uniquement disponibles sur Amazon Prime ou Netflix (le prochain Scorsese, les derniers films de Soderbergh, des frères Coen, d'Alfonso Cuaron) considérés comme visuellement splendides ou très cinématographiques (ça doit bien être de la merde en home cinéma grâce à une diffusion Internet), ce qu'on constate vite avec Domino est la pauvreté de la matière.

Dans les premières scènes, il est indiqué que le film se passe dans notre futur proche, il débute le 10 juin 2020. Ça me rappelle un peu Femme fatale qui commençait quelques mois après la sortie du film. Et d'une certaine manière, les deux films sont proches puisqu'ils sont tournés en Europe. Après la France, c'est Copenhague (le film est une co-production entre plusieurs pays européens) qui est le premier lieu d'action, avant de se déplacer à Amsterdam, à Bruxelles puis à l'extrême sud de l'Espagne. Mais la langue reste l'anglais bien qu'il se passe au Danemark, c'est sans doute que Brian De Palma se place dans une lignée de films où la langue n'est pas un problème de réalisme.

Les premières minutes sont peu appétissantes. Au contraire, je me suis demandé où était le cinéaste dans ces scènes entre deux flics. Lars (Soren Malling) et Christian (Nikolaj Coster-Waldau), sont collègues, deux flics de génération différentes. Lars le plus âgé paterne son cadet et ils passent souvent du temps chez le premier. Hanne (Paprika Toft), l'épouse de Lars leur prépare des petits plats pour le soir. On discerne tout de même un peu leur personnalité dans ces scènes banales, Christian est un coureur de jupons un peu inconséquent. Evidemment, cela va avoir de l'importance car le 11 juin 2020, les deux flics doivent commencer leur service à 4 heures du matin.

Le titre a un sens, c'est l'effet domino qui lance enfin (il était temps) le récit. Christian oublie son revolver chez lui. Avec Lars, il se rende pour un conflit conjugal. Un homme, Ezra Tarzi (Eriq Ebouaney), un grand type avec une barbe bien fournie et aux yeux de sang, est menotté. Pendant que Christian va inspecter l'appartement, Lars surveille Tarzi. Mais ce dernier se défend et parce que Christian avait pris le flingue de Lars, ce dernier ne peut pas se défendre. Tout s'enclenche assez vite et l'enquête en forme de course poursuite va commencer. Christian, pour rendre justice à Lars, va partir à la rechercher de Tarzi qui s'est enfui.

On navigue dans la mouvance terroriste tendance Daech (ISIS en VO bien entendu) avec un affreux (qui cause en français) qui organise des attentats. Il laisse ses moutons se faire exploser à sa place. Le premier de ces attentats a lieu lors d'un festival de cinéma à Amsterdam. Deux idées là-dedans. La première est de revenir sur la menace de création que subit le cinéma où la censure comme l'auto-censure est dangereuse. La deuxième est de proposer un split-screen étonnant. Le point de vue de la terroriste qui filme en direct son visage et les personnes qu'elle assassine, le tout passe aussi à la télé, finalement il reprend ce qu'il disait dans Redacted.

A vrai dire, je me demandais pendant un bon moment où était Brian De Palma. Certes l'armature est un peu putassière (faire du suspense avec du terrorisme) mais petit à petit il parvient à créer une tension digne de Snake eyes. Sans être aussi puissant, c'est à ce film que Domino ressemble le plus avec l'arrivée d'Alex (Carice Van Houten), une policière impliquée dans l'enquête, celle d'un agent de la CIA (Guy Pearce) qui doivent vite faire face à de faux-semblants, de doubles jeux et de caméra sur drone. C'est un petit film de Brian De Palma, pas toujours bien confectionné sauf dans ce finale dans une arène avec un boléro composé par Pino Donaggio, comme au bon vieux temps.

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